Informatique et télécommunications
Une année très riche marquée par la mise en application progressive du concept un peu magique d'autoroutes de l'information, avec toutes ses conséquences politico-économiques, et par la généralisation de nouvelles technologies, comme le radiotéléphone ou l'ardoise électronique.
L'ardoise électronique
Micro-ordinateur sans clavier, le Newton d'Apple a fait sa véritable apparition cette année dans sa version Message Pad. Plus petit qu'une cassette vidéo et pesant 600 grammes, ce bloc-notes électronique est présenté comme un « assistant personnel ». Avec pour ambition de remplacer les accessoires qui « encombrent » le bureau du cadre : agenda, répertoire téléphonique, dossiers, dictionnaires, blocs-notes et autocollants, cahier de travail et jusqu'aux stylos... Cet ordinateur saisit et reconnaît l'écriture manuscrite cursive mot à mot, sans séparation entre les lettres. Le dictionnaire de reconnaissance mémorise 40 000 mots et des formes géométriques simples, que l'appareil aide à tracer. Il peut aussi émettre des télécopies par un modem. Newton a une mémoire de 4 méga-octets, mais la technologie est prévue pour servir d'interface universelle pour de nombreux équipements électroniques grand public, notamment pour la programmation interactive de matériels audiovisuels et de téléphonie. Ces appareils y gagneront en ergonomie et en intelligence.
Les « autoroutes de l'information »
Issues du mariage du monde de l'audiovisuel et de celui de l'informatique, elles restent le grand thème du moment. Ces réseaux numériques à haut débit achemineront de façon interactive des données multimédias : voix, texte, images fixes et animées..., ouvrant la voie à un nouveau champ de services et de savoirs. Depuis le début de la décennie, les autoroutes sont l'enjeu d'une bataille technique et économique à l'échelle planétaire, notamment aux États-Unis, avec l'imbrication et les prises de participation entre les grandes sociétés de production audiovisuelle, les studios hollywoodiens, les câblo-opérateurs et les autres spécialistes des réseaux de diffusion.
Les marchés des télécommunications s'annoncent considérables. Les instances de Bruxelles estiment à 975 milliards de francs la totalité des investissements nécessaires en Europe d'ici à la fin du siècle pour ce secteur, dont près de la moitié pour ces « autoroutes de l'information ».
Le gouvernement de M. Balladur a décidé d'en faire un axe de développement prioritaire. Avec des perspectives de croissance de 8 % par an, ces nouvelles technologies de la communication représenteront à l'horizon 2000 un marché équivalent à 10 % du produit national brut européen. Le gouvernement fonde sa stratégie sur le « rapport Théry ».
Le pari sur l'avenir du rapport Théry
Dans ce rapport très attendu et remis en octobre, l'ancien directeur général des Télécommunications, promoteur du téléphone et « père » du Minitel en France, propose les grandes orientations technologiques françaises dans ce domaine du multimédia et des « autoroutes de l'information ». Gérard Théry préconise d'ici à 2015 la couverture de tout le territoire par un réseau en fibre optique. Cette technologie n'a pratiquement pas de limitation pour le débit des transmission des données : une seule fibre achemine dans les deux sens 500 000 communications téléphoniques. Mais elle présente actuellement des inconvénients techniques pour le raccordement des abonnés, et son coût reste élevé (10 000 francs par abonné).
Dans un premier temps, 4 à 5 millions de foyers et d'entreprises seraient ainsi câblés par des réseaux optiques avec des plates-formes expérimentales à Paris et en régions pour tester les logiciels indispensables pour acheminer les données du multimédia sur le réseau. Ces travaux seraient financés par des sociétés de capital-risque intéressées, tout comme les banques, au développement de services à domicile. Cette stratégie s'inspire de celle mise en œuvre dans la Silicon Valley californienne. Le rapport Théry implique une politique d'investissements massifs pour ce grand chantier qui permettrait de créer 300 000 emplois. Le choix du « tout optique » a suscité des interrogations puisque aucun des grands réseaux existants (comme Internet qui relie 10 millions d'ordinateurs dans le monde) n'utilise cette technologie. Certains observateurs font un parallèle avec le « câble », qui stagne en France faute de programmes et... d'abonnés.