Le rapport s'appuie aussi sur la généralisation de l'ATM (Asynchronous Transfer Mode), nouvelle technique de commutation numérique mise au point par les ingénieurs du Centre national d'études des télécommunications (CNET), filiale de France Telecom. Cette technique devrait prendre le relais des actuels réseaux « à haut débit » comme Transpac : grâce à des débits beaucoup plus élevés et au mode de transmission asynchrone, n'importe quel utilisateur entrera immédiatement en relation avec n'importe quel service. L'ATM. véritable révolution technologique, gérera tous les réseaux existants, professionnels et publics.
Enfin, ce projet national des « autoroutes de l'information » s'inspire du concept démocratique du Minitel. Gérard Théry entend ainsi « promouvoir l'égalité de tous les citoyens dans l'accès à ces autoroutes. » Ce qui apparaît comme un concept « révolutionnaire » compte tenu des intérêts financiers et stratégiques mis en jeu par les promoteurs, producteurs et diffuseurs de programmes sur ces prometteuses « autoroutes ».
Le Minitel nouveau est arrivé
France Telecom propose le Minitel TVR (à vitesse rapide), qui affiche une photo en 3 secondes. Huit fois plus rapide, ce Minitel facilite le téléchargement et l'accès aux nouveaux services TVR orientés vers le multimédia et le télétravail. La trentaine des premiers services professionnels TVR sont aussi accessibles par micro-ordinateur avec un logiciel adapté. En 1995, le Minitel 4 disposera d'un lecteur de cartes à puce. Le réseau télétel propose 24 000 services à plus de 6,5 millions d'utilisateurs du Minitel, dont 4,5 millions dans les foyers et 2 millions en entreprise, auxquels il faut ajouter un demi-million d'utilisateurs de micro-ordinateurs dotés d'interfaces télématiques.
Radiotéléphone : l'année du grand bond
L'Union internationale des télécommunications note une croissance de 47 % des téléphones « mobiles » au cours de l'année dernière, contre 5 % pour les postes fixes. En 1994, l'Europe de l'Ouest comptait 11,5 millions d'abonnés au radiotéléphone (installé dans des véhicules ou portatif). La majorité d'entre eux (8,8 millions) sont des appareils analogiques, et 2,7 millions, de nouveaux systèmes numériques cellulaires fabriqués essentiellement selon la norme GSM (Global System for Mobile Communication). Les prévisions européennes portent sur 40 millions d'abonnés d'ici à l'an 2000.
Avec 810 000 personnes en possession d'un radiotéléphone, notre pays vient au cinquième rang communautaire, derrière le Royaume-Uni (2,7 millions), l'Allemagne (2,2 millions). l'Italie (1,7 million) et la Suède (un peu plus d'un million).
En analogique coexistent deux réseaux surtout utilisés dans les véhicules : le Radiocom 2000, radiotéléphone français ouvert en 1986 par France Telecom avec 340 000 abonnés, et Ligne-SFR, analogique de la Société française du radiotéléphone, filiale de la Générale des eaux, qui compte 140 000 abonnés.
La situation évolue en faveur du numérique puisque les réseaux analogiques sont saturés et permettent difficilement la miniaturisation des appareils. La véritable explosion des téléphones numériques « de poche » s'explique par la norme paneuropéenne GSM, devenue effective en 1992 et que 18 pays européens ont adoptée. Ainsi, deux ans plus tard, la France est-elle déjà au second rang européen en radiotéléphone numérique avec plus d'un demi-million d'abonnés à la fin de l'année 1994, l'Allemagne en comptant aussi plus d'un million. Le système GSM est exploité par France Telecom Mobiles avec son réseau Itineris de 270 000 abonnés et un millier d'émetteurs qui couvrent 90 % du territoire, et par la SFR avec un réseau géographiquement plus restreint qui compte 60 000 abonnés.
Un troisième opérateur, Bouygues Telecom, a été retenu en octobre pour exploiter dès la fin de l'année 1995 en région parisienne une nouvelle norme DCS 1800 (Digital Cellular System). C'est la transposition de GSM dans une bande de fréquence deux fois plus élevée : les terminaux, plus petits, pèsent moins de 200 grammes, et on peut implanter des réseaux microcellulaires plus serrés, mieux adaptés à l'usage en milieu urbain pour éviter les micro-coupures. Le DCS a déjà été mis en service à Londres fin 1993 par l'opérateur Cable Wireless et démarre en Allemagne à l'initiative de Veba.