L'avenir des pays du tiers-monde reste également très préoccupant. Le défi du développement repose plus que jamais sur les nouveaux capitaux que l'intégration de ces économies au marché mondial leur apporterait. C'est pourquoi il est urgent de conclure les négociations commerciales multilatérales dans le cadre du GATT pour libéraliser les échanges. Or, l'issue de l'Uruguay Round, prévue pour la fin de l'année, reste incertaine à cause de la difficulté qu'ont les États-Unis et la CEE à trouver un compromis sur la question agricole. Un échec serait d'autant plus grave que la tendance actuelle est au développement du régionalisme et qu'est ravivé le contentieux économique entre les nations occidentales et le Japon, qui voit à nouveau croître ses excédents commerciaux.

Une crise de liquidités

Les problèmes financiers entravent la croissance. Dans tous les pays, mais à des degrés divers, le poids de la dette, tant publique que privée, le déséquilibre des balances courantes, les déficits des finances publiques, la fragilité du système bancaire ou la crise immobilière reflètent une pénurie d'épargne dans le monde qui, pour les experts, devient d'autant plus préoccupante que l'Allemagne et le Japon, traditionnels bailleurs de fonds, ne sont plus à même de remplir ce rôle efficacement étant donné que la première est accaparée par sa réunification, et voit donc ses excédents commerciaux diminuer, et que le second a tendance à se replier sur son marché national.

La situation est d'autant plus problématique que les besoins en financement sont considérables. Aux besoins traditionnels de l'Ouest – notamment des États-Unis avec leur déficit budgétaire et celui de leur balance extérieure – et du Sud, se sont ajoutées des exigences nouvelles dues au financement de l'unification allemande, aux réformes dans les pays de l'Est et à la reconstruction des États du Moyen-Orient touchés par la guerre du Golfe. Le FMI estime la demande supplémentaire en capitaux à 100 milliards de dollars par an. L'épargne mondiale ne paraît pas suffisante pour satisfaire les investissements que réclame l'accélération de la croissance, et la concurrence, qui s'exerce sur le marché des capitaux, tire les taux d'intérêt vers le haut. La menace d'une crise financière est aujourd'hui bien réelle et avec elle apparaît le spectre d'une crise des liquidités.

Dans ce contexte de dégradation de la conjoncture (absence de reprise et fragilité du système financier), le malaise devient croissant sur les marchés financiers et contraste avec l'euphorie des années 80. Les anticipations – qui jouent un rôle aujourd'hui primordial alors que l'incertitude prédomine – expliquent les mouvements de yo-yo que l'on constate sur les marchés boursiers et les marchés des changes. Les places financières connaissent des hauts et des bas, et même un nouveau minikrach le 15 novembre, dû notamment à l'inquiétude que suscite l'absence de reprise aux États-Unis. Elles ont surtout pâti de la faiblesse du volume des transactions et de la désaffection des investisseurs.

La croissance espérée

La profession boursière est donc morose. Elle est confrontée aux dégraissages et aux défaillances de certaines sociétés de Bourse. De plus, les scandales à répétition contribuent à la perte de confiance et accentuent la fragilité du monde financier, même si certaines sanctions sont prises et si l'on assiste à un retour à la réglementation. Dans ce contexte, les maisons de titres japonaises (Nomura, Nikko, Daiwa et Yamaichi) sont accusées de manipuler les cours et de pratiquer le dédommagement pour pertes de leurs plus gros clients. De même, Salomon Brothers et d'autres firmes de courtage new-yorkaises sont-elles poursuivies pour fraudes et manipulations lors d'adjudications de bons du Trésor américains. Enfin, on se souviendra de la BCCI (Banque de Crédit et de Commerce International), impliquée dans des affaires de drogue, de terrorisme et d'espionnage, et qui voit ses activités suspendues en juillet grâce à une action internationale concertée et coordonnée par la Banque d'Angleterre.