C'est dans le domaine de la cancérologie que le rôle des facteurs de croissance semble être le plus prometteur. L'EGF pourrait être impliqué dans le développement des tumeurs cancéreuses. On a constaté que chez des souris de laboratoire atteintes de cancers mammaires, le nombre des cancers augmente si l'on ajoute de l'EGF. Il diminue lorsqu'on réduit la production d'EGF.
Les facteurs de croissance ouvrent ainsi une nouvelle voie de la biologie moléculaire pour le traitement des cancers. L'EGF étant indispensable pour la prolifération des cellules cancéreuses, il s'agit de lui substituer une protéine semblable qui se fixerait sur le récepteur EGF de la membrane de la cellule maligne. On empêcherait ainsi le facteur de croissance de s'exprimer et on inhiberait le processus de la division et de la prolifération anarchiques cellulaires.
Mort subite du nourrisson
La mort subite du nourrisson est un des problèmes les plus dramatiques et les plus mystérieux de la médecine. Il n'est pas exceptionnel qu'un nourrisson en parfaite santé soit retrouvé mort le lendemain matin dans son berceau, la mort l'ayant frappé pendant son sommeil.
Les causes de ces décès sont obscures. On a incriminé l'asphyxie due à une obstruction des voies respiratoires à la suite d'une régurgitation massive de lait ou d'un œdème du larynx ou de la trachée, une pneumopathie suraiguë foudroyante, des troubles immunologiques, etc.
Des chercheurs britanniques affirment avoir trouvé pour la première fois une cause précise de cette « mort au berceau » (cot death en anglais). Les docteurs Alec Howat et Michael Bennet ont effectué des analyses de foies de 200 nourrissons décédés de mort subite et inexpliquée. Dans 7,5 p. 100 des cas, ils ont trouvé une même anomalie concernant les glucides. Selon ces chercheurs, les bébés décédés présenteraient une anomalie génétique héréditaire caractérisée par le défaut de synthèse d'une enzyme, la MCAD (Medium Chain Acyl-Coenzyme A Dehydrogenase). Cette enzyme est indispensable pour dissoudre et assimiler normalement les lipides. Son absence oblige le nourrisson à faire une très large utilisation de son glucose, ce qui provoque une forte baisse du sucre dans le sang, puis un coma hypoglycémique mortel.
Cette anomalie génétique toucherait 5 à 8 p. 100 des nourrissons décédés dans ces conditions. Elle pourrait être détectée, et des mesures préventives pourraient être prises pour sauver les nouveau-nés à risque.
Maladies sexuellement transmissibles et cancers génitaux
Le 2e congrès mondial sur les maladies sexuellement transmissibles, qui s'est tenu à Paris en juin 1986, a mis en évidence le nombre croissant d'infections génitales dues aux papillomavirus. Les papillomavirus sont des virus à ADN appartenant au groupe des papovavirus (Papillome Polyome Vacualisant). Chez l'animal d'expérience, les papovavirus comprennent des virus oncogènes utilisés comme modèles d'étude des tumeurs induites par les virus (virus du polyome de la souris, virus SV 40 et SV5 du singe, virus du papillome de Shope chez le lapin).
Il existe une quarantaine de papillomavirus humains ou HPV (Human Papilloma Virus) dont certains (HPV 6, 11, 16, 18 et 33) sont responsables de maladies sexuellement transmissibles et sont à l'origine de lésions génitales tant chez la femme que chez l'homme. Les progrès de la biologie moléculaire ont montré que, comme les virus animaux, certains de ces virus ont un pouvoir oncogène et que l'infection qu'ils provoquent peut se traduire par des atteintes cancéreuses. L'infection par le virus HPV 16, et, à un degré moindre, par les virus HPV 18, 31 et 33, constitue un facteur de risque important du cancer du col de l'utérus.
Un grand nombre de femmes jeunes infectées par ces virus présentent des lésions à type de condylomes (les banales « crêtes de coq ») ou ont des frottis vaginaux de dépistage anormaux. L'expérience montre que ces lésions peuvent subir une transformation maligne. Même sur des frottis normaux, on constate la présence d'HPV dans 5 p. 100 des cas. Cette notion d'infection inapparente a conduit à pratiquer le dépistage systématique chez les partenaires masculins et a permis de visualiser le HPV dans des lésions asymptomatiques. La destruction de ces lésions doit donc être envisagée aussi bien chez la femme que chez l'homme, pour prévenir l'apparition de cancers génitaux.
Dr Georges de Corganoff