Les producteurs abandonnent, après l'été, leurs protestations concernant les prix (baisse moyenne de 10 %) pour négocier l'écoulement, aux meilleures conditions possibles, de leur récolte. Les silos sont saturés, mais les exportations s'accroissent fortement. Elles sont facilitées par la hausse du dollar. En novembre, les producteurs se prononcent pour une utilisation industrielle des céréales, l'éthanol devant remplacer le plomb dans l'essence. Et, pour cela, ils acceptent le principe d'une taxe de coresponsabilité.
Les comptes établis par l'INSEE, révèlent que le revenu agricole moyen devrait augmenter de 1,5 % en pouvoir d'achat par rapport à 1983.
Jean Domenge
Énergie
Pilotage difficile
Il devient difficile de comprendre l'évolution des marchés de l'énergie. Les pétroliers ont dû renoncer à toute prévision, que ce soit sur l'offre et la demande ou sur les prix. Les producteurs d'électricité (en France) voient constamment leurs plans de développement pris à contre-pied. La production de charbon n'est plus qu'un enjeu politique. Chacun joue, dans son coin, un jeu différent.
L'OPEP dans l'étouffoir
Le marché mondial du pétrole, à la hausse depuis 1973, semble maintenant, malgré les efforts de l'OPEN, le cartel des producteurs, définitivement orienté à la baisse. Les règles (prix de référence, production du cartel plafonné à 17,5 millions de barils/jour) que s'étaient imposées en mars 1983 les pays de l'OPEP avaient bien été reconduites en septembre 1984, malgré les entorses de plus en plus nombreuses qui leur étaient infligées. Mais, à la mi-octobre, le gouvernement norvégien, bientôt suivi par le gouvernement britannique — qui ne sont ni l'un ni l'autre membres de l'OPEP — annonçaient sans prévenir une baisse de 5 % sur le brut de la mer du Nord, dont le prix officiel ne soutenait plus la concurrence sur les marchés européens. L'OPEP, dès lors, ne pouvait plus se crisper sur ses positions. Plutôt que d'avouer son impuissance en entérinant à son tour une baisse des prix, elle décidait, le 29 octobre, de ramener son plafond global de production de 17,5 à 16 millions de barils/jour, sans qu'apparaisse clairement la façon dont ses membres se répartiraient les sacrifices.
On aurait pu s'attendre que deux événements renforceraient la position des producteurs. D'abord, la reprise économique un peu partout dans le monde, qui devrait réveiller la demande ; ensuite, la prolongation de la guerre Iraq-Iran, et surtout le durcissement des hostilités navales dans le golfe Persique, qui réduit sensiblement les tonnages exportés par ces deux grands producteurs. Mais rien n'y fait.
Le retour au calme
Cette situation n'a guère d'effets bienfaisants en France, où les prix des produits pétroliers n'ont cessé de monter (4,96 F le litre de supercarburant en décembre 1983 ; 5,65 F au 1er décembre 1984). Pourquoi ? À cause, pourrait-on penser, de la hausse effrénée de la valeur du dollar en francs (on sait que le pétrole est payable en dollars). L'explication, cependant, n'est que partielle car, devant cette hausse, le gouvernement avait décidé, en septembre 1983, de suspendre l'application de la formule de calcul indexant le prix de vente des produits pétroliers sur la valeur du dollar. En réalité, la hausse supportée par le consommateur provient surtout de l'alourdissement constant des taxes frappant les produits pétroliers.
Outre que les taxes pétrolières constituent une ressource commode lorsqu'il s'agit de rééquilibrer le budget, cette politique a une justification économique plus sérieuse : en renchérissant le prix de l'essence, on décourage la consommation d'une énergie importée et payable en devises. De fait, la consommation de pétrole en France (à défaut de la facture) n'a cessé de diminuer. Mais aussi on inquiète l'industrie automobile et on désespère l'industrie du raffinage.
Si la France consomme moins de pétrole, elle s'est remise à consommer davantage d'électricité : + 2,5 % en 1983, + 6 % au premier semestre 1984. Là, les efforts commerciaux, déployés par Électricité de France afin que les industriels utilisent davantage l'énergie sous forme d'électricité, commencent à porter leurs fruits. Il est vrai que le courant produit en France est le moins cher d'Europe, ce qui permettra à EDF, en 1984, d'exporter environ 5 % de sa production, chiffre record, dans les pays voisins.