Concours complet (classement sur l'ensemble de la saison)
1. P. Morvilliers, sur Gulliver B, 349 pts ; 2. Th. Chambaud, sur Helvétie, 263,5 pts ; 3. Y. Teulère, sur Kantin de Cheux, 261 pts.

Escrime

Sabre au clair

Le titre olympique au sabre de Jean-François Lamour, le premier obtenu par un Français depuis... 1900, constitue l'aboutissement d'un travail suivi depuis 1982 et la venue d'un maître hongrois, Laszlo Szepesi. Curieusement, en effet, le sabre en France n'a jamais eu droit aux honneurs comme le fleuret ou l'épée. Pourtant, il s'agit bien de l'arme de Zorro ou de d'Artagnan. Seulement, les salles qui pratiquent le sabre ne sont guère nombreuses, si bien que le recrutement (environ deux mille sabreurs en France) ne s'accroît pas. Seule arme non électrique pour l'instant, elle se révèle d'un coût moindre. Mais cet argument, contrebalancé par la nécessité de cinq arbitres pour chaque assaut, n'a pas suffi à lui donner une place au soleil. On peut espérer que ce coup de projecteur historique va provoquer des vocations aussi bien chez les jeunes que... chez les maîtres d'armes.

Jean-François Renault

Championnats de France

Fleuret (2-3 juin 1984)
Individuels : Omnès (Charenton) b. Pietruszka (Melun), 10-7. Pour la 3e place : Hocine (Melun) b. Groc (RCF), 10-4.
Par équipes : Melun (Pietruszka 3, Hocine 3, Lhotelier 2, Crouzy, puis Magne 1) b. RCF (Flament 2, Pezzini 1, Groc 1, Royer, puis Jolyot), 9-4.

Épée (17-18 juin 1984)
Individuels : Boisse (St-Gratien) b. Laroche (RCF), 10-5. Pour la 3e place : Riboud (Lyon) b. Srecki (GR), 10-4.
Par équipes : RCF (Koppang 4, Laroche 3, Rouillaux 1, Dagallier 1) b. VGA II (Faget 2, Delpla 1, Salesse 1, Kuras), 9-4.

Sabre (Tours, 16-17 juin)
Individuels : J.-F. Lamour (La Française) b. Ducheix (USMT), 10-6. Pour la 3e place : Leclerc (Tarbes) b. Granger-Veyron.
Par équipes : RCF (Delrieu 3, Ringwald 2, Petit, Mion 2) b. La Française (Lamour 3, Granger-Veyron 1, Berthier 1, Vitrac 1), 9 à 6.

Fleuret féminin (16-17 juin)
Individuels : Laurence Modaine (RCF) b. V. Brouquier (Charenton), 8-4. Pour la 3e place : P. Trinquet (RCF) b. M-C. Demaille (Carpentras), 8-6.
Par équipes : RCF (Modaine 4, Trinquet 3, Zanibellato 1, Goyffon 1) b. VGA (Pallet 2, Untereiner 1, Pannetrat 1, Fayet), 9-4.

Football

Retour des Latins

Celui qui aurait annoncé le 11 juillet 1982 au soir, après la finale du Mundial, que, deux ans plus tard, les demi-finalistes du championnat d'Europe 1984 auraient pour nom l'Espagne, le Portugal, le Danemark et la France se serait couvert de ridicule. L'Europe venait de fournir le dernier carré : l'Italie, la RFA, la Pologne et la France, issus d'un deuxième tour ayant également rassemblé Angleterre, Autriche, Belgique, Espagne, Irlande du Nord et URSS.

Les grands noms

De tout ce beau monde, il ne restait donc plus cette année, pour la phase finale du championnat d'Europe, que quatre rescapés : Belgique, Espagne, France, RFA. Tous les autres, et parmi eux trois grands (Angleterre, Italie, URSS), ayant été éliminés. L'équipe de France est donc, et de loin, celle qui a le mieux réussi à faire la jonction entre ces deux importants rendez-vous, remportant par la même occasion son premier titre, honorant son statut de favori.

On aurait pu craindre que ce championnat d'Europe soit dévalué par l'absence de plusieurs grands noms. Il n'en a rien été : témoin la moyenne des spectateurs (près de 40 000 pour 15 rencontres). Et, si la finale n'a pas été d'un grand niveau, les deux demi-finales ont valu par leur intensité et leur suspense. Seuls les matches Espagne-Roumanie, RFA-Portugal, Portugal-Roumanie, RFA-Roumanie, tous dans le groupe 2, auront déçu.

D'autres, comme France-Belgique, Danemark-Belgique, Danemark-Yougoslavie, France-Danemark et les deux demi-finales, ont par contre été d'un très haut niveau.

Jeu

Ce championnat d'Europe aura été marqué par une nouveauté : l'utilisation du 3-5-2, c'est-à-dire le renforcement du milieu de terrain à cinq joueurs, avec trois défenseurs et deux attaquants. Cela afin de répondre à la tactique du 4-4-2, certains entraîneurs ne trouvant plus l'utilité de compter quatre défenseurs permanents opposés à seulement deux attaquants adverses. En France, René Hauss (Sochaux) et Gérard Houllier (Lens) procédaient déjà parfois ainsi. Le Danemark a introduit cette tactique presque systématiquement au niveau international, la France utilisant cette méthode contre la Belgique lors de ce championnat d'Europe. 41 buts ont été marqués en 15 rencontres, dont un tiers par la France (14), une bonne moyenne dans une compétition à huit équipes d'un niveau homogène. En dehors de la France, l'Espagne a fait oublier son désastreux Mundial en éliminant la RFA et le Danemark ; ce dernier a constitué la révélation par son tempérament combatif et ouvert. Sur le plan individuel, Michel Platini, en marquant 9 buts en 5 matches, a été l'incontestable numéro un, suivi de près par Jean Tigana. Maceda (Espagne), Larsen (Danemark), Chalana (Portugal), Schumacher (RFA) se sont par ailleurs révélés les individualités les plus marquantes de cet Euro 84.

Deux retours

Bordeaux champion pour la première fois depuis 1950, le Racing Club de Paris retrouvant la Division I quittée en 1964, une chute spectaculaire, l'AS Saint-Étienne descendant en Division II, marquent la saison. Depuis cinq ans, les Girondins de Bordeaux tentaient, grâce au soutien financier de la municipalité, d'empocher le titre au moyen d'une politique de vedettes (treize internationaux dans l'effectif des champions). Une méthode vouée depuis plus de dix ans à l'échec, dans un championnat revenant principalement à trois clubs (Nantes, Monaco, Saint-Étienne) qui utilisent à quelques variantes près la même méthode : politique de jeunes, complétée par l'appel à des joueurs d'expérience et à des étrangers.

Spectaculaire

Second retour, celui du Racing Club de Paris. Gros moyens, là aussi, grâce au soutien de Matra et de son P-DG, Jean-Luc Lagardère. Après vingt ans d'absence, le club parisien retrouve l'élite, dans un style spectaculaire qui rappelle celui de « l'ancêtre ». Symboliquement, dans le barrage décisif, les Parisiens ont été directement les artisans de la chute de l'AS Saint-Étienne. Le club stéphanois, déjà mal en point, étant finalement victime d'un recrutement hasardeux, de règlements de compte dans la coulisse. L'année où la France est championne d'Europe, cet effondrement est exemplaire de la situation du football français, manquant cruellement de solidité dans ses structures de club.