Dernier moyen : la qualité de l'enseignement peut être améliorée par la formation des professeurs : partout, on constate un déclin de la qualité des enseignants, dû à la fois « au refus des étudiants les plus qualifiés de s'orienter vers cette profession, en raison du caractère dissuasif des bas salaires, et à une démoralisation des professeurs face à des pressions extérieures complexes et aux attentes contradictoires vis-à-vis de l'école ». Il importe donc de revaloriser le métier en y attirant les meilleurs étudiants, en particulier dans certaines disciplines comme les mathématiques où il y a pénurie de professeurs (en particulier en France et aux États-Unis), ensuite en relevant leur niveau, grâce à une formation initiale et continue plus efficace. Ainsi, la formation continue des maîtres est prioritaire en Grande-Bretagne. Elle est considérée comme une urgence en RFA, où il y a un vieillissement du corps professoral dû à la réduction du recrutement et à la baisse des effectifs. En Norvège, chaque école consacre une semaine par an à la mise à jour des connaissances de ses maîtres. Enfin, en améliorant le déroulement de la carrière des enseignants et en augmentant leurs salaires. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, on n'hésite pas à recommander que la promotion de chacun soit soumise à ses résultats, évalués par ses pairs. Le rapport britannique considère même « que tout professeur incompétent devrait être licencié ».
Par contre, tous les gouvernements ne sont pas prêts à mieux rémunérer leurs enseignants. Nombre d'entre eux consacrent déjà un budget important à l'éducation et considèrent qu'il n'est plus possible d'augmenter les dépenses. De plus, au-delà d'un certain plafond, les moyens financiers ne semblent pas avoir d'incidence sur les résultats. En fait, seuls les États-Unis semblent vouloir relever les traitements des enseignants. Les experts américains reconnaissent d'ailleurs que leurs recommandations entraînent des dépenses. Mais ils partent du principe que « tout changement exige des investissements » et que « l'excellence coûte de l'argent, mais qu'à la longue la médiocrité en coûte beaucoup plus ».
Évaluation
Reste une question essentielle. Pour pouvoir améliorer la qualité de l'enseignement, il faut déterminer préalablement ce qui fonctionne bien et ce qui ne va pas, ce qu'il faut conserver ou modifier. Certains pays ont une structure nationale d'évaluation. Aux États-Unis, le National Assessment of Education Progress (NAEP) vérifie depuis quinze ans, sur des échantillons aléatoires d'élèves âgés de 9, 13 et 17 ans, les résultats obtenus en lecture, écriture, mathématiques, sciences, instruction civique, dessin et musique. Des corrélations ont été établies entre le niveau d'instruction, le type et la taille de la commune de résidence, le milieu socioculturel, le sexe, la race et la région. Le NAEP a ainsi constaté que 90 % des enfants de 9 ans obtenaient de bonnes notes dans les matières de base et une amélioration des résultats des élèves défavorisés, en particulier les Noirs et ceux qui fréquentent les écoles du centre des villes. Par contre, la maîtrise des techniques plus élaborées a diminué. La Grande-Bretagne possède, elle aussi, une forme originale d'évaluation. Celle-ci est du ressort de l'Inspection, laquelle publie des rapports dont l'influence est considérable, car elle n'hésite pas à citer en exemple les meilleures méthodes appliquées dans les écoles. D'autres États, comme les Pays-Bas, n'ont pas encore de système d'évaluation mais commencent tout juste à le mettre en place. Cependant, cette question de l'évaluation suscite partout un certain malaise, car la qualité de l'enseignement dépend d'un grand nombre de facteurs qui ne peuvent pas être mesurés : l'intuition, la compréhension, le fait que chaque école possède une alchimie particulière qui produit des effets différents. En outre, l'influence de l'enseignement sur la société ne peut être évalué que longtemps après. Enfin, il n'existe aucune méthode perfectionnée pour étudier à la fois l'utilité et l'efficacité de l'enseignement. En Finlande, on s'emploie actuellement à « créer un cadre théorique clair et concis destiné à susciter un vaste débat national et international ».