Selon un sondage réalisé par les éditeurs, cette libération a eu pour effet de pénaliser le livre. On constate une très forte hausse sur les prix de vente au détail. Elle est de l'ordre de 16,5 % contre 8,5 % l'année précédente. Le principe d'autofreinage sur les prix que devait provoquer la concurrence est fortement mis en doute. Enfin, dans le secteur de la librairie-papeterie, on enregistre une baisse de la rentabilité du livre.
L'augmentation du chiffre d'affaires global de l'édition pour 1980 sera voisin de zéro, avec, bien entendu, une grande disparité de résultats selon les maisons d'édition.
Les difficultés financières se font ressentir particulièrement aux Éditions Maspero et au Cercle de la librairie.
Mais la crise n'est pas absente non plus de la Foire du livre de Francfort — au mois d'octobre 1980 —, où l'on constate un net recul de la langue française sur le marché de l'édition.
La plus grande librairie de France
Le premier Salon du Livre, organisé sous l'égide du Syndicat national de l'édition, se tient au Grand Palais à Paris du 22 au 27 mai 1981. Les éditeurs, qui ont la possibilité de présenter la majeure partie de leur fonds, semblent dans leur ensemble rallier cette formule. Sept cents éditeurs de langue française réunissent quelque 220 000 titres pour cette manifestation, qui est, pendant quelques jours, la plus grande librairie de France. On enregistre un record d'affluence (123 000 visiteurs) et... d'intérêt.
Télématique
La révolution télématique est commencée. Le 27 novembre 1980, dans leur rapport Du téléphone à la télématique rédigé sous l'égide du Commissariat général au Plan, Henri Pigeat, directeur de l'AFP, et Laurent Virol, chargé de mission et rapporteur, constatent qu'on assiste déjà à une évolution qui touche aussi bien la recherche de l'information brute et les banques de données que l'informatisation du journal. Que ce soit en amont ou en aval — avec la réalisation du journal et sa diffusion —, la presse est concernée. « Elle est donc confrontée à un double défi : celui de l'adaptation technique et celui d'une concurrence éventuelle qui peut mettre en cause son équilibre économique. » Deux sénateurs du PS demandent, le 8 décembre 1980, la création d'un Conseil supérieur de la télématique. Par l'ampleur des moyens qu'elle exige, tant en chercheurs qu'en matériels, la télématique ne risque-t-elle pas de transformer le droit à l'information en un leurre, si, seule, une élite, par l'argent, peut y avoir accès ?
Aucune réponse n'est apportée, concrètement, à ces questions qui engagent l'avenir. D'où l'inquiétude de la Fédération nationale de la presse française et de l'Union syndicale de la presse quotidienne régionale, qui remarquent que de « nombreuses expériences se poursuivent à travers la France dans la clandestinité » et cela « sans que les limites et les obligations de ceux qui seront amenés à utiliser ces nouveaux moyens de communication soient fixées ».