Après un voyage dans le Sud-Pacifique, en juillet, c'est d'abord l'Afrique noire qui tient le premier rôle. En août, la mission de constatation confirme la participation personnelle de l'empereur Bokassa au massacre de Bangui (Journal de l'année 1978-1979). La France suspend son aide et, lorsqu'en septembre, pendant que Bokassa se trouve à Tripoli, un coup d'État réinstalle l'ancien président David Dacko au pouvoir, chacun comprend que Paris a tiré les ficelles. La France refuse l'asile à l'ex-empereur. La classe politique proteste contre l'intervention militaire. Mais l'opinion, si l'on en croit les sondages, accepte volontiers la déchéance organisée d'un chef d'État tyrannique. La décision du gouvernement de refuser leurs visas aux joueurs de rugby sud-africains est en revanche moins populaire. Mais les États d'Afrique apprécient. En mai, le sommet annuel franco-africain (il se tient à Nice) débouche sur peu de résultats concrets, mais l'atmosphère est cordiale.
Deuxième sujet, qui traverse et agite l'année entière, l'Europe : Valéry Giscard d'Estaing reçoit en octobre la visite du président portugais Eanès, en novembre celle du Premier ministre espagnol Suarez. Entre les deux, lui-même se rend à Berlin-Ouest. La Communauté affronte une crise très grave, principalement due au problème britannique. En novembre, le sommet de Dublin, est un échec et le sommet franco-britannique de Londres aussi. Dans les deux cas, le président français s'est opposé aux prétentions de Margaret Thatcher. En revanche, l'accord avec l'Allemagne fédérale reste très large : le sommet franco-germanique de février à Paris le démontre. Les Neuf ne parviennent à un compromis à Bruxelles qu'en mai. La Grande-Bretagne accepte, elle, la poursuite de la politique agricole commune, la France et l'Allemagne un substantiel allégement de la contribution financière britannique. Le président français a défendu les principes traditionnels européens, insisté sur sa volonté de protéger les intérêts agricoles de la France. En juin, il déclare que, tant que les différends de fond avec Londres n'auront pas été réglés, l'élargissement en direction de l'Espagne et du Portugal ne pourra progresser. À Venise, le même mois, au sommet européen, ses partenaires n'en disconviennent pas. L'Élysée veut prendre figure de mainteneur de la conception gaullo-giscardienne de l'Europe, de bouclier des agriculteurs français et de co-animateur avec Bonn d'une réforme à terme nécessaire.
Le Moyen-Orient
Troisième sujet de contestation : le Moyen-Orient. Dès novembre, la France a condamné les prises d'otages de Téhéran, mais, comme la plupart des Européens, l'a fait sans suivre automatiquement chacune des démarches successives et parfois contradictoires des États-Unis. Le voyage de Valéry Giscard d'Estaing dans les pays du golfe Persique et en Jordanie, au début de mars, provoque force controverses. Le chef de l'État s'y prononce en effet en faveur d'un triptyque : autodétermination du peuple palestinien, participation de l'OLP aux négociations, frontières sûres et reconnues pour Israël. Ces propos, bien accueillis dans les chancelleries européennes, provoquent une vive émotion dans les partis français. À Paris, l'émotion est très forte dans la communauté juive. Aux 12 heures pour Israël, fin avril, des menaces électorales s'expriment. La majorité des Français approuve néanmoins. La position présidentielle n'a pourtant pas été très habilement exposée. Enfin, et surtout, la dégradation brutale des relations Est-Ouest pèse lourdement sur la politique intérieure. La France joue dans cette partie un rôle non négligeable. Les positions du président Giscard d'Estaing provoquent des remous. Depuis la rentrée, déjà, des tensions sont visibles. Le no 1 chinois Hua Guofeng, en visite officielle à Paris en octobre, insiste beaucoup, comme toujours, sur le péril soviétique. La prise des otages américains à Téhéran scandalise les Occidentaux sans bouleverser les Soviétiques. Washington se plaint de la tiédeur de ses partenaires européens. La politique étrangère de la France étant la plus autonome, elle est la plus visée. Mais c'est évidemment l'invasion de l'Afghanistan en décembre qui met brusquement en péril les règles de la détente. Valéry Giscard d'Estaing condamne nettement mais sans hâte l'intervention soviétique. En visite officielle à New Delhi, en janvier, il ne reprend pas toutes les thèses américaines, et Washington grogne. Paris juge le boycottage des jeux Olympiques une réplique inadaptée. Le président Carter s'impatiente.