Commerce extérieur
Le déficit s'est réinstallé en force
Au redressement du commerce extérieur français en 1978 qui, retrouvant alors l'équilibre, s'était même soldé par un excédent de 2,2 milliards de F, succède de nouveau une situation de fort déficit en 1979 : le solde négatif dépasse 13,5 milliards de F.
Sans doute une certaine fermeté de la demande intérieure a-t-elle influencé activement le niveau des importations. Mais, plus encore, c'est l'augmentation massive et brutale de la facture pétrolière (+ 18 milliards de F par rapport à 1978), liée aux hausses en rafales du prix de l'or noir, qui a l'incidence aussi directement défavorable que l'on sait sur la balance commerciale française. À des degrés divers, tous les pays importateurs de pétrole sont directement atteints de plein fouet.
Outre l'enchérissement du pétrole, il y a aussi celui des autres produits de base. Il faudra du temps pour que ces chocs soient absorbés. Cela d'autant plus que la courbe ascendante des prix du brut se poursuit en 1980. De ce fait, la balance extérieure de la plupart des pays d'Europe occidentale se dégradera encore.
Au niveau d'ensemble, le commerce international dépasse 1 600 milliards de dollars en 1979, soit des échanges mondiaux progressant de 25 % en valeur, un tel pourcentage étant un vivant reflet de l'inflation monétaire persistante. En volume, l'augmentation ressort à 7 %, c'est-à-dire environ 1 point de plus qu'en 1978. Si l'on considère la faiblesse de la croissance économique dans le monde et les réflexes protectionnistes grandissants, l'expansion du volume des échanges traduit, tout de même, une animation assez singulière du commerce international.
Les importations des pays industrialisés à économie de marché s'accroissent de l'ordre de 28 % et leurs exportations de 22 %, soit, en volume, respectivement de 8 % et 7 %. Ainsi se trouve concrétisée la détérioration des termes de l'échange : les prix des produits manufacturés accusent, bien entendu, des hausses beaucoup moins fortes que celles affectant les matières premières, parmi lesquelles, évidemment, le pétrole.
Les livraisons des pays industrialisés régressent de l'ordre de 5 % en direction des pays de l'OPEP, marchés les plus demandeurs depuis six années. Le vertigineux déclin des importations en Iran explique assez largement cette évolution, mais aussi les restrictions des achats extérieurs du Nigeria ou du Venezuela. Vers les pays de l'Est, l'accroissement de 15 % est relativement modéré. Mais il atteint 30 % à destination des pays en voie de développement non pétroliers.
La 4e place
Presque tous les pays industrialisés enregistrent une croissance accélérée du volume de leurs importations en 1979, en raison du renforcement des stocks et de la demande en biens d'investissement. Une croissance de 10 %, et même supérieure, est courante en Europe et au Japon. En revanche, elle est tout juste de 1 % aux États-Unis.
À noter que les exportations japonaises progressent de moins de 10 % en valeur. La sensible dépréciation du yen, en 1979, minore les ventes nippones exprimées en devises qui, tout compte fait, marquent littéralement le pas en volume depuis deux années consécutives. Parce que les exportations japonaises plafonnent en volume et que les exportations françaises se comportent avec brio, la France se rapproche du Japon dans la hiérarchie des grands pays exportateurs du monde, se hissant presque à son niveau pour la troisième place.
Les recettes d'exportation des pays de l'OPEP dépassent les 200 milliards de dollars en 1979, gonflant globalement de 40 %. Dans le même temps, leurs importations accusent un net recul.
Quelque 200 milliards de dollars en devises aussi viennent alimenter, grâce à l'exportation, les caisses des pays en voie de développement non-OPEP. Les prix de leurs livraisons, composées d'une forte proportion de produits primaires, traduisent des rajustements en hausse. Mais leurs exportations de produits manufacturés, qui sont presque égales à celles des produits de base, progressent plus en volume. Les importations de ces mêmes pays augmentent d'au moins 30 %. Les termes de l'échange suivent encore une pente négative. Le déficit des paiements courants s'alourdit : 50 milliards de dollars.