L'éducation du consommateur, malgré de fortes tendances affectives et quasi passionnelles qui subsistent encore, paraît bien progresser. Le tirage global de la presse automobile n'a pas diminué. Et le succès des tableaux techniques comparatifs entre modèles voisins démontre que le calcul de l'équation qualité-prix devient familier à des couches d'acheteurs de plus en plus larges, ce qui est encourageant.
Les voitures orphelines
150 voitures laissées en stationnement interdit par leurs conducteurs négligents sont chaque jour amenées par les services de la Préfecture dans l'une des cinq pré-fourrières de Paris. Leur récupération coûte cher : 120 F de contravention, 200 F de transport et 15 F de parking quotidien. Mais, fait étonnant, 3 489 véhicules n'ont pas été réclamés en 1978. Il pouvait s'agir de voitures volées ou d'automobiles abandonnées par leur propriétaire ; 386 de ces voitures orphelines ont été vendues par les Domaines, les autres sont parties à la casse.
Sécurité : sévères mesures contre l'alcoolisme
« Boire ou conduire, il faut choisir. » Ce slogan de la Prévention routière, vœu pieux jusqu'en 1978, devient, le 12 juillet 1978, une obligation pour tous ceux qui s'apprêtent à prendre le volant : une loi réprimant la conduite en état d'ivresse est adoptée.
Fléau, l'alcool au volant était depuis longtemps dénoncé comme l'un des plus importants facteurs d'accidents : quelque 5 000 morts par an et plus de 100 000 blessés. Désormais, des contrôles préventifs seront effectués. La loi accorde à la police et à la gendarmerie la possibilité de soumettre les conducteurs à l'alcootest. Il s'agit, dans un premier temps, d'une opération simple mais imprécise : on souffle dans un analyseur d'haleine — désigné sous le nom de ballon. En cas d'imprégnation alcoolique, une teinte verte apparaît. Une analyse sanguine permet, dans un second temps, de déterminer le taux d'alcoolémie. De son importance dépendent les sanctions pénales :
– de 0,80 g à 1,20 g par litre : contravention de 400 à 1 000 F et éventuellement de 10 jours à 1 mois de prison ;
– 1,20 g ou plus : de 500 F à 5 000 F d'amende et éventuellement de 1 mois à 1 an de prison.
Les tribunaux peuvent également prononcer l'annulation du permis de conduire : cette sanction est laissée à l'appréciation du juge pour un taux d'alcool égal à 0,80 g ; elle s'applique de plein droit au conducteur responsable d'un homicide ou de blessures lorsqu'un taux d'alcoolémie égal ou supérieur à 1,20 g a été constaté. L'automobiliste coupable de récidive en est également passible. L'annulation peut atteindre trois ans.
Les procureurs de la République décident des contrôles et déterminent les dates et les voies.
Effectués dans plusieurs départements à grand renfort de publicité au début, les contrôles ne se révèlent positifs que dans un nombre minime de cas. Mais, c'est bien connu : la peur du gendarme est le commencement de la sagesse.
Limitation de vitesse
Autre mesure destinée à accroître la sécurité sur les routes : la limitation de vitesse. Malgré les contrôles plus nombreux en 1978 que précédemment, le bilan de l'année montre qu'un poids lourd sur deux et un véhicule de tourisme sur quatre sont en infraction.
Au mois d'avril 1979, une expérience est tentée sur les 40 km du tronçon d'autoroute Beaune-Tournus : les conducteurs sont invités à rouler à 80 km/h afin d'obtenir une meilleure fluidité de la circulation.
Sur le plan de la sécurité, le bilan de l'année 1978 est positif : on déplore 1 000 tués et 15 000 blessés de moins qu'en 1977. C'est d'ailleurs une tendance qui se vérifie dans le monde entier, comme on le constate lors de la semaine internationale d'étude de la circulation et de la sécurité de Montreux, en octobre 1978. Le nombre des morts sur les routes — qui est de 200 000 par an — se stabilise. On relève également deux grandes constantes : l'erreur humaine est à la base de la majorité des accidents et les voies urbaines sont plus meurtrières que les routes de rase campagne.