Témoin irremplaçable d'une époque sur laquelle l'accent a été mis avec tant d'insistance par la mode rétro, la carte postale regroupe aujourd'hui des cohortes de collectionneurs. Ils sont si nombreux qu'ils ne cèdent la place, par le nombre, que devant les gros et vénérables bataillons de philatélistes.
Les dissidents de l'hôtel Drouot
En rupture avec les traditions de leur profession, c'est le 29 mars 1979 que Mes Loudmer et Poulain ont inauguré les ventes aux enchères « en leur hôtel particulier », 73, faubourg Saint-Honoré (ancien hôtel Moreau-Nelaton). La chambre de discipline des commissaires-priseurs de Paris a aussitôt assigné les dissidents devant le tribunal de grande instance de Paris. Mes Loudmer et Poulain contestaient le principe de l'unité des lieux de vente, établi par des décisions réglementaires qui remontent à l'an XII (1805). Le substitut du procureur de la République, Stéphane Boittiaux, soulignait que cet usage n'avait reçu l'appui d'aucun texte législatif et ajoutait : « le principe de liberté des lieux de ventes aux enchères devrait prévaloir sur toute considération ». Le juge Simone Rozès a donné raison en droit à la chambre des commissaires-priseurs de Paris en décidant que Mes Loudmer et Poulain « ne pourront procéder à une vente aux enchères publiques dans un lieu non agréé par la chambre de discipline, à moins qu'ils ne reçoivent l'autorisation préalable et expresse de celle-ci... ». Jugement apparemment sévère, bien qu'il ménage l'avenir, mais dont les effets sont pratiquement annulés, puisqu'il n'est pas exécutoire. En attendant d'aller en appel, puis en cassation, les officiers ministériels dissidents continuent donc à vendre en leur hôtel particulier, ce qui leur a déjà permis une augmentation de leur chiffre d'affaires.