Jean-Pierre Fourcade a également annoncé une réforme du contrôle a posteriori des entreprises publiques, confiée à partir de 1977 à la Cour des comptes, pour aboutir à une information complète et impartiale sur leur gestion passée et leur situation présente. Il est clair, toutefois, que ces mesures ne répondent pas encore à la question de fond, que les Français (comme d'autres sociétés développées) redécouvrent périodiquement : qu'est-ce qui peut remplacer le critère du profit comme sanction de la gestion ? En cas de victoire de la gauche, ce sera l'un des thèmes clés des années à venir.

Construction navale

Le monde s'enfonce dans la crise

Une tonne de pétrolier pèse-t-elle autant qu'une tonne de méthanier ou qu'une tonne de cargo roulier ? Eh bien, pas du tout. Le pétrolier est un navire simple, sa construction représente donc moins d'heures de travail et moins de valeur ajoutée. Un pétrolier de 200 000 t vaut par conséquent moins qu'un méthanier de 50 000, navire très sophistiqué. Pour tenter d'évaluer cela, on utilise non plus la tonne de jauge brute (la tjb, unité de mesure traditionnelle trop simpliste), mais la tjb pondérée. Comment la calculer ?

Japon

C'est sur des problèmes de ce genre, renvoyés des mois durant d'une réunion à l'autre, que les négociations engagées entre le Japon et les pays occidentaux constructeurs de navires, pour tenter d'aménager la crise mondiale, sont restées sans résultat pendant toute l'année. Se dérobant à tout engagement, mais attentifs à ne fermer aucune porte, les Japonais, qui ont une bonne part de responsabilité dans la formidable surcapacité mondiale, ont atteint leur objectif : gagner du temps. Toute l'industrie s'enfonce donc dans la crise. Tandis que la capacité de production mondiale se monte à 40 millions de tjb, le niveau des commandes annuelles est tombé à 12,5 millions. Le carnet mondial se réduit de 30 % chaque année et n'a aucune chance de se redresser avant les années 1980. Les prix, eux, se sont effondrés de 30 à 40 %, et l'initiative des Japonais de remonter les leurs... de 5 % n'a guère amélioré la situation.

En France, en juin 1977, aucune commande nouvelle de navire de commerce n'avait été prise depuis le 1er janvier 1976. Des mesures d'aide aux chantiers avaient été évoquées en conseil des ministres au cours de l'hiver, mais tardaient à sortir : d'une part, parce qu'elles devaient être liées à un plan de restructuration élaboré par la profession elle-même, mais auquel elle semble ne pas croire ; d'autre part, parce que la France a espéré longtemps que des mesures d'ensemble seraient prises au niveau européen pour soutenir une politique maritime communautaire.

Subventions

Or, devant la détermination des Japonais, le front commun des Européens a éclaté : l'un après l'autre, les pays se sont précipités au secours de leur industrie nationale, pour la subventionner (Norvège, Suède, Hollande), la nationaliser (Grande-Bretagne) ou même signer directement avec le Japon un accord de non-belligérance (Allemagne), ce qui a d'ailleurs poussé les armateurs allemands dans les bras des constructeurs sud-coréens !

Au printemps 1977, la France était donc à peu près seule à n'avoir prévu aucun soutien en faveur de ses chantiers. Pour ceux-ci, moins mal placés que la plupart de leurs concurrents, les difficultés sérieuses se feront sentir au début de l'année 1978.

La question n'est donc plus de savoir si l'on peut éviter la crise, mais comment la traverser en sauvegardant l'outil de travail. Sans parler des problèmes de balance des paiements ou d'indépendance nationale, aucun pays développé ne pourra en effet se passer de chantiers capables de construire les monstres flottants qui iront exploiter les océans dans deux ou trois décennies.

Agriculture

L'année agricole

Conditions climatiques défavorables, crise viticole persistante, revenu agricole encore en baisse, tels sont les principaux éléments de l'année.

Sécheresse

Pour la troisième année consécutive, les conditions climatiques entraînent une baisse de la production agricole (1974 : – 0,8 % ; 1975 : – 4,5 % ; 1976 : – 1,8 %).