Sport
Jeux olympiques
Les XIIes Jeux d'hiver
Les jeux d'hiver, organisés pour la deuxième fois à Innsbruck (4-15 février 1976) et que l'on croyait condamnés, prennent un nouvel essor. Les Autrichiens ont su rendre aux Jeux toute leur simplicité et faire un retour aux sources de l'amateurisme.
La tâche s'annonçait délicate. Après le renoncement de Denver, Innsbruck doit rapidement improviser son organisation. La prise d'otages à Vienne, le 21 décembre 1975 et le souvenir du drame de Munich (Journal de l'année 1972-73) incitent à la prudence. Un dispositif de sécurité aussi important que discret est mis en place pour protéger les athlètes et les personnalités. Ces Jeux (on peut affirmer qu'ils ont été les plus beaux de notre époque) se sont déroulés sans incident. Aucun scandale n'est venu troubler les épreuves. La grippe, qui sévit dans les rangs des participants, est seule responsable de deux cas de dopage. On ne parle plus d'argent et personne ne songe à s'interroger pour savoir si les sportifs sont de purs amateurs. Lord Killanin, successeur de Avery Brundage à la présidence du CIO (Comité international olympique), et qui officie pour la première fois, fait preuve d'un grand réalisme.
Sur le plan sportif, ces Jeux sont passionnants. Une héroïne, l'Allemande Rosi Mittermaier, remporte la descente, le slalom spécial et termine deuxième du slalom géant. Elle est la grande skieuse de ces Jeux, auxquels elle offre la meilleure image de marque qui soit. Le mérite de Rosi est de démythifier beaucoup de légendes prises, généralement, pour argent comptant. On ne peut invoquer à son triomphe ni méthodes révolutionnaires (elle skie comme James Couttet il y a trente ans), ni skis miracles (le fabricant français qui continue de l'équiper sur sa demande a renoncé officiellement à la compétition), ni robotisation (elle aime la vie avec passion et le sport fait partie de cet amour). À une époque où l'on parle sans cesse de rajeunissement des équipes de ski, elle prouve qu'on peut, à 26 ans, être meilleure qu'on n'a jamais été. Aux jeux Olympiques, comme lors d'une simple course, des facteurs d'ordre technique et psychologique interviennent et apportent leurs surprises. Parmi les plus marquantes, le double succès des Suisses en slalom géant, la victoire de la Canadienne Kathy Kreiner, également en géant, la deuxième place de l'Américain W. Koch dans le trente kilomètres, le succès de la Finlandaise Takalo en ski de fond (5 km), enfin le doublé des Autrichiens en saut, qui confirme une réputation croissante depuis deux ans. On remarque également les médailles des skieurs du Liechtenstein, qui font mieux que les Français.
En patinage artistique, un sommet est atteint avec John Curry ; il poursuit brillamment une évolution entamée voici trente ans par Dick Button, et fait du patinage à la fois un très grand sport et un art. Avec ses sauts triplés, son sens de la musique, du rythme et la précision mathématique de ses figures ainsi que ses élévations de grand danseur. J. Curry a pleinement marqué ces Jeux. Avec une seule médaille, celle des humbles, la médaille de bronze gagnée par l'excellente skieuse Danielle Debernard, le sport français subit un nouvel échec. Échec d'autant plus durement ressenti que pendant longtemps les sports d'hiver, le patinage comme le ski, ont valu de nombreux succès aux Français.
Sera-t-il possible de refaire surface ? On peut se le demander.
La loi Mazeaud
La loi sur le développement de l'éducation physique et du sport, dite loi Mazeaud, est définitivement adoptée le 29 octobre 1975. Un des objectifs principaux du texte est de remodeler la législation existante qui, trop éparse, maintenait le monde sportif dans une sorte de clandestinité. La loi prévoit :
– le développement de la pratique des activités physiques et sportives (élément fondamental de la culture) constitue une obligation nationale ;
– les activités physiques et sportives sont parties intégrantes de l'éducation ; elles sont inscrites dans tous les programmes de formation.
Les dispositions
En fait, c'est la reconnaissance du droit au sport, décision qui a pratiquement fait l'unanimité. En revanche, l'ensemble des dispositions prévues a provoqué de vives critiques.