À l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, le problème de la conduite nocturne fait l'objet d'études très poussées. Même pour les conducteurs qui ont habituellement une vision normale, la vision de nuit constitue en elle-même une situation pathologique. L'acuité visuelle est altérée du fait que les contrastes sont estompés. La vision du relief est diminuée de dix fois à l'obscurité. L'accommodation à la distance se fait mal, le conducteur nocturne est toujours plus ou moins myope. Son champ visuel est rétréci et il a du mal à apprécier la vitesse des objets et leur déplacement. La perception des couleurs est altérée. Enfin, il ne faut pas oublier l'éblouissement causé par les véhicules venant en sens inverse. Un appareil nommé mésoptomètre a permis de tester la sensibilité à l'éblouissement. On constate ainsi un allongement du temps de récupération en fonction de l'âge. La conduite nocturne est dangereuse chez 50 % des conducteurs âgés de plus de soixante-dix ans.
L'obscurité aggrave les troubles oculaires déjà reconnus, mais aussi, ce qui est encore bien plus dangereux, ceux qui étaient ignorés du conducteur et de son médecin. Les docteurs Vignat et Decroix ont dressé un inventaire des contre-indications absolues à la conduite de nuit. Tel est le cas des sujets qui n'ont qu'un œil fonctionnel, et chez qui l'adaptation à l'obscurité diminue de 25 %. D'autres ont dans la cornée quelques points opaques, ce qui ne les gêne pas pendant le jour, mais provoque la nuit des phénomènes de diffusion lumineuse qui gênent la perception. La cataracte, qu'elle ait été opérée ou non, est également une contre-indication formelle.
Héméralopies
Le grand chapitre des troubles oculaires qui affectent la vision nocturne est constitué par les héméralopies. Les héméralopes sont les sujets qui ont une vision normale ou à peu près normale pendant la journée, mais dont l'acuité visuelle diminue fortement dès que le jour tombe. En général, ils manquent de vitamine A, soit en raison de facteurs héréditaires, soit sous l'effet de certains médicaments, comme divers tranquillisants ou antipaludéens, qui provoquent des intoxications répercutées au niveau de l'œil par des altérations visibles à l'examen.
Les enfants surdoués
Les enfants qui témoignent d'une intelligence très supérieure à la moyenne doivent-ils bénéficier d'un enseignement spécialement conçu pour eux ? Ce problème fait depuis longtemps l'objet de recherches dans les pays anglo-saxons. Il a été assez soudainement introduit en France, cette année, par un ouvrage de Rémy Chauvin : Les surdoués.
S'inspirant des travaux américains. Rémy Chauvin répartit les enfants exceptionnels en trois groupes : les doués, dont le QI (quotient intellectuel) atteint ou dépasse 130 : les surdoués, avec un QI de 170 ou plus ; enfin les créatifs, dont le QI est moins élevé que chez les précédents, mais qui font preuve de plus d'imagination, d'originalité et d'humour que la plupart des enfants. L'ensemble de ces groupes représenterait environ 3 % de la population enfantine.
D'après R. Chauvin, notre enseignement normal non seulement n'exploite pas les possibilités de ces sujets brillants, mais encore il les étouffe. C'est particulièrement vrai des créatifs, qui s'étiolent dans un milieu auquel ils ne peuvent s'intégrer. Combien, parmi eux, de « Mozart assassinés » ? Quant aux surdoués, les programmes scolaires les obligent à piétiner pour acquérir en six ans, par exemple, les connaissances qu'ils seraient capables d'assimiler deux fois plus vite. À ce gaspillage des cerveaux, il y aurait un remède : la création de classes spéciales, avec programmes et méthodes pédagogiques appropriés. De telles classes existent aux États-Unis et en Israël.
Olympiades
Les partisans de cette pédagogie élitiste font volontiers référence aux épreuves de haut niveau organisées dans divers pays pour sélectionner les sujets les plus brillants. Tel est, en France, le traditionnel concours général, fondé en 1747, mais l'exemple le plus souvent cité est celui des Olympiades de mathématiques. Instituée après la Seconde Guerre mondiale par la filiale de l'Académie des sciences de l'URSS, afin de détecter les lycéens les plus doués dans cette discipline et de favoriser la poursuite de leurs études, cette compétition s'est étendue à toute l'Union soviétique, puis aux autres pays socialistes et, depuis quelques années, à plusieurs pays occidentaux. En juillet 1975, les XVIIes Olympiades internationales de mathématiques ont réuni, à Burgas (Bulgarie), 135 lycéens de 17 pays. Avec un des 6 premiers prix, un des 25 seconds prix et un des 58 troisièmes prix, la France s'y est classée 9e.