Donc, s'il y a rapprochement du bout des doigts, il y a aussi une sorte de statu quo réservé qui explique le caractère peu extraordinaire de l'année écoulée. Elle n'en reste cependant pas moins très intéressante.

Tubes

Du côté du show-business, et plus spécialement des tubes, Joe Dassin a tenu le bon bout. D'abord avec L'été indien, qui est sorti dans plus de vingt pays et qui a été la grande vedette de l'été (et même plus longtemps) devant Un accident de Michel Sardou. Ensuite, avec un disque d'or pour Ça ne va pas changer le monde, ce qui porte à 23 le nombre de ses disques d'or pour dix ans de métier.

Avant ce fameux accident, Michel Sardou avait tenté de remettre Le France à flot. Ça lui a réussi, il en a vendu plus de 500 000 exemplaires en quinze jours. Le titre est encore aujourd'hui assez régulièrement programmé par les radios. Il a, d'ailleurs, franchi la Manche et est devenu, à l'intention des Anglais, The Queen Mary.

Les Anglais ne se sont pas intéressés qu'à Sardou. Le célèbre journal Music Week a décerné à Julien Clerc le diplôme de Vedette de l'année 1976.

Avec ou sans tunnel, les rapports France-Angleterre restent bons : des chanteurs français de plus en plus nombreux vont chercher, au-delà du Channel, un sound, des musiciens (et aussi des conditions financières) que les studios nationaux, semble-t-il, ne leur offriraient pas toujours.

De leur côté, les Rolling Stones n'ont pas oublié de passer par Paris et par Lyon, en mai, lors de leur grande tournée européenne de plus d'un mois.

Le Hit-parade national du disque, réalisé par le SNEPA (Syndicat national de l'édition phonographique et audiovisuelle), a enregistré les bonnes ventes d'un certain nombre de disques, parmi lesquels :
– pour les 33 tours : Ferrat (Ferrat 76), Sheila (Quel tempérament de feu), Serge Lama (La vie lilas, Olympia), Nana Mouskouri (Une voix), Coluche (Volume 2), Leclerc-Vigneault-Charlebois (J'ai vu le loup), Mike Brant (Album souvenir), Maxime Le Forestier (Mon frère), Johnny Hallyday (Terre promise), Charles Aznavour (Voilà que tu reviens), et Daniel Guichard (Chante Piaf, Toi) ;
– pour les 45 tours : Sylvie Vartan (Qu'est-ce qui fait pleurer les blondes), Johnny Hallyday (Requiem pour un fou), Gérard Lenorman (Michèle), Nicole Croisille (Téléphone-moi), Dalida (J'attendrai), Enrico Macias (Malheur à celui qui blesse un enfant), Shuki et Aviva (Je t'aime un peu trop), Nicoletta (À quoi ça sert de vivre), Nicolas Peyrac (Et mon père). Du dernier, Nicolas Peyrac, on peut même dire qu'il a été la révélation de l'année. Étudiant en médecine, il a d'abord écrit des chansons pour d'autres (en particulier pour Marie Laforêt), avant de se lancer lui-même dans une carrière d'interprète. Un titre lui a permis d'éclater et de prendre sérieusement pied dans le métier : So far away from L.A. À partir de ce moment, tournées et hit-parades se succèdent.

On ne peut pas quitter le disque sans signaler que Lucien Adès, l'actuel président du SNEPA, a été couronné meilleure vente mondiale 1975 des productions Walt Disney, y compris les États-Unis. C'est une performance. Le même Lucien Adès, dont le catalogue d'édition comprenait surtout, jusqu'à présent, des disques classiques et des disques pour enfants, prépare pour la rentrée une section Chansons.

Show

Du côté de la scène, plusieurs événements importants sont à noter. Michel Polnareff quitte provisoirement les États-Unis pour venir assurer en Europe la promotion du disque qu'il a enregistré là-bas. Soucieux d'éviter de nouveaux problèmes avec le fisc français (il n'en a déjà que trop !), il ne se produit pas à Paris, mais à Bruxelles, en octobre, à l'occasion du 20e anniversaire de Télé-Luxembourg. Un train spécial est mis sur rails pour la circonstance.

Gilbert Bécaud annonce, à grand renfort d'affiches, un Olympia 76 qui se déroule en fait fin 1975 : les artistes sont toujours en avance sur leur temps. Sa dernière prestation remonte à 1973. Entre-temps, il y a eu une opération sur les cordes vocales dont on se demandait comment elle allait tourner : au mieux ; le spectacle de Bécaud efface tous les mauvais souvenirs. Bécaud plus en voix, plus en moyens, et plus showman que jamais.