Monnaie

L'esprit de Rambouillet et le système monétaire

Née en juillet 1975 au plus profond de la crise économique mondiale, l'année étudiée en juin 1976 s'achève sous les auspices plus réjouissants d'un redressement des principaux pays ; commencée dans l'incertitude des discussions internationales, elle se termine sur la présentation d'un projet cohérent de système monétaire, prochainement soumis à la ratification des États. Toutefois, c'est encore dans la hausse des prix du pétrole qu'il faut trouver l'origine des principaux mouvements financiers internationaux.

Déficit

L'excédent des pays de l'OPEP diminue sous les effets conjugués de l'accroissement de leurs importations et du ralentissement de la consommation de pétrole : de 68 milliards de dollars au cours de l'année civile 1974, leur excédent de balance de paiements courants décline à 35 milliards de dollars en 1975. Dans le même temps, les grands pays industriels, sous l'effet de la récession, réduisent brutalement leurs importations : leur déficit de 1974 (11 milliards) se transforme en un excédent de 15 milliards, l'année suivante.

Le poids de ces deux excédents repose donc sur les petits pays industriels et les pays en voie de développement non pétroliers ; ces derniers ont vu leur déficit passer de 99 milliards de dollars en 1973 à 29 milliards en 1974, puis à 35 milliards en 1975. Début 1976, leur situation s'améliore : les cours des matières premières retrouvent leurs plus hauts niveaux de 1974, les pays industriels doivent reprendre leurs achats.

La crise économique et le déplacement de la charge du surplus pétrolier sont en partie à l'origine des changements qui ont affecté les relations monétaires internationales : confrontés aux mêmes difficultés, voulant éviter le retour aux errements de 1930, les grands pays ont achevé leurs discussions sur le nouveau système monétaire ; la gravité de la crise des pays en voie de développement, la conscience accrue de leur puissance économique et politique expliquent l'importance des mesures prises en leur faveur. Ces efforts n'ont cependant pas suffi à empêcher de vastes fluctuations sur les marchés des changes.

Conférences

La négociation entamée au sein du comité intérimaire du FMI à Paris, les 10 et 11 juin 1975, s'est poursuivie le 31 août à Washington entre les représentants des cinq plus grands pays industriels (USA, Japon, RFA, France et Grande-Bretagne). La finalité de la réforme (doit-elle tendre à un régime de parités fixe ?) et le rôle de l'or sont au centre des discussions. Au cours des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiennent du 1er au 5 septembre, l'accord se fait sur le rôle de l'or, la nouvelle répartition des quotes-parts et la nécessité d'aider les pays en voie de développement.

Du 15 au 17 novembre à Rambouillet a lieu la conférence des chefs d'État des six grands pays : l'Italie a, en effet, rejoint les cinq Grands. La France et les États-Unis, avec l'approbation des autres participants à la conférence, s'accordent sur le régime des changes du futur système monétaire.

Un document prévoit les consultations des autorités monétaires et les conditions dans lesquelles les pays peuvent intervenir pour réduire les fluctuations anormales des taux de change. Le 19 décembre, les ministres du groupe des Dix décident de soutenir l'accord passé entre la France et les États-Unis.

À la Jamaïque, les 7 et 8 janvier 1976, le comité intérimaire, qui comprend des représentants de tous les groupes d'États membres du FMI, aboutit à un accord qui « termine la première phase de la réforme évolutive du système monétaire international ». Un amendement aux statuts du FMI a donc été mis au point ; adopté par les gouverneurs, il doit maintenant être approuvé par les États membres à la majorité de 85 % des voix attribuées.

Nouveau système

D'après les experts du Fonds, le processus de ratification devrait durer environ quinze mois ; déjà, un point est acquis : le 31 mars 1976, les gouverneurs du FMI ont voté l'augmentation des quotes-parts versées par les États de 29,2 milliards à 39 milliards de DTS ; mais cette mesure ne doit prendre effet qu'après la révision générale des statuts. À cette occasion, les droits de vote des pays pétroliers passeront de 5 à 10 %, et les pays en voie de développement verront croître leurs possibilités d'emprunts puisque celles-ci dépendent des quotes-parts.