On constate que si, par exemple, dans la fonction publique, l'accord n'a été ratifié que par une partie des syndicats, aucun mouvement d'ensemble n'a été enregistré, à l'exception des débrayages, maintenant classiques, de certaines catégories d'enseignants ou de postiers.

Parallèlement aux négociations menées entre le CNPF et les confédérations syndicales, le gouvernement a mis à l'ordre du jour le problème des conditions de travail de ses propres salariés. Premier employeur de France, l'État doit donner l'exemple, devait préciser un communiqué émanant de Matignon début mai 1973.

Mesures en faveur des plus défavorisés

Le minimum de l'allocation vieillesse est porté de 3 650 F, le 1er janvier 1972, à 4 500 F, le 1er octobre, soit une majoration de 23 %. Deux décrets, signés le 11 octobre, portent à 2 100 F l'allocation aux vieux travailleurs salariés et à 2 400 F le Fonds national de solidarité.

Retraités

En septembre 1972, le gouvernement retient l'idée, pour revaloriser les pensions, de les calculer sur les dix meilleures années de salaire de la vie professionnelle de l'assuré. Le décret du 29 décembre 1972 réalise cette réforme. Cette amélioration est complétée par les versements du régime complémentaire de retraite, chaque salarié y étant désormais affilié (loi du 29 décembre 1972). Ce texte permet désormais aux quelque 300 000 personnes qui ne bénéficiaient pas d'un régime contractuel de retraite complémentaire de percevoir un complément à la pension versée au titre de la Sécurité sociale.

Veuves

Trois réformes récentes (la création d'une allocation d'orphelin ; l'assouplissement des conditions d'ouverture du droit à la pension de reversion ; l'assouplissement des conditions de reconnaissance de l'inaptitude au travail entre 60 et 65 ans) avaient déjà apporté une amélioration à la situation d'un grand nombre de veuves.

À titre de mesure complémentaire, le gouvernement décide, le 6 septembre 1972, d'abaisser de 65 à 55 ans l'âge d'attribution des avantages de reversion. Le décret du 11 décembre 1972 appliquant cette décision prend effet à partir du 1er janvier 1973. Il concerne environ 100 000 veuves, qui pourront de même obtenir le remboursement de leurs frais médicaux et pharmaceutiques.

SMIC

Deux séries de mesures ont été prises en faveur des travailleurs au SMIC :
– mesures de revalorisation : le SMIC passe de 4,55 F le 31 octobre 1972 à 4,64 F le 1er février 1973, soit une augmentation de 18,2 % (pour une progression moyenne des salaires de 12,4 %) ;
– mesures de mensualisation : le salaire minimal était un salaire horaire aux fluctuations économiques. Il est apparu nécessaire d'adapter le SMIC à l'évolution générale des habitudes de consommation. Désormais, tout salarié lié à son employeur par un contrat de travail à temps complet se voit garanti un salaire mensuel minimal égal au produit du SMIC par le nombre d'heures correspondant à la durée légale du travail pour le mois considéré (loi du 23 décembre 1972).

Travail féminin

À travail égal, salaire égal : la vieille revendication maintes fois affirmée par les textes fait l'objet d'une nouvelle réglementation. La loi du 22 décembre 1972 relative à l'égalité des rémunérations entre les hommes et les femmes interdit toutes discriminations de rémunérations fondées sur le sexe et annule de plein droit des décisions ou accords contraires à ce principe.

La loi habilite les inspecteurs du travail à constater par procès-verbal les infractions au principe de l'égalité des rémunérations.

Immigrés

Les travailleurs immigrés, logés en garnis, sont contraints le plus souvent à vivre dans des conditions exécrables.

La liberté dont ont joui certains exploitants de garnis, les marchands de sommeil, pour traiter les hébergés au mépris des règles les plus élémentaires d'hygiène et de salubrité, souvent à des prix de loyers critiquables, a conduit le gouvernement à envisager le dépôt d'un projet de loi concernant le problème de l'hébergement collectif.

Le texte soumis au Conseil des ministres du 13 décembre 1972 est adopté définitivement au début mai par l'Assemblée et le Sénat.