On ne parlera plus désormais d'OS dans la métallurgie, ni de manœuvre. Les uns et les autres se retrouvent classés comme ouvriers dans trois catégories ; O1, O2, O3, correspondant respectivement aux coefficients 135, 142 et 155.
Le travail des OS n'est pas modifié pour autant, et il s'agit donc en quelque sorte d'un changement de casquette. Cependant il est prévu que les OS pourront accéder à la qualification de P1 (où ils se retrouveront avec les professionnels débutants titulaires d'un CAP) sous certaines conditions, comme le fait d'accomplir une tâche réclamant des qualités d'initiative leur permettant de faire face à des situations imprévues.
Les trois catégories de professionnels (P1, P2, P3) subsistent avec les coefficients respectifs de 170, 190 et 210.
Mais les professionnels se voient offrir la possibilité d'une promotion avec la création de techniciens d'atelier (coefficient 235). Ils devront avoir une formation de P3 et être capables d'opérations connexes ou inhabituelles, ou encore de savoir exécuter des travaux de grande précision. Ces techniciens n'auront pas de fonctions d'encadrement, c'est-à-dire qu'ils ne se substitueront pas aux chefs d'équipe.
Les délégations CGT, CFDT, FO et CFTC ont décidé de consulter leurs mandants avant de faire connaître leur position définitive.
Sans doute le cas de la métallurgie est-il exceptionnel, mais il serait faux, pour autant, de penser qu'on ne négocie pas également dans la chimie, le textile, le pétrole, les banques ou les assurances. Tel est désormais le visage des relations professionnelles ; le conflit y côtoie en permanence la négociation.
La grève active
Une nouvelle forme de grève fait son apparition, le 18 juin 1973, aux établissements Lip de Besançon. Les salariés, menacés de perdre leur emploi en raison des difficultés financières de l'entreprise et privés de leur salaire depuis le 10 juin, décident de prendre en main la production et la vente des montres. Cette grève active, votée à la quasi-unanimité des ouvriers et des salariés et d'une partie des cadres, doit permettre de leur assurer un salaire dit de survie. Une décision de justice devait intervenir courant juillet, après le dépôt de bilan, tandis que des pourparlers s'engagent avec plusieurs groupes financiers.
Secteur public
Le calme règne dans le secteur public (au sens strict des entreprises à statut), à l'inverse de la situation d'avant 1968. Depuis quatre ans, les discussions de salaire ne sont plus le point de départ de l'action revendicative et même, s'ils ne sont pas ratifiés par tous, les accords s'appliquent sans contestation majeure.
Ainsi, à la SNCF, cinq fédérations de cheminots signent l'accord de 1973. Largement majoritaires, la CGT et la CFDT refusent leur signature, sans pour autant prévoir de grève. De toute façon la SNCF entre à son tour dans le régime de la politique contractuelle et la réforme entreprise va permettre aux salariés de tirer un avantage non négligeable avec la répartition de 0,7 % de la masse salariale. Aucun syndicat n'est entièrement satisfait de l'accord, mais tous ont bien le sentiment qu'il n'était pas possible d'aller plus loin.
À EDF-GDF, toutes les organisations ont signé un accord des salaires constituant le 3e avenant à la convention sociale du 10 décembre 1969.
Cet accord prévoit essentiellement une garantie de progression du pouvoir d'achat de 2,5 % en 1973, calculée à partir de l'évolution de l'indice des 295 postes.
En dehors du texte de l'avenant et en accord avec les organisations de salariés, les directions générales ont pris un certain nombre de décisions sur les points suivants :
– salaires : augmentation de 2 % du salaire de base au 1er janvier 1973, auxquels s'ajoute environ 1 % au titre de la consolidation de 1972 à valoir sur l'augmentation définitive qui ne sera connue qu'après publication de l'indice des prix de décembre 1972 ;
– durée du travail : retour aux quarante heures en deux étapes, par réduction d'une demi-heure au 1er juillet et une demi-heure au 31 décembre 1973.