Cependant, et c'est là un premier pas, un projet de statut des correspondants de presse – concernant l'octroi de garanties aussi bien pour le recueil et la communication des informations que leurs analyses ou commentaires – est soumis aux 17 pays membres du Conseil de l'Europe.

Nouveautés

L'année est marquée également par des revendications de salaires qui provoquent des grèves tournantes dans plusieurs quotidiens régionaux. Le mouvement s'étend jusqu'à ce que l'UNSJ appelle toutes les rédactions à une journée d'action le lundi 20 novembre 1972. Malgré une forte participation à la grève, la plupart des titres peuvent sortir avec une pagination réduite. Deux organes sont cependant complètement paralysés pendant vingt-quatre heures : l'AFP et l'UPI. À la revue Zoom, une augmentation de 10 % des salaires étant accordée, la grève cesse après neuf semaines.

Toutes ces difficultés que rencontre la presse seront-elles résolues par le ministère de l'Information ? Philippe Malaud voit placer sous son autorité le service technique et juridique de l'information et il exerce la tutelle de l'ORTF. Mais ce genre de ministère ne va pas sans soulever quelques réticences.

Le Point, concurrent direct de L'Express, bénéficie d'un lancement de choc : il est soutenu par Hachette. S'adressant aux cadres – marché difficile à conquérir, déjà sollicité par l'Express, le Nouvel Observateur, Valeurs actuelles –, il parvient à franchir le premier stade qu'il s'est proposé : 150 000 lecteurs.

Dès sa création, un imbroglio judiciaire s'élève à propos de son titre. Le Point a été déposé, il y a cinq ans, en Belgique, pour une publication de tendance gauchiste qui a connu une existence éphémère en France avant d'être interdite. Finalement, la 1re chambre de la cour d'appel de Paris reconnaît que le titre appartient à Hachette. Entre-temps, d'ailleurs, Le Point Politique-Hebdo cesse son exploitation.

Tribunaux

Pariscope a également des démêlés en contrefaçon avec une revue éditée sous le titre de Périscope. Condamné, Pariscope fait preuve d'originalité en modifiant chaque semaine son titre, qui devient Pariskoop, Pariscop, etc. Mais ce sont surtout les procès en diffamation qui pleuvent. Minute, assigné à plusieurs reprises, est plusieurs fois condamné. Le Monde, Combat et l'Humanité sont inculpés de diffamation publique envers le ministère de l'Équipement et de l'Aménagement du territoire pour la publication d'une lettre de Gabriel Aranda. Paris-Match, L'Express et Spécial dernière sont poursuivis pour avoir relaté une exécution capitale. Le directeur de Combat est poursuivi également pour offense au chef de l'État, et l'Express est assigné par le ministère de l'Agriculture à propos de l'affaire Degas. Quant à Georges Marchais, secrétaire général du PC, il porte plainte en « falsification de documents administratifs et usage de faux » contre Minute, Rivarol et La Nation socialiste. Les journalistes traînent rarement les journaux en justice pour diffamation. Pourtant, cette année, Michel Gordey (de France-Soir) et Pierre Charpy (directeur général de France-Soir) gagnent des procès respectivement contre l'Humanité et contre Le Canard enchaîné. Enfin, Alain Jaubert, journaliste scientifique, voit condamnés à treize mois de prison avec sursis, pour « violence illégitime », les trois agents qui l'ont frappé dans un car de police alors qu'il accompagnait un blessé après une manifestation. Lui-même, relaxé du chef de « rébellion à agents », est condamné pour « outrages à agents » à 500 F d'amende.

Étranger

Lors du IIe Congrès de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à Ankara, on constate que le nombre des pays jouissant de la liberté d'expression et d'opinion est en diminution. La situation est préoccupante en Turquie, où les arrestations et les poursuites contre les journalistes se multiplient : 754 procès sont en cours ; en Grèce, où les journaux demeurent soumis au pouvoir, et en Égypte où l'épuration qui survient à la suite des revendications de salaires et des protestations contre la censure élimine l'élite de la presse égyptienne.