Aucun des projets destinés à mettre fin à la distorsion existant en matière de TVA et de taxe sur les salaires n'est retenu pour les quotidiens.

Avenir

Ces mesures, étant donné leur caractère limité, ne peuvent satisfaire pleinement la profession, d'autant plus qu'elles ne règlent pas les problèmes qui se poseront à l'avenir. Ceux-ci sont exprimés notamment par le Syndicat national des journalistes (SNJ) lors d'un colloque organisé par la Fédération française des sociétés de journalistes et l'Union nationale des syndicats de journalistes (sauf la CGT) au Sénat.

Estimant que « les entrepreneurs de presse, pas plus que les journalistes ou l'État, ne peuvent prétendre au monopole de l'information », le SNJ déclare qu'ils ont « les uns et les autres des comptes à rendre sur la manière dont ils remplissent leur rôle de service public ». Il suggère pour cela la création d'un Conseil de l'information et celle d'un fonds de développement des entreprises de presse d'intérêt général, alimenté par une taxe additionnelle aux recettes publicitaires de l'ORTF, des versements effectués par les entreprises de presse d'intérêt général dont les recettes de publicité excèdent 49 % des recettes totales, et par une subvention du budget général.

Avec les risques d'aggravation des concentrations au cours des prochaines années, en raison de l'évolution technologique qui réclame des moyens financiers plus importants qu'aujourd'hui, le SNJ demande que soit défini un statut des entreprises d'information « différent de celui du droit commercial classique, mais adapté à chaque forme d'expression et de diffusion de l'information ». Affirmant que « l'indépendance des journalistes est un des garants d'une véritable liberté de l'information », il réclame le libre accès aux sources d'information et demande l'établissement de droits collectifs, entre autres la participation obligatoire à la désignation du directeur de la rédaction et à la définition de la politique rédactionnelle de l'entreprise.

Un autre colloque demande l'établissement d'une charte du droit à l'information qui compléterait le droit à l'instruction déjà reconnu à chaque citoyen. Enfin, et c'est là un point auquel tous les professionnels sont sensibles, il préconise une distinction entre les entreprises ayant pour objectif principal la recherche du profit et celles qui remplissent une mission de service public.

Liberté

De son côté, l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF) organise, en novembre 1972, un colloque sur les atteintes à la liberté des journalistes. Le réquisitoire, sévère, l'amène à examiner les rapports de la presse avec la publicité et les relations publiques, les pressions de l'État, administratives et politiques.

Au congrès de la Ligue des droits de l'homme, « les journalistes réclament, pour leur rédaction, le droit de s'opposer collectivement à des changements dans la direction ou l'orientation de leur journal au gré des modifications intervenant dans la structure financière des sociétés ».

Cela, toutefois, n'empêche pas les concentrations de continuer : L'Est républicain se rend acquéreur de la majorité des actions des Presses nouvelles de l'Est, qui publient en Franche-Comté Le Comtois, Les dépêches de Franche-Comté et Les dépêches du Centre-Est. Les syndicats de journalistes « exigent que soient préservés le caractère original et l'orientation particulière des rédactions concernées ».

Après les remous de l'année précédente (Journal de l'année 1971-72) un protocole d'accord est signé à Paris-Normandie. À France-Soir également, où la situation a été tumultueuse, un accord est conclu entre la direction du journal, la société des journalistes et l'intersyndicale (à l'exception de la CGT).

En invitant les journalistes à plus de prudence et de dignité et en déclarant que, selon lui, les journalistes de l'ORTF ne sont pas tout à fait comme les autres, le président de la République déclenche une série de protestations.

Autre question importante pour la profession, à laquelle aucune solution n'est encore apportée : celle de la protection des journalistes en mission périlleuse. Depuis la disparition de 19 journalistes au Cambodge, tous les pays sont conscients qu'il ne s'agit pas là d'un problème abstrait et qu'une réglementation internationale doit intervenir. Un accord basé sur la Convention de Genève du 12 août 1949, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, pourrait être soumis à l'assemblée générale des Nations-unies, mais des divergences de vues entre les États-Unis et l'URSS font renvoyer l'examen du projet à la prochaine session.