En Uruguay, le conseil permanent de l'épiscopat élève la voix contre les tortures pratiquées sur les détenus politiques Tupamaros.

Au Chili, en revanche, ce sont les difficultés rencontrées par le gouvernement de gauche, le malaise économique grandissant et l'instabilité politique qui posent à l'Église des problèmes complexes. D'autant plus que les chrétiens sont eux-mêmes profondément divisés. Le 21 octobre 1972, les évêques lancent un appel pour une « solution pacifique » de la crise. Ils demandent notamment aux chrétiens, « quel que soif le camp dans lequel ils militent, de donner le témoignage d'un esprit responsable, constructif et fraternel ». Mais, après les élections du 4 mars, marquées par un relatif succès de la gauche, une certaine tension apparaît entre l'Église catholique et le gouvernement du président Salvador Allende, après que celui-ci ait annoncé son intention de socialiser l'enseignement.

Les protestants

D'année en année il devient plus malaisé de séparer rigoureusement l'activité interne d'une des grandes confessions chrétiennes d'une sorte d'activité commune émergeant de toute part. Autrement dit, l'activité d'une confession et, a fortiori, d'une dénomination d'origine doctrinale ou nationale appartenant à une de ces confessions est de moins en moins délimitée par une frontière rigide. On pourrait presque dire déjà que la vie interne d'une Église particulière n'a d'intérêt que dans la mesure où cette vie manifeste l'interdépendance d'une chrétienté affrontée à la complexité du monde en mutation d'aujourd'hui.

Cela se vérifie à propos de telle conférence épiscopale catholique, de tel patriarcat orthodoxe ou, en l'occurrence, du protestantisme français. C'est pourquoi ce qu'il importe maintenant de rappeler, ce sont les faits et les événements qui, au cours de l'année écoulée, se sont inscrits dans un cadre universel. Il ne s'agit pas de donner la préférence à la tendance du mouvement ou à celle de la conservation (tendances, on le sait, qui divisent – le mot n'est pas trop fort – toute la chrétienté actuelle), mais de considérer, avec autant d'objectivité qu'il se peut, les faits tels qu'ils ont été vécus.

Or voici que, durant les mois passés, le protestantisme a connu un double phénomène de concordance : la première, quasi accidentelle, entre les événements du passé qu'il commémorait en 1972-1973 et les événements d'aujourd'hui, la seconde entre ses préoccupations et celles des autres Églises.

Luther

C'est surtout dans les pays à forte densité luthérienne (particulièrement en Allemagne) qu'aura été plus spécialement marqué l'anniversaire de la parution de la première traduction en allemand courant de la Bible par Martin Luther. C'est en effet après la diète de Worms que, caché par son protecteur Frédéric de Saxe au château de Wartburg, Luther donnera à l'Allemagne sa langue littéraire et sa première grande œuvre avec cette Bible dont la traduction intégrale ne sera terminée qu'en 1534.

Il est clair que cette publication de l'auteur du Petit Traité de la liberté chrétienne fut le symbole d'une libération très proche de celle que recherchent les hommes d'aujourd'hui. C'est, en tout cas, ce qui fut dit lors des commémorations.

Zwingli

C'est en Suisse qu'aura été célébré le 450^e anniversaire de la Dispute de Zurich (janvier 1523-janvier 1973). Rencontre ainsi nommée parce que Ulrich Zwingli y défendit les thèses de la Réforme devant le petit et le grand conseil du canton, en présence du clergé et de l'évêque de Constance. À l'issue de cette Dispute devait naître la première Église réformée du monde.