Pour le maréchal Tito et certains de ses amis à la tête de la Ligue, le régime est menacé sur deux fronts : celui de l'idéologie et celui du nationalisme.
Cela explique qu'ils relancent la Ligue dans la bataille. Alors que, vers la fin des années 60, Tito avait délibérément écarté les communistes de certains postes de commande, il revient sur cette orientation. Tout au long de l'année il réaffirme le devoir des communistes, non pas de s'immiscer dans les affaires de la fédération, mais d'intervenir à chaque fois qu'ils le jugent nécessaire.
Économie
L'autogestion est de plus en plus contestée. Ses limites apparaissent plus nettement. Et surtout la difficulté de concilier l'intérêt des entreprises autogérées et les exigences du développement du pays à long terme.
La situation de la classe ouvrière se dégrade alors qu'en même temps une classe de nouveaux riches (entrepreneurs, intermédiaires, commerçants, petits artisans) affiche un luxe qui provoque un malaise croissant. Une première campagne contre la corruption et l'affairisme est lancée fin 1972. Elle se poursuit au début de 1973.
Le mécontentement de la classe ouvrière est attisé par une inflation galopante. Au cours des six premiers mois de 1973, les prix augmentent de plus de 20 %. Le pouvoir d'achat, lui, baisse de près de 10 %.
Sur le plan des relations avec l'étranger, Belgrade poursuit sa politique d'équilibre. Tout en maintenant d'excellents rapports avec l'Occident (visite de la reine Élisabeth, la première dans un pays socialiste), la Yougoslavie signe avec Moscou un important accord économique en novembre. Mais le maréchal Tito rappelle à plusieurs reprises qu'il n'est pas question de réintégrer le giron de Moscou. Et il donne un éclat sans précédent aux grandes manœuvres militaires qui se déroulent à travers tout le pays en octobre 1972.