De leur côté les banques de dépôts s'initient au travail des banques d'affaires et se constituent un portefeuille de valeurs industrielles. Puis c'est la vague des regroupements. L'État montre l'exemple en fusionnant le Comptoir national d'escompte de Paris et la Banque nationale pour le commerce et l'industrie. La Banque nationale de Paris, née de cette fusion, prend d'emblée le sixième rang du classement mondial.

Les banques privées participent au mouvement : autour de noyaux durs comme la Compagnie financière de Suez et le Crédit industriel et commercial se créent de vastes nébuleuses financières. Dans le même temps, c'est, chacun pour soi, une véritable course au dépôt qui s'organise : on multiplie les guichets, qui passent de 4 000 en 1966 à plus de 6 500 en 1971, ou on essaie de les acheter.

Bataille mémorable

En 1968, la Compagnie financière de Suez et celle de Paris et des Pays-Bas se disputent en Bourse le contrôle du Crédit industriel et commercial, alors quatrième banque de dépôts française : une bataille mémorable.

Par rapport à ces années mouvementées, 1971 apparaît comme une année assez calme sur le plan des changements de structures à l'intérieur de nos frontières. La course aux accords internationaux a été la préoccupation dominante. C'est le Crédit Lyonnais, en réalisant fin 1970 avec la Commerzbank (quatrième banque allemande) une association étroite, qui a ouvert la voie. En janvier 1971, le Banco di Roma (troisième banque italienne) les rejoint. Très vite les deux autres banques nationalisées françaises vont suivre : la Banque nationale de Paris passe un accord avec la Dresdner Bank, l'Algemene Bank Nederland et la Banca Nazionale del Lavoro. De son côté, la Société Générale s'associe avec l'Amsterdam Rotterdam Bank, la Deutsche Bank, la Midland Bank, la Société générale de Banque (Bruxelles) et le Creditanstalt Bank Verein. En mars 1972 c'est au tour du CCF de réaliser son ouverture internationale.

L'objectif prioritaire de ces accords : intervenir en pool sur le marché financier international pour le financement des grandes entreprises et lutter contre la concurrence des banques américaines. Celles-ci, implantées à Londres, se sont lancées en 1971 à la conquête du continent et leur agressivité a surpris.

À partir du mois de mai 1971, et surtout après le 15 août, jour du fameux discours Nixon, la flottaison des monnaies complique très sérieusement leur tâche. Ce sont les banquiers français qui sont chargés de mettre en place le double marché du franc.

Sur le plan de l'activité, les banques ont heureusement trouvé quelques compensations aux soucis que leur ont causé l'avenir des monnaies. L'ensemble des crédits a atteint plus de 370 milliards de francs, soit une progression de 19 % par rapport à 1970, année marquée — il est vrai — par le contrôle du crédit. Du côté de la collecte des ressources, les résultats sont aussi favorables : l'épargne des Français s'est fortement accrue et les liquidités entrées en France du fait de la crise monétaire ont fourni d'importantes ressources. L'épargne recueillie par les banques s'est accrue de 30,9 % alors que les Caisses d'épargne, leur concurrent le plus redoutable, ne progressaient que de 16,4 %. Par ailleurs, même si 1971 pour les bénéfices n'a pas atteint les sommets de 1970, l'année peut cependant être considérée comme bonne.

Les taux sur le marché monétaire, là où les banques se procurent aujourd'hui 80 % de leurs ressources extérieures, sont passés de 7 1/8 % à la fin de 1970 à 5 1/4 % à la mi-décembre 1971. Payant moins cher leur matière première et vendant leurs crédits au même prix, les banques, malgré l'augmentation de leurs charges, ont fait en 1971 des bénéfices confortables. C'est peut-être la raison pour laquelle les structures n'ont pas connu de grands bouleversements. On a même assisté au mois de septembre à la signature d'un traité de paix entre la Compagnie financière de Suez et celle de Paris et des Pays-Bas dans le différend qui les opposait depuis 1968. C'est Suez qui, en définitive, reçoit de Paribas 25,5 du capital du Crédit industriel et commercial et en prend ainsi le contrôle. En échange, Paribas reçoit 80 % du capital de la Banque de l'Union parisienne. Mais cet accord, longuement et péniblement négocié, ne doit pas faire illusion. Dans les rapports d'assemblées générales pour l'année 1971, un mot revient sans cesse comme un leitmotiv : concurrence. Il y a cinq ans, c'était : réglementation. Et pour les banquiers français ça n'est plus seulement une question de vocabulaire...

Transports

Une morosité née d'une conjoncture difficile

Le transport par avion supersonique ne sera pas la seule nouveauté des prochaines années : le Concorde reliera Paris à New York en 1975 et, un peu plus tard, les Parisiens étrenneront la première ligne française d'Aérotrain, entre la Défense et Cergy-Pontoise. De Paris, ils pourront aller, sans quitter l'autoroute, en Belgique, Italie et Espagne, les 1 976 kilomètres d'autoroutes devant tripler d'ici 1978.