Départements et Territoires d'outre-mer
Afars et Issas
Stagnation économique
C'est dans un climat politique relativement détendu que se sont déroulées, en mars 1971, les élections législatives partielles, organisées après l'annulation du scrutin par le Conseil d'État dans les circonscriptions d'Ali Sabieh et d'Obock-Tadjoura. Elles confirment l'audience étendue de Ali Aref Bourhan, président du Conseil de gouvernement, et de ses amis.
En attendant une hypothétique réouverture du canal de Suez qui permettrait à l'économie du territoire de sortir de sa léthargie et de prendre le relais d'Aden, dont la déchéance est totale, les autorités fondent de sérieux espoirs sur l'énergie géothermique.
Les volcanologues Haroun Tazieff et Marinelli effectuent plusieurs voyages d'études ; il est question de produire de l'électricité à partir des masses d'eau et de vapeur emmagasinées à une température élevée dans le sous-sol volcanique.
Polynésie
Poussée des autonomistes
Les autonomistes ne désarment pas ; en septembre 1970, les 17 conseillers territoriaux autonomistes (sur les 30 que compte l'Assemblée) boycottent la visite officielle à Papeete de Henri Rey, alors ministre.
Une loi créant de nouvelles communes est votée le 18 décembre 1970 par l'Assemblée nationale. Il n'existait jusque-là que 4 communes (dont 3 situées à Tahiti), groupant 43 % de la population ; le reste du territoire était divisé en 120 districts, formant 5 circonscriptions (une par archipel).
La nouvelle loi étend l'organisation communale à la totalité du territoire ; 29 nouvelles communes sont créées.
Saisie du projet le 9 novembre 1970, l'Assemblée territoriale polynésienne ne s'était pas prononcée. Considéré par certains autonomistes polynésiens comme inacceptable, le vote de l'Assemblée nationale a suscité des remous dans l'archipel. Aux élections municipales du 2 mai, dans les 4 communes déjà en place, les candidats autonomistes arrivent en tête.
Nouvelle-Calédonie
Volonté de participation
Les autochtones, d'origine mélanésienne, qui représentent environ 50 % de la population de l'ile, estiment insuffisante leur participation à la vie politique locale. En décembre, ils créent l'Union multiraciale de la Nouvelle-Calédonie (UMNC), dont les cadres sont essentiellement formés de dissidents du parti de l'Union calédonienne. Elle revendique une représentation au sein des organismes élus et une réforme de la propriété foncière.
La rentrée politique de Maurice Lenormand, déchu en 1964 de son mandat de député, devrait permettre aux éléments les plus progressistes de la population européenne d'ouvrir le dialogue avec les autochtones. Cependant, les deux groupes raciaux n'ont pas les mêmes préoccupations immédiates et les Européens s'inquiètent surtout des rumeurs de départementalisation.
La mise en valeur du capital minier devrait, en principe, connaître une expansion importante avec l'installation d'une deuxième société extractrice de nickel, minerai dont la Nouvelle-Calédonie recèle 45 % des ressources mondiales connues, mais l'implantation du groupe américano-canadien de l'International nickel (INCO) se heurte à des difficultés administratives et juridiques.
Comores : ni « verts » ni « blancs »
Successeur de Saïd Mohammed Cheickh, dont la politique était largement contestée, le prince Saïd Ibrahim s'efforce d'apaiser les esprits et de réconcilier les différentes tendances politiques qui s'affrontent. Dans ces perspectives, il constitue, en janvier 1971, un nouveau gouvernement et dissout la Chambre en mars.
La Chambre des députés, élue sur une liste présentée par le défunt président, Saïd Mohammed Cheickh, ne correspondait plus à la situation présente. À cette époque, les luttes politiques étaient encore strictement circonscrites à de vives polémiques entre le parti blanc du prince Saïd Ibrahim et le parti vert de Saïd Mohammed Cheickh. Aujourd'hui, six partis politiques se disputent la clientèle électorale.
Par tradition, le nouveau président du Conseil de gouvernement devrait apporter son appui au parti blanc, celui des princes, auquel il appartenait autrefois ; d'autant plus que beaucoup de Comoriens souhaitent liquider les mauvais souvenirs laissés par la gestion du chef du parti vert. Mais le prince Saïd Ibrahim entend demeurer au-dessus des partis ; il a mis un soin particulier à composer son gouvernement : 4 Anjouannais, 4 Grands-Comoriens et un originaire de Mayotte.