À Caen, des incidents sporadiques opposent étudiants extrémistes de droite et de gauche.
Les affrontements entre ces deux tendances prennent une tournure particulièrement violente à Grenoble ; le 28 mai, un commando de Sud-Vietnamiens casqués et armés provoque la bagarre sur le campus ; l'affrontement se solde par 3 contre-manifestants blessés : deux par balle, un autre par un coup de sabre.
Les gauchistes déclenchent une opération de justice populaire, enlèvent un étudiant sud-vietnamien et le font comparaître devant une commission d'enquête constituée par le Secours rouge. L'affaire rebondit quand le Secours rouge annonce qu'il tiendra une réunion pour rendre publics les résultats de son enquête.
Cinq jeunes gauchistes commencent, le 8 juin, une grève de la faim pour obtenir une salle. Le calme revient le 14 juin 1971, le Secours rouge ayant décidé de renoncer à sa réunion pour respecter l'arrêté d'interdiction pris par le préfet de l'Isère.
À Lille, le 19 mars, une intervention massive de la police, venue perquisitionner à la suite d'une plainte déposée par le président d'une université, provoque de multiples protestations. Le conseil décide la fermeture de l'université pour deux jours.
Quelques grèves affectent également divers secteurs de l'enseignement supérieur. Les étudiants des instituts universitaires de technologie (IUT) se mettent en grève en février, pour plusieurs semaines. Ils protestent contre le système de contrôle des connaissances et réclament l'accès au deuxième cycle des universités.
Mouvements de grève également à Dijon, Besançon et Clermont-Ferrand parmi les étudiants en lettres hostiles à la réforme de la formation des maîtres. En février, l'université dans son ensemble est arrêtée par une grève de quarante-huit heures, déclenchée cette fois par les syndicats d'enseignants, de chercheurs, et toutes les catégories de personnel. Le mouvement est largement suivi ; il s'agit de protester contre l'insuffisance des moyens de l'enseignement supérieur et la précarité des statuts d'un grand nombre de personnels.
À la fin du second trimestre, l'École normale supérieure connaît à son tour une période d'agitation. Dès janvier, le climat s'était détérioré : protestant contre deux décrets réorganisant la discipline de l'École, les normaliens se mettaient en grève pour trois semaines. Le 20 mars, une fête révolutionnaire organisée dans l'école pour célébrer le centenaire de la Commune précipite les événements ; venus nombreux, les invités saccagent systématiquement les lieux ; les dégâts sont importants. Le 1er avril, R. Flacelière, directeur de l'école, donne sa démission. Le sanctuaire de la rue d'Ulm est fermé du 4 au 23 avril.
En juin, l'université de Vincennes est paralysée par la grève du personnel vacataire ; le 16, le vice-président de l'université, C. Frioux, est séquestré par le comité de grève. En même temps, un conflit oppose les dirigeants de l'université pilote au ministère ; le président Michel Beaud dénonce « la menace d'étouffement de l'expérience de Vincennes » et réclame des crédits ; il démissionne le 9 juin ; le 28, C. Frioux lui succède.
L'effervescence ponctuelle qui n'a jamais débouché sur une agitation généralisée n'a pas empêché les nouvelles institutions de se mettre en place. Fin avril 1971, les nouveaux patrons de l'université française (les présidents d'universités) prennent officiellement leurs fonctions. Ils ont été élus par les conseils d'université, eux-mêmes issus des conseils d'UER.
Ouvertes en novembre 1970, les élections des conseils d'UER se terminent au mois de février. Étudiants, enseignants, chercheurs et personnel administratif participent au scrutin. La consultation n'a pas donné lieu à de vastes campagnes électorales ; elle est passée inaperçue de l'opinion publique et de nombreux étudiants.
La participation à la désignation des dirigeants des universités, instituée après mai 1968, n'a guère suscité l'enthousiasme. Au total, moins d'un étudiant sur trois a voté et la plupart des représentants étudiants dans les conseils sont, malgré eux, des mal élus. La règle du quorum a été sévèrement appliquée, et certains conseils de direction d'UER ne comptent parmi leurs membres aucun représentant étudiant. Dans d'autres, très nombreux, les sièges réservés aux étudiants ne sont pas tous pourvus. Au total, pour toute la France, 400 étudiants siègent dans les conseils d'UER.