Des pétitions signées par des centaines de personnalités du monde entier s'amoncellent sur le bureau du général Ovando. Mais l'amnistie pour Noël n'aura pas lieu. « Après examen, déclare le président, le cabinet est arrivé à la conclusion qu'il n'existe aucun détenu politique. » Le jour de Noël, Régis Debray s'entretient avec un journaliste de l'ORTF : « La fraction la plus réactionnaire de l'armée qui me maintient ici, explique-t-it, sait parfaitement ce qu'elle fait en me gardant en prison, puisque au prochain coup d'État, ils auront l'occasion de régler le problème certainement de manière plus définitive. » Plusieurs fois encore, le gouvernement bolivien parle d'une libération possible. Puis il se rétracte. Pour le prisonnier de Camiri, la situation est claire. Il ne peut être libéré, dit-il, « que par une véritable révolution populaire ».
Brésil
90 840 000. 11. 3 %.
Économie. PNB (66) 333. Production (65) : A 30 % + I 27 % + S 43 %. Énerg. (67) : 392. C.E. (66) : 6 %.
Transports. (*67) : 13 590 M pass./km, 19 893 M t/km. (*67) : 1 533 400 + 953 700. : 1 294 000 tjb. (*67) : 3 210 027 000 pass./km.
Information. (67) : 242 quotidiens ; tirage global : 2 888 000 (66) : 2,5 M (63) : 1 973 000 fauteuils ; fréquentation : 314,5 M. (67) : 1 472 677.
Santé (66). 35 200.
Éducation (66). Prim. : 10 695 391. Sec. et techn. : 2 483 212. Sup. : 180 109.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : Garrastazu Medici, élu par le Congrès fédéral le 27 octobre 1969. Succède au président Costa e Silva.
Dégradation politique et économique
Après la proclamation, le 13 décembre 1968, de l'Acte institutionnel numéro 5, instituant une véritable dictature, une sévère répression s'est abattue sur tous les milieux de l'opposition. Entre janvier et juillet 1969, des centaines d'hommes politiques et d'intellectuels sont arrêtés ou privés de leurs droits politiques pour dix ans. Le 21 mai 1970, le Parlement approuve le décret gouvernemental du 26 janvier 1970 ; la censure préalable sur les livres et les périodiques est officialisée. Tout texte contraire à la morale et aux bonnes mœurs sera saisi. Cette loi suscite une vague de protestations des milieux intellectuels, écrivains, avocats, éditeurs, etc.
Parallèlement, on assiste au développement de mouvements révolutionnaires qui coordonnent peu à peu leur action sous la direction de l'ancien député communiste Carlos Marighela. Tué par la police le 6 novembre 1969, celui-ci est remplacé par l'ancien capitaine Carlos Lamarca. Les attaques-éclairs de banques et de casernes, permettant aux groupes révolutionnaires de se procurer des fonds et des armes, se multiplient.
Le 5 septembre, un commando d'extrême gauche enlève l'ambassadeur des États-Unis, Burke Elbrick, et n'accepte de le relâcher qu'après la remise en liberté de 15 prisonniers politiques, parmi lesquels le vieux leader communiste Lionel Brizzola.
Acheminés vers le Mexique par avion militaire, ces prisonniers confirment que les détenus politiques, et même de simples suspects, sont systématiquement torturés dans les prisons brésiliennes.
Cette humiliation sans précédent met à rude épreuve le régime militaire, déjà ébranlé par la disparition de la scène politique du maréchal Costa e Silva, frappé d'une thrombose cérébrale le 29 août 1969, alors même qu'il s'apprêtait à promulguer une nouvelle constitution, certes moins libérale que celle de 1967, mais qui aurait permis au régime de sortir de l'illégalité.
Le chef de l'État est immédiatement remplacé par un triumvirat militaire, qui écarte le vice-président Pedro Aleixo, auquel le pouvoir aurait dû normalement revenir.
La crise ouverte par l'enlèvement de l'ambassadeur des États-Unis oblige le triumvirat à céder la place à un nouveau président de la République, seul capable de maintenir l'unité des forces armées, alors très divisées. Après des négociations longues et difficiles menées à tous les échelons de la hiérarchie militaire, le général Garrastazu Medici, ami personnel du président Costa e Silva, est choisi, en dépit de l'opposition de certains officiers nationalistes, dont le général Albuquerque Lima. Élu le 29 octobre 1969 par un congrès rappelé pour la circonstance, mais épuré de quatre-vingt-dix de ses membres, le général Medici se prononce en faveur du « rétablissement de la démocratie », qui, selon ses propres aveux, a été « souvent bafouée » depuis 1964. Il reste à savoir si le nouveau chef de l'État pourra effectivement se dégager de l'emprise des ultras de la liña dura, qui avaient contraint le maréchal Costa e Silva à durcir sans cesse son régime.