Cet échec relatif s'explique par plusieurs facteurs : Cuba doit encore réaliser de grands progrès dans le domaine des transports pour acheminer la canne vers les sucreries. Or, si cet acheminement n'a pas lieu dans les deux jours qui suivent la coupe, la canne perd une partie de son sucre. Les installations techniques ont été, d'autre part, surestimées et ne parviennent pas à traiter toute la canne. La réorganisation de l'agriculture cubaine sous une forme militaire, le refus d'avoir recours à tout stimulant matériel, le recours, faute d'ouvriers agricoles compétents, à une main-d'œuvre urbaine souvent peu expérimentés expliquent également l'impossibilité d'atteindre les 10 millions de tonnes, dont plus de la moitié doivent être vendues à l'Union soviétique.
Rapprochement avec Moscou
L'autre événement marquant est le rapprochement de plus en plus net entre La Havane et Moscou. Le temps est bien fini où Fidel Castro accusait l'URSS d'avoir renoncé à sa mission révolutionnaire. Trois faits marquent ce rapprochement, que d'aucuns qualifient d'alignement : en juillet 1969, la visite d'une escadre soviétique ; en novembre, la visite de l'amiral Gretchko, ministre de la Défense soviétique, à Cuba. C'est la plus importante personnalité soviétique à se rendre à Cuba depuis la visite orageuse de Kossyguine, en juin 1967 (Journal de l'année 1966-67), au lendemain de sa rencontre avec le président Johnson à Glassboro.
En avril 1970, Raul Castro, ministre de la Défense, se rend à son tour à Moscou. Ces échanges de visites sont couronnées, le 22 avril, à l'occasion du centenaire de Lénine, par un très important discours de Fidel Castro dans lequel le chef de la révolution cubaine réaffirme son approbation de l'invasion de la Tchécoslovaquie, stigmatise les critiques de l'URSS et celles de Cuba. En même temps, il tente de justifier les efforts énormes de Cuba en faveur de son développement économique et récuse les critiques de certains militants révolutionnaires latino-américains qui lui reprochent de ne plus s'intéresser à l'exportation de la révolution cubaine.
Les détournements d'avions
Ce rapprochement entre Cuba et l'URSS se traduit paradoxalement par une diminution de la tension entre La Havane et Washington. Alors que les détournements d'avions se multiplient, Cuba rend régulièrement tous les appareils et met en vigueur une loi réprimant les détournements, à l'exception de ceux qui sont faits pour des raisons politiques.
Plusieurs pays d'Amérique latine, comme le Chili, font part de leur désir de reprendre des relations diplomatiques avec Cuba et critiquent le blocus imposé par les États-Unis. Le Chili rétablit ses relations commerciales avec Cuba.
Équateur
5 890 000. 22. 3,4 %.
Économie. PNB (67) 231. Production (66) : A 35 % + I 23 % + S 42 %. Énerg. (67) : 219. C.E. (67) : 16 %.
Transports. (*67) : 53 M pass./km, 66 M t/km. (*67) : 19 800 + 28 100. (*67) : 216 744 000 pass./km.
Information. (67) : 23 quotidiens ; tirage global : 241 000. (67) : *801 000. (67) : *71 000. (65) : 114 600 fauteuils ; fréquentation : 15,1 M. (67) : *45 000.
Santé (65). 1 698.
Éducation (66). Prim. : 851 117. Sec. et techn. : 134 307. Sup. : 16 047.
Institutions. République présidentielle. Constitution du 25 mai 1967. Président et chef de l'exécutif : Jose Velasco Ibarra, élu le 2 juin 1968 ; succède à Otto Arosemena Gomez. Le 22 juin, le président Ibarra s'arroge les pleins pouvoirs, suspend la Constitution et dissout le Congrès.
Guatemala
5 014 000. 44. 3,1 %.
Économie. PNB (67) 300. Production (66) : A 29 % + I 18 % + S 53 %. Énerg. (67) : 218. C.E. (67) : 141 %.
Transports. (*67) : 120 M pass./km. (*67) : 33 400 + 19 400. (*67) : 75 872 000 pass./km.
Information. (66) : 2 quotidiens ; tirage global : *180 000. (67) : *75 000. (62) : 72 500 fauteuils ; fréquentation : 9,7 M. (67) : 35 103.
Santé (65). 1 204. Mté inf. (66) : 91,5.
Éducation (65). Prim. 421 446. Sec. et techn. : 49 133. Sup. : 7 673.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1965. Président et chef de l'exécutif : colonel Carlos Arana Osorio, élu le 21 mars 1970 ; succède à Julio Cesar Mendez Montenegro.
Violence constante de la vie politique
Après dix mois d'un calme relatif, la violence reprend au Guatemala à partir de novembre 1969 et à l'approche de l'élection présidentielle du 1er mars 1970. Fusillades, enlèvements, assassinats politiques se multiplient, comme en 1967 et 1968. Une répression impitoyable s'était abattue sur les groupes d'extrême gauche après l'enlèvement, en août 1968, de l'ambassadeur des États-Unis, Gordon Mein, par un commando de guérilleros des forces armées rebelles (FAR). Le diplomate avait été mortellement blessé en essayant de s'enfuir. Pendant l'année qui suivit cet événement, le mouvement de guérilla fut moins actif. Il préparait en réalité sa réorganisation.
Séries d'enlèvements
Le 27 février 1970, le ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, Fuentes Mohr, est enlevé puis relâché en échange d'un des dirigeants des forces armées rebelles. Le 6 mars, c'est au tour de Sean Michel Holly, deuxième secrétaire de l'ambassade des États-Unis, échangé contre 3 guérilleros des FAR. Le 31 mars, enfin, Karl Von Spreti, ambassadeur d'Allemagne, est enlevé ; les FAR demandent la libération de 22 prisonniers politiques et une rançon de 700 000 dollars. Le gouvernement de Mendez Montenegro refuse, contre toute attente, d'accéder aux exigences des ravisseurs, qui exécutent le diplomate quelques jours plus tard. Ce tragique épisode suscite une vive émotion à Bonn, qui rappelle aussitôt son chargé d'affaires au Guatemala. Les dirigeants ouest-allemands ont, en effet, estimé que le gouvernement guatémaltèque portait une large part de responsabilité pour avoir adopté une attitude extrêmement intransigeante.