Productions
Énergie
Le pétrole consolide sa suprématie
L'évolution des industries de l'énergie se poursuit. Cette phase de profonde transformation modifie peu à peu sa physionomie.
Le rythme en est lent, en raison des énormes investissements mis en jeu, mais les orientations sont désormais claires et l'évolution est inéluctable : le charbon, énergie traditionnelle, est condamné à terme ; l'énergie atomique, garantie de l'avenir, traverse encore ses maladies d'enfance ; dans l'intervalle, le pétrole et, à un moindre degré, le gaz naturel s'affirment de plus en plus comme les ressources essentielles.
Le charbon
La production nationale de charbon a baissé de 5,5 millions de tonnes en 1968, soit de 11 %. Certes, la grève de mai-juin a fait perdre environ 2,2 millions de tonnes, mais, en tout état de cause, le repli de l'activité minière s'accélère. Le gouvernement a fixé aux Charbonnages de nouveaux objectifs, prévoyant d'ici 1975 une régression de 2 à 3 millions de tonnes par an. Il faut dire que la subvention de l'État, grâce à laquelle le charbon français soutient — plutôt mal — la concurrence des autres énergies, atteint 43 F par tonne (40 % du prix de revient).
Le reclassement professionnel des mineurs constitue le principal frein à la fermeture des mines. Sur ce point, 1968 marque un tournant : l'industrie automobile, attirée par la main-d'œuvre disponible et par les aides financières à la reconversion, a décidé d'importants investissements dans les régions minières.
Le pétrole
L'expansion de l'industrie pétrolière, en revanche, se confirme dans tous les domaines. La production de la zone franc s'est accrue de 9 %. En Algérie, l'augmentation est aussi de 9 % sur les gisements déjà connus. Les Algériens reprochent cependant à leurs partenaires français de prospecter chez eux avec insuffisamment d'ardeur, et d'investir trop volontiers en dehors de l'Algérie — en Libye par exemple, qui est devenue un gros fournisseur de la France (11 millions de tonnes), ou au Gabon, dont la production a triplé en deux ans, grâce à la découverte de nouveaux gisements marins.
Il est vrai que le gouvernement français poursuit assidûment sa politique de diversification des sources d'approvisionnement, notamment par l'intermédiaire du groupe ERAP (Elf et Pétroles d'Aquitaine), qui prospecte de nouveaux périmètres de recherche en Iran, en Irak, en Libye, en Indonésie et dans le Nord canadien. Cette dernière région présente un intérêt majeur : sa proximité avec l'Alaska, où les Américains viennent de découvrir un fabuleux gisement, comparable, dit-on, à ceux du Moyen-Orient.
Expansion aussi de l'industrie française du raffinage, dont la capacité est passée de 83 à 97 millions de tonnes.
Le développement de la consommation de gaz naturel a été assuré par la croissance des importations des Pays-Bas, en attendant la mise en service des gisements récemment découverts près de Lacq.
L'électricité
Pour la production d'électricité, l'atome n'est encore qu'un outsider : l'augmentation de son apport vient de la centrale franco-belge des Ardennes et du deuxième groupe de Chinon. L'événement de l'année est la mise en service à Porcheville du premier groupe de 600 MW, tête de série du nouveau palier technique abordé par l'Électricité de France. Or, les chaudières du groupe de Porcheville brûlent du fuel.
Les produits pétroliers sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans l'alimentation des centrales thermiques, et la guerre des prix pratiquée par les fournisseurs pétroliers a déjà eu un résultat : le gouvernement a pratiquement abandonné le projet de centrale atomique à Fessenheim, qui devait être le couronnement de la filière française à uranium naturel et gaz carbonique. En dépit des efforts considérables que le Commissariat à l'énergie atomique lui a consacrés, cette formule s'est révélée une impasse économique, ce qui pose de nouveau le problème de l'approvisionnement en uranium enrichi.
Métallurgie
Un gros effort d'investissement
L'année 1968 et les premiers mois de 1969 ont été dominés beaucoup plus par des décisions d'investissements importants que par les tendances changeantes de la conjoncture.