Le nouveau chef de la Maison-Blanche modifie également le projet de budget pour l'exercice fiscal 69-70 qui avait été préparé par le président sortant. Grâce au maintien de la surtaxe, à une légère diminution des dépenses militaires et à des coupes plus sombres dans les dépenses civiles et surtout dans celles de l'aide à l'étranger, il propose un excédent de 6 milliards de dollars environ.

La restauration de la confiance dans le dollar va de pair avec la restauration de la balance des paiements. C'est pour tenter de dégager de nouveaux débouchés aux produits américains que le président envoie, au printemps, son secrétaire au Commerce, Maurice Stans, en mission d'abord en Europe, puis en Asie. En Europe, Stans plaide en faveur d'une réduction des barrières tarifaires du Marché commun ; en Asie, il réclame une limitation volontaire de certaines exportations très compétitives sur le marché commun (les textiles notamment).

La campagne électorale et les élections

Dès le début de l'été 1968, avant même qu'il soit désigné comme candidat de son parti à la présidence, Richard Nixon faisait figure de vainqueur. Le doute n'allait s'installer que bien plus tard, une dizaine de jours avant les élections.

Au début du mois d'août 1968, la convention républicaine de Miami investit R. Nixon sans grand enthousiasme, comme par défaut. C'est à peine si le gouverneur ultraconservateur de Californie, Ronald Reagan, tente un baroud d'honneur.

Le seul suspense à Miami concerne le choix du candidat à la vice-présidence. On s'attend à ce que R. Nixon, pour mieux faire oublier le personnage qu'il joua sous Eisenhower et pour s'attirer la sympathie de certains libéraux, choisisse un homme de progrès comme colistier. Il n'en est rien. C'est sur Spiro Agnew, obscur gouverneur du Maryland et ferme défenseur de la loi et de l'ordre, que son choix se porte.

De toutes façons, le meilleur atout de Richard Nixon lui est fourni par ses adversaires démocrates, plus divisés que jamais entre, d'un côté, les partisans de L. Johnson et, de l'autre, les opposants à la guerre du Viêt-nam. Cette division va se manifester d'une manière sanglante à la convention démocrate de Chicago, à la fin août.

Le cabinet Nixon

David KENNEDY, secrétaire au Trésor, 63 ans. Il dirige l'une des plus importantes banques de Chicago lors de sa nomination. Partisan de l'orthodoxie financière.

Melvin LAIRD, secrétaire à la Défense, 46 ans. Il joue un rôle très important à la Chambre des représentants (élu depuis seize ans par le Wisconsin) lorsque Nixon le choisit pour diriger le Pentagone. Ancien partisan de Goldwater en 1964.

Spiro AGNEW, vice-président.

Richard NIXON, président.

John VOLPE, secrétaire aux Transports, 61 ans. Un des bosses de la machine républicaine du Massachusetts, dont il fut gouverneur. Entrepreneur de constructions publiques.

Robert MAYO, secrétaire au budget, 53 ans.

Robert FINCH, secrétaire à la Santé, à l'Éducation et au Bien-Être, 43 ans. Originaire de Californie, comme Nixon, dont il est l'un des hommes de confiance. Joue dans le gouvernement le rôle que Robert Kennedy jouait auprès de son frère. Il est chargé de superviser les problèmes intérieurs, en particulier les questions sociales et raciales.

William ROGERS, secrétaire d'État, 55 ans. Né à Norfolk (État de New York), d'origine modeste, on le retrouve auprès de R. Nixon à chaque étape importante de la carrière du président. Plus juriste que diplomate, il fut le ministre de la Justice d'Eisenhower.

Winton BLOUNT, secrétaire aux Postes, 48 ans. Originaire de l'Alabama, c'est un riche homme d'affaires ségrégationniste et conservateur.

John MITCHELL, secrétaire à la Justice, 55 ans. Important avocat de New York qui joua un grand rôle dans la campagne de Nixon. Il est partisan du respect de « la loi et de l'ordre ».

Maurice STANS, secrétaire au Commerce, 60 ans. Un self made man qui se hissa à la tête d'une importante maison financière de Chicago. Il fut directeur du budget d'Eisenhower.

George ROMNEY, secrétaire au Logement, 61 ans. Ancien directeur d'American Motors, ancien gouverneur du Michigan, considéré comme un républicain libéral, il songea à disputer l'investiture à R. Nixon, mais se retira de la course bien avant la convention.