Aucune issue n'apparaissait, lorsque le gouvernement, inquiet par l'approche des jeux Olympiques et soucieux d'offrir aux visiteurs le spectacle d'une capitale en ordre, n'évite plus l'épreuve de force.

Inflation et chômage

La magnificence des jeux Olympiques, les dépenses, en général improductives, que le gouvernement a dû engager pour les organiser, ont entraîné une vive controverse dans le pays. Pour l'opposition de gauche, le Mexique n'aurait pas dû sacrifier de telles sommes — le déficit des Jeux est évalué entre 200 et 250 millions de pesos — pour des dépenses de prestige. Avec une croissance démographique de l'ordre de 3,6 % par an — l'un des taux les plus élevés du monde —, il a d'autres problèmes, plus urgents, à résoudre. Le gouvernement réplique en insistant sur les nouveaux emplois qu'ont créés les Jeux et sur le surplus de touristes que les nouvelles installations permettront d'accueillir. Il insiste également sur la stabilité du peso et sur le dynamisme de l'économie mexicaine, l'une des plus saines de l'Amérique latine, en dépit de certains déséquilibres. Si l'économie mexicaine semble effectivement capable d'absorber les dépenses occasionnées par les Jeux, depuis elle n'en accuse pas moins le coup : pour la première fois depuis longtemps, les prix ont beaucoup augmenté (de 8 à 10 %) et le chômage s'est accru.

Un terrible bilan

L'affrontement a lieu le 2 octobre ; il est sanglant. À la suite, semble-t-il, d'une provocation, la police ouvre le feu à plusieurs reprises sur les étudiants qui participaient à un meeting, fort calme jusque-là, place des Trois-Cultures. Officiellement évalué à 35 morts, le bilan de cet épisode — le plus sanglant de toute la crise — se monterait à 300 victimes.

L'attaque de la place des Trois-Cultures décapite littéralement le mouvement étudiant ; la plupart des leaders sont arrêtés dans les jours qui suivent. Le président Diaz Ordaz peut ainsi passer le cap des jeux Olympiques (du 12 au 24 octobre 1968), puis celui de la nouvelle année, sans qu'on puisse cependant parler d'un retour à la normale.

La crise, par son ampleur, a dépassé le cadre de l'université, l'une des réalisations dont le régime mexicain était le plus fier. Elle a mis en relief le divorce de plus en plus net entre la jeunesse intellectuelle et les héritiers de la révolution de 1910. Ce ne sont pas les structures de l'université qui ont été mises en accusation, mais le parti qui détient les rênes du pouvoir depuis plusieurs dizaines d'années, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI).

C'est le procès d'une révolution endormie qu'ont fait les étudiants de Mexico et d'autres villes universitaires du pays, une révolution qui a maintenant ses privilégiés, son appareil bureaucratique, qui est empêtrée dans l'absence de démocratie interne et dans un langage qui ne traduit plus la réalité.

S'ils ont inquiété le régime, les étudiants n'ont pas pu l'ébranler sérieusement : le PRI contrôle presque toutes les couches de la société, depuis les hommes d'affaires jusqu'aux syndicats ouvriers et paysans, sans oublier la quasi-totalité de la presse.

La querelle pourrait rebondir

Officiellement socialiste, il sait donner satisfaction aux uns et aux autres, grâce à une politique sociale indéniable, aux encouragements donnés aux industriels (5 % des familles se partagent environ 40 % du revenu national), au freinage de la réforme agraire et à une politique étrangère indépendante des États-Unis, mais relativement compréhensive à leur égard — c'est ainsi que le Mexique, seul pays du continent à avoir des relations diplomatiques et aériennes avec Cuba, n'en fiche pas moins systématiquement tous ceux qui font escale sur son territoire.

La crise universitaire a eu des répercussions à l'intérieur du PRI lui-même, dont la fraction la plus conservatrice a tenté de discréditer à cette occasion l'aile gauche.

Carlos Madrazo, leader des jeunes Turcs du PRI, chassé de sa présidence en 1966, a été accusé de complot avec les étudiants. Cette querelle pourrait prendre une nouvelle ampleur à l'occasion de la désignation du prochain candidat du parti. Le mandat du président Diaz Ordaz se termine en 1970.

Nicaragua

1 848 000. 13. 3,6 %.
Économie. PNB (66) 360. Production (63) : A 35 % + I 19 % + S 47 %. Consomm. énergie (*66) : 266 kg e.c.
Transports. (65) : 51 M pass./km, 13 M t/km. (65) : 13 000 + 5 000. (*66) : 45 050 000 pass./km.
Information. (65) : 6 quotidiens ; tirage : 81 000 sur 5 quotidiens. (66) : *105 000. (66) : *19 000. (63) : fréquentation : 7,5 M. (66) : 12 713.
Santé (65). 647 .
Éducation (65). Prim. : 206 349. Sec. et techn. : 26 577. Sup. : 3 343.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1950. Président et chef de l'executif : général Anastasio Tachito Somoza, élu le 5 février 1967. Il succède à Lorenzo Guerrero, président intérimaire après le décès de René Schick Gutierrez, le 3 août 1966.

Panama

1 372 000. 17. 3,3 %.
Économie. PNB (66) 542. Production (66) : A 23 % + I 24 % + S 53 %. Consomm. énergie (*66) : 1 143 kg e.c.
Transports. (*66) : 32 500 + 10 700.  : 4 756 000 tjb.
Information. (66) : 12 quotidiens ; tirage : *101 000 sur 8 quotidiens. (65) : *500 000. (66) : *77 000. * (60) : 52 000 fauteuils. (66) : 47 967.
Santé (66). 417 .
Éducation (64). Prim. : 196 412. Sec. et techn. : 51 024. Sup. : 5 994.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1946. Président de la junte provisoire du gouvernement : colonel José Maria Pinilla, qui renverse Arnulfo Arias le 12 octobre 1968. Partis politiques interdits.

L'armée solidement au pouvoir

Arnulfo Arias, sorti vainqueur, après d'interminables contestations, des élections présidentielles de mai 1968, n'aura pas exercé longtemps ses nouvelles fonctions. Investi le 1er octobre, il est renversé une dizaine de jours plus tard par un groupe d'officiers supérieurs de la garde nationale — la seule force armée panaméenne — qui refusent la réorganisation de ce corps et l'exil doré où le nouveau président voulait les envoyer.