La rencontre Trudeau-Couve de Murville ne suffit pas à liquider le contentieux franco-canadien. Il rebondit à l'occasion de la visite officielle à Paris, en janvier 1969, de Jean-Guy Cardinal, agissant au nom du Premier ministre québécois. Depuis longtemps, le Premier ministre québécois devait se rendre en France pour rendre la visite effectuée en 1967 par le général de Gaulle.

Prévue pour juillet 1968, puis pour octobre, la visite de Daniel Johnson se trouvait définitivement annulée par sa mort. Atteint à son tour d'une attaque cardiaque, Jean-Jacques Bertrand y renonce et délègue pour le représenter J.-G. Cardinal.

Plus prudent que dans l'affaire Rossillon, Trudeau refuse de suivre la presse anglophone dans la querelle qu'elle cherche à cette occasion au général de Gaulle.

Le Premier ministre, il est vrai, est déjà absorbé par les conclusions à tirer du réexamen général de la politique étrangère canadienne, réexamen ordonné au moment de son arrivée au pouvoir.

Les conclusions de cette longue étude se révèlent en définitive beaucoup moins radicales qu'on ne l'avait cru. Le Canada reste dans l'OTAN, mais décide de réduire progressivement ses forces stationnées en Allemagne (moins de 10 000 hommes) pour se consacrer à la défense du continent nord-américain et tenir compte de l'évolution de la situation depuis la création de l'Alliance atlantique.

Le réseau de missiles antimissiles

Cette décision, aussi minime soit-elle, n'en est pas moins mal accueillie à Bonn et à Washington, où l'on craint qu'elle ne relance au congrès américain un mouvement en faveur de la réduction des forces américaines en Europe.

Trudeau, pourtant, avait averti personnellement de sa décision le président Nixon au cours d'un voyage à Washington les 24 et 25 mars 1969. En même temps, il lui faisait part de l'inquiétude que causait au Canada la décision du chef de la Maison-Blanche de poursuivre l'installation d'un réseau de missiles antimissiles (destinés à intercepter une éventuelle attaque soviétique) à proximité de la frontière canadienne. Cette proximité signifie pour les Canadiens que toute interception aura lieu à la verticale de leur territoire.

Trudeau avait également confirmé au cours de son voyage à Washington sa décision la plus importante : celle de reconnaître le régime de Pékin et d'établir des relations diplomatiques normales avec lui.

Des premiers contacts ont lieu à la fin de l'hiver, à Stockholm, entre Canadiens et Chinois. Ils laissent bien augurer des négociations, la Confédération canadienne étant prête à rompre ses relations avec le gouvernement de Formose pour parvenir à un accord avec Pékin.

États-Unis

201 152 000. 21. 1,3 %.
Économie. PNB (66) 3 842. Production (66) : A 3 % + I 37 % + S 59 %. Consomm. énergie (*66) : 9 595 kg e.c.
Transports. (*66) : 27 620 M pass./km, 1 090 162 M t/km. (*66) : 77 959 300 + 14 884 300.  : 20 333 000 tjb. (*66) : 128 565 763 000 pass./km.
Information. (66) : 1 754 quotidiens ; tirage global : 61 397 000. (66) : *262,7 M. (66) : *74 100 000. (65) : *6 295 000 fauteuils ; fréquentation : *2 228 M. (66) : 98 789 000.
Santé (65). 288 671 . Mté inf. (66) : 23,7.
Éducation (65). Prim. : 31 916 500. Sec. et techn. : *17 127 500. Sup. : 5 526 325.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Richard Milhous Nixon, élu le 5 novembre 1968 ; succède à Lyndon B. Johnson.

L'Administration Nixon a choisi d'assouplir ses positions internationales

Élu à la présidence des États-Unis le 5 novembre 1968, après avoir battu le démocrate Hubert Humphrey et le ségrégationniste George Wallace, Richard Nixon entre en fonctions le 20 janvier 1969. Dans son discours d'inauguration, il définit en trois mots la politique qu'il va s'efforcer de mener à bien : « baisser le ton » de l'Amérique.

Vers un nouveau réalisme

C'est avant tout à la politique étrangère que va s'intéresser le successeur de Lyndon Johnson, même s'il ne peut pas ignorer les graves problèmes intérieurs du moment. Ne doit-il pas, d'ailleurs, son entrée à la Maison-Blanche à la crise de confiance et de conscience entraînée par l'engagement croissant et sans issue des États-Unis dans la guerre du Viêt-nam ?