Éducation

Un quart des Français sont scolarisés

11 millions et demi de Français — presque 1 sur 4 — fréquentent une école ou une université. 500 000 fonctionnaires environ travaillent pour l'Éducation nationale (« la plus grande affaire de France, peut-être même d'Europe », affirmait Christian Fouchet).

Peu de personnes ne se sentent pas concernées par des problèmes d'enseignement, et les débats sur l'éducation sont suivis avec passion, parfois avec inquiétude, par l'ensemble de l'opinion publique ; les grands journaux d'information leur consacrent une large place. Chacun s'interroge sur l'avenir des institutions scolaires et universitaires.

11 millions et demi de jeunes Français scolarisés en 1966-67, cela signifie 300 000 de plus que l'an dernier, un million de plus qu'en 1962, deux fois plus qu'en 1950, c'est-à-dire un accroissement énorme et continu des effectifs.

Scolarité jusqu'à 16 ans

Il y a à cela plusieurs raisons.

Démographiques d'abord. Le baby-boom de l'après-guerre fait encore sentir ses effets : les enfants de 1946 viennent de faire leur entrée à l'université. Cette explosion n'a pas été suivie d'une récession : depuis dix ans, plus de 800 000 naissances par an, et le record de 1946 est égalé depuis deux ans.

Raisons psychologiques, ensuite. De plus en plus les parents estiment, à juste raison, que leurs enfants doivent poursuivre leurs études au-delà de l'âge de la scolarité obligatoire, c'est-à-dire 16 ans, s'ils veulent trouver une place dans la société et s'adapter aux mutations sociales et technologiques qui s'annoncent.

50 % des enfants de 11 à 17 ans vont au lycée ou au collège, alors qu'il n'y en avait que 35 % en 1955.

Cette poussée ne se limite pas à l'enseignement secondaire. La plupart des bacheliers tentent leur chance dans l'enseignement supérieur. Les effectifs des universités ont doublé entre 1960 et 1965, c'est-à-dire avant la vague démographique de l'après-guerre.

Si les Français désirent voir leurs enfants rester à l'école le plus longtemps possible, ils demandent également à les y mettre plus tôt, le travail des femmes tendant à se généraliser.

Les écoles maternelles françaises sont parmi les plus réputées du monde : corps enseignant remarquable, méthodes pédagogiques modernes. D'autre part, la France est — avec la Belgique — l'un des pays qui scolarise le plus de petits enfants. L'équipement reste néanmoins très insuffisant par rapport aux demandes. Les écoles n'acceptent pas les enfants de moins de 3 ans, parfois même de 4 ans, et les classes comptent souvent plus de 50 enfants.

L'Éducation nationale se tient fermement à une doctrine : la scolarité n'est obligatoire qu'à partir de 6 ans. Elle n'est donc pas tenue légalement d'accueillir les enfants plus jeunes. Toutefois, les sénateurs ont demandé que cette limite soit abaissée à 3 ans. En effet, l'école maternelle permet d'apporter les premiers rudiments culturels aux enfants des milieux sociaux défavorisés, et, en ce sens, elle est un élément de démocratisation de l'enseignement.

La suppression de classes

Le nombre d'enfants dans les écoles primaires baisse légèrement depuis quelques années. Ce phénomène est dû à l'application progressive de la réforme de l'enseignement, qui prévoit la suppression des classes de fin d'études. Les enfants quittent donc de plus en plus l'école primaire à 14 ans pour entrer dans les collèges d'enseignement secondaire.

Malgré cette diminution des effectifs, les besoins en locaux restent importants, en raison des migrations de populations, en particulier vers les quartiers qui sont édifiés à la périphérie des villes. 170 000 places ont été offertes cette année dans des locaux neufs.

Dans les campagnes — et aussi dans le centre des grandes villes comme à Paris —, les effectifs des écoles primaires diminuent. Lorsqu'ils deviennent trop faibles, on ferme les écoles ou on supprime des classes. Toutefois, de telles mesures, toujours impopulaires, sont prises avec précaution, et le syndicat national des instituteurs, soutenu par les ruraux, proteste fréquemment, estimant que cela revient à accélérer la mort des petites communes.