Chrono. : 25/02.

Guinée

Les 2 et 3 février, à Conakry, une mutinerie de soldats provoque le départ du ministre de la Défense. Les mutins s'emparent de la radio, annoncent la suspension de la Constitution, puis emprisonnent le chef de l'État, le général Lansana Conté, au pouvoir depuis 1983 et réélu en 1995 au terme d'un processus de démocratisation. M. Conté, finalement maintenu dans ses fonctions par les rebelles, nomme en juillet un Premier ministre, fait sans précédent depuis l'indépendance. Il choisit Sidia Touré, technocrate et homme d'affaires qui avait été directeur du cabinet du chef de gouvernement ivoirien Alassane Ouattara. On note également le départ d'Alsény René Gomez, jusque-là très puissant ministre de l'Intérieur.

Chrono. : 3/02.

Sierra Leone

Afin de rendre le pouvoir aux civils et pour ouvrir des négociations avec la rébellion du RUF (Revolutionary United Front) de Foday Sanko, le général Julius Maada Bio prend le pouvoir en janvier, écartant ainsi le capitaine Valentine Strasser, à la tête du pays depuis le coup d'État de 1992. M. Maada Bio remet les pouvoirs présidentiels, en mars, à Ahmad Tejan Kabbah, un diplomate musulman élu au suffrage universel avec près de 60 % des suffrages. Ne s'estimant pas concernée, la rébellion du RUF, qui s'était renforcée en 1995, ne participe pas au processus de normalisation politique. Elle signe cependant un accord de paix avec les nouvelles autorités le 30 novembre à Abidjan.

Chrono. : 16/01, 26/02, 17/03.

Liberia

Le 3 septembre, à Monrovia, Ruth Perry prend ses fonctions de président du Conseil d'État, l'instance dirigeante du Liberia prévue par les accords d'août 1995, qui ont mis fin à la guerre civile. Première femme à devenir chef d'État en Afrique, ne serait-ce qu'à titre transitoire, Mme Perry a été désignée à ce poste par les dirigeants de la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest). Le Conseil d'État comporte toujours les trois principaux chefs de guerre libériens, Charles Taylor (National Patriotic Front of Liberia, NPLF), Alhadji Kromah (Ulimo mandingue) et George Boley (Conseil pour la paix au Liberia, LPC). Les accords d'août 1996, qui prévoyaient le désarmement des combattants des différentes factions et des sanctions contre les chefs de guerre non respectueux des accords signés, ainsi qu'une aide médicale et logistique de la Côte d'Ivoire, mettent fin à la recrudescence des hostilités au début de 1996. Les derniers combats auraient provoqué l'exode de plus de 700 000 Libériens vers les pays voisins (Guinée, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, Ghana).

Chrono. : 8/04.

Côte d'Ivoire

Après la présentation d'un vaste plan de lutte contre « la criminalité et le grand banditisme », le président Henri Konan Bédié remanie le gouvernement ivoirien en août. Cette mesure limitée et technique exprime sans doute une volonté de reprise en main du pays, alors que l'opposition fait preuve d'une certaine vitalité. Léon Konan Koffi, vétéran de la politique ivoirienne et ministre des Cultes et du Dialogue avec les partis et groupements politiques, a notamment dû quitter le gouvernement. Parallèlement, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan cherche à promouvoir l'économie ivoirienne à l'étranger, notamment auprès des États-Unis et de la Chine, la récolte cacaoyère de 1995-1996 ayant atteint l'impressionnant record de plus de un million de tonnes.

Ghana

Aux élections de décembre, le président Jerry Rawlings, qui a donné une façade démocratique à un régime d'origine militaire, est réélu sans surprise pour quatre ans, les émeutes de l'année précédentes, au moment de l'introduction de la TVA, n'étant plus qu'un souvenir.

Togo

Au Togo, la période de contestation de l'autorité présidentielle, inaugurée au début de la décennie, a bel et bien pris fin. Le Premier ministre Edem Kodjo, qui s'opposait de plus en plus à la politique du président Gnassingbé Eyadéma, démissionne en août. Kwassi Klutsé forme alors un nouveau gouvernement composé presque exclusivement de partisans du chef de l'État, qui dispose désormais d'une majorité de soutien à l'Assemblée nationale.

Bénin

En mars, le général Mathieu Kérékou, ancien dictateur marxiste et première victime africaine de la vague de démocratisation, battu en 1991 par Nicéphore Soglo, est élu président avec 52,5 % des suffrages. Ce retour spectaculaire est à mettre au crédit de son âge (avantage considérable en Afrique), ainsi qu'au vote massif du nord du pays. La lassitude des Béninois devant l'affairisme de l'ancien chef de l'État et de sa famille a fait le reste. Adrien Houngbédji, arrivé en troisième position lors du premier tour de l'élection présidentielle, avait ensuite apporté son soutien au nouveau président, bien qu'il ait été condamné à mort en 1975 sous la dictature militaro-marxiste. C'est lui que le nouveau président nomme Premier ministre. Il forme alors un gouvernement fondé sur une nouvelle et parfois surprenante coalition, dont le ciment principal demeure l'hostilité à M. Soglo.