Chrono. : 26/04.

Kenya

Les principaux partis de l'opposition, au Kenya, se regroupent en janvier et mettent sur pied un secrétariat interparlementaire, en vue des élections présidentielle et législatives prévues pour 1997. Cette alliance électorale comporte les deux formations rivales issues du Forum pour la restauration de la démocratie (FORD) – le FORD-Kenya et le FORD-Asili –, le Parti démocratique du Kenya et la Safina (« l'arche de Noé ») du paléontologue blanc Richard Leakey. Si Kenneth Matiba, le leader du FORD-Asili, refuse de signer l'accord, il n'est pas suivi par les parlementaires de son parti. L'opposition désigne Kijana Wamalwa (FORD-Kenya), comme candidat à la présidence, et Mwai Kibaki (Parti démocratique), à la vice-présidence.

Tanzanie

Les résultats des élections présidentielle et législatives d'octobre 1995, qui ont vu la victoire de Benjamin Mkapa (chrétien né sur le continent) et du Chama Chu Mapinduzi (CCM, parti de la Révolution, ex-parti unique), continuent à faire l'objet de multiples contestations, notamment dans l'île de Zanzibar (majoritairement musulmane), où le Front civique uni (CUF, la principale formation de l'opposition insulaire) conteste la légitimité du gouvernement de l'île. Au début de l'année, l'ex-président Julius Nyerere tente de convaincre le leader du CCM de l'île de Zanzibar, Salmin Amour, de former un gouvernement d'union avec le CUF. Il ne parvient pas à se faire entendre, et plusieurs pays européens décident de suspendre leur aide à Zanzibar tant que la situation n'y sera pas normalisée. En juin, cependant, lors de visites en Europe, le chef du CUF, Seif Sharrif Hamad, fait savoir qu'il est prêt à ouvrir le dialogue avec le gouvernement de Zanzibar. Sur la partie continentale de la Tanzanie, Benjamine Mrema, leader de la Convention nationale pour la reconstruction et la réforme (NCCR, principal parti d'opposition, battu aux élections de 1995), dénonce en août le rôle du ministre des Finances dans une retentissante affaire de corruption. Par ailleurs, l'ex-président Nyerere joue un rôle diplomatique important en tant que médiateur dans la crise au Burundi.

Somalie

Jusqu'à sa mort, en août, le général Mohamed Farah Aïdid, président par intérim, élu par ses partisans en 1995, poursuit la guerre contre ses rivaux. Le principal est Ali Mahdi, autre président par intérim, désormais allié avec Osman Ali Atto, ancien bras droit de Farah Aïdid, mais une nouvelle faction, l'Armée rahanwein de résistance (RRA), est venue compliquer encore la donne. Le général « Morgan », gendre de l'ancien président Siyad Barre, tient toujours la ville côtière de Kisimayo. À la mort de Farah Aïdid, son fils Hussein (élevé aux États-Unis par sa mère divorcée, il a servi – ironie de l'histoire – dans le corps des marines américains, lors de l'opération des Nations unies en Somalie) est élu à son tour président par intérim par les partisans de son père. Il rejette immédiatement la proposition de cessez-le-feu d'Ali Mahdi. En octobre, cependant, MM. Aïdid, Mahdi et Atto se rencontrent à Nairobi et conviennent d'une cessation des hostilités, qui sera, toutefois, de courte durée.

Au Somaliland – qu'aucun État étranger n'a reconnu jusqu'à présent –, le président Mohamed Ibrahim Egal reproche à Hassan Gouled Aptidon, président de Djibouti, sa tolérance envers les milices issas de Djibouti, qui militent pour le rattachement de la partie ouest du Somaliland à l'ex-colonie française.

Chrono. : 1/08.

Djibouti

La lutte pour la succession du président Hassan Gouled Aptidon, âgé et malade, occupe le devant de la scène politique. Le chef de l'État favorise son neveu et chef de cabinet Ismael Omar Guelleh, soutenu par le Premier ministre Barkat Gourat Hamadou. En août, 5 opposants, dont l'ancien ministre des Affaires étrangères, Moumin Bahdon Farah, sont condamnés à six mois de prison pour avoir fondé un groupe d'opposition au sein du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP, parti gouvernemental). En janvier, le ministre français de la Défense Charles Millon déclare que la France maintiendra son dispositif militaire à Djibouti. En avril, un incident frontalier entre troupes djiboutiennes et érythréennes avive la tension entre Djibouti et Asmara, qui revendique une bande du territoire djiboutien faisant 20 km de large.

Érythrée

L'Érythrée et le Yémen, qui avaient sollicité la médiation de la France, signent en octobre un accord aux termes duquel ils soumettent à un arbitrage international leur différend sur l'archipel des Hanish, en mer Rouge, où des forces érythréennes avaient occupé fin 1995 l'île de la grande Hanish. En février, le président érythréen Issaias Afeworki (copte) se rend en Israël. La tension avec le régime intégriste musulman du Soudan (avec qui Asmara a rompu les relations diplomatiques) va s'accentuant. Le gouvernement attribue les locaux de l'ancienne ambassade soudanaise à l'Alliance démocratique nationale, qui regroupe les mouvements d'opposition soudanais. Khartoum soupçonne Asmara d'aider la révolte des Béjas au Soudan et d'être favorable à la sécession du Sud-Soudan. À l'intérieur, le pouvoir érythréen est contesté par un mouvement rebelle dominé par des islamistes, le Front de libération érythréen-Conseil révolutionnaire (ELF-RC).