Un journaliste français, Olivier Quemener, est assassiné à Alger ; son confrère australien est blessé. Le 21, le libraire Joaquim Grau sera le sixième Français à être abattu par les islamistes.

Lors d'un meeting devant le mausolée de l'imam Khomeiny, un homme tire plusieurs coups de feu en direction du président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Le même jour, deux policiers sont tués lors d'affrontements dans le sud-est du pays.

Omar Raddad, un jardinier marocain de 32 ans, reconnu coupable du meurtre, en juin 1991, de son employeur, Ghislaine Marchal, est condamné à dix-huit ans de réclusion. Avant de mourir, la victime avait eu le temps d'écrire sur une porte avec son sang « Omar m'a tuer ». Toutefois, plusieurs observateurs font remarquer que l'enquête a été menée de façon souvent incomplète, et s'étonnent par ailleurs d'une telle faute d'orthographe chez une femme réputée cultivée. L'avocat de Raddad, maître Jacques Vergés, met en cause le racisme du jury, tandis que 18 avocats signent une pétition sur le principe de la présomption d'innocence. Plusieurs personnes ayant participé au jury expriment leur malaise et posent le problème de l'influence des magistrats sur les jurés.

Bill Clinton lève l'embargo commercial qui pesait sur le Viêt Nam depuis la fin de la guerre, en 1975. Cette décision, lourdement symbolique (et qui a choqué plusieurs associations d'anciens combattants), devrait permettre de relancer le commerce avec un pays très pauvre, mais en pleine croissance économique. Elle constitue une « étape transitoire vers des relations diplomatiques complètes ».

Le Japon envoie dans l'espace sa fusée H 2, la première de fabrication entièrement nipponne. Capable des mêmes performances qu'Ariane, son coût de lancement reste deux fois plus élevé que celui du lanceur européen.

Edouard Chevardnadze et Boris Eltsine signent à Tbilissi un traité de coopération consacrant le retour du pays dans la sphère d'influence russe.

La Cour internationale de justice décide de la restitution au Tchad de la bande d'Aouzou, annexée par les Libyens en 1973.

Le principal témoin à charge du procès des auteurs de l'attentat manqué, en novembre 1993, contre le Premier ministre Atef Sedki est abattu par des inconnus. C'est une nouvelle preuve de la détermination des extrémistes islamistes, qui ont lancé, par ailleurs, un ultimatum aux touristes et aux investisseurs étrangers, les enjoignant de quitter le pays avant la mi-février.

En grève depuis une semaine pour protester contre la chute des cours et les importations de poisson hors Union européenne, les marins-pêcheurs manifestent très violemment à Rennes, à l'occasion du voyage en Bretagne d'Édouard Balladur. Le ministre de l'Agriculture, Jean Puech, annonce pourtant un plan d'aide à la pêche prévoyant notamment un allégement des charges sociales. Quelques heures après la manifestation, un incendie détruit complètement le parlement de Bretagne, un joyau de l'architecture du xvii^e siècle, abritant la cour d'appel de Rennes. Le feu a probablement été déclenché par une des fusées de détresse envoyées par les manifestants. Jacques Toubon annonce très rapidement que l'État aidera largement à la reconstruction de ce bâtiment-symbole. Une polémique se développe autour du rôle de la police qui, selon certains, était plus occupée à protéger le Premier ministre qu'à rétablir l'ordre dans les rues du centre-ville. Le 15, les marins-pêcheurs reprennent le travail.

Un obus de mortier tue 68 personnes sur un des marchés de Sarajevo. Les soupçons se portent immédiatement sur les forces serbes entourant la ville, mais une enquête menée par l'ONU ne peut déterminer l'identité des auteurs de ce massacre, l'obus ayant été tiré d'un endroit situé juste à la limite de séparation des forces serbes et des forces musulmanes. Devant l'émotion soulevée par cette tuerie, la France, par l'intermédiaire notamment du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, parvient à convaincre les Américains de la nécessité d'intervenir en Bosnie. Le 9, les 16 pays membres de l'OTAN exigent que dans les dix jours à venir toutes les armes lourdes situées dans un rayon de 20 kilomètres autour du centre de la ville soient évacuées au-delà ou remises sous le contrôle des Casques bleus de la Forpronu ; sinon, les contrevenants s'exposent aux frappes aériennes de l'OTAN. La diplomatie russe se déclare opposée à cet ultimatum. (chrono. 21/02)

José María Figueres, candidat social-démocrate d'opposition, remporte l'élection présidentielle. Âgé de 39 ans, le nouvel élu entend défendre les classes moyennes, très nombreuses dans le pays et durement touchées par le programme d'austérité mis en place sur recommandation du FMI.

Le candidat social-démocrate Martti Ahtisaari l'emporte au second tour des élections présidentielles sur la candidate conservatrice Élisabeth Rehn. Âgé de 56 ans, ce diplomate de carrière, ancien haut-commissaire de l'ONU en Namibie, est un partisan convaincu de l'adhésion de son pays à l'Union européenne.

Plusieurs dizaines de civils, en majorité chrétiens, sont tués dans le sud du pays lors de bombardements aériens effectués par l'armée de Khartoum contre les rebelles de l'Armée populaire du Soudan (APLS), commandée par John Garang. Selon les organisations humanitaires présentes sur place, 150 000 personnes errent sur les routes et la famine menace les millions d'habitants de la région.

24 chefs d'État africains, plus les présidents français et libanais, François Mitterrand et Elias Hraoui, assistent aux obsèques solennelles de Félix Houphouët-Boigny, décédé le 7 décembre. Presque tous les anciens chefs de gouvernement français sont également présents, ainsi que Valéry Giscard d'Estaing. Ces cérémonies grandioses ne font cependant pas oublier que la succession du président défunt est difficile, Henri Konan Bedié et Alassane Dramane Ouattara s'opposant sourdement en attendant la fin de la période de deuil.

Bill Clinton présente au Congrès le projet de budget pour 1995 : le déficit fédéral devrait être ramené à 2,5 % du PIB (contre 4,9 % en 1992). Cette performance s'explique aussi bien par la santé retrouvée de l'économie américaine que par les énergiques mesures d'économie, notamment dans le domaine militaire, aérospatial et social. Si le président tient sa promesse de ne pas augmenter les impôts directs, il ne peut éviter d'augmenter les impôts indirects ; par ailleurs, il n'intègre pas dans ce projet de budget les conséquences, forcément onéreuses, de la réforme à venir du système de santé.

Le quotidien Libération donne des extraits de notes écrites au début de 1985 par François Gros, biologiste réputé et alors conseiller scientifique du Premier ministre Laurent Fabius. Ces notes laissent à penser que, d'une part, en matière de sida, M. Gros comme plusieurs scientifiques étaient à l'époque mieux informés des risques de contamination par transfusion sanguine qu'ils ne le reconnaissent aujourd'hui, et que, d'autre part, le gouvernement français aurait sciemment retardé l'introduction de tests efficaces de dépistage du sang pour privilégier la technologie française, en retard de plusieurs mois sur la technologie américaine.

Morihiro Hosokawa présente un nouveau plan de relance de l'économie japonaise. D'un montant record de près de 850 milliards de francs, ce plan s'articule sur deux axes : baisse des impôts et augmentation des dépenses publiques. Lors de l'adoption de ce plan, le Premier ministre a difficilement surmonté des dissensions au sein de son cabinet, le Parti socialiste s'opposant fermement à toute augmentation de la TVA pour compenser la baisse des impôts directs. Quelques jours après le compromis sur la réforme politique, cette nouvelle reculade de M. Hosokawa diminue encore son crédit.

Le film en deux parties de Jacques Rivette, Jeanne la Pucelle, sort dans les salles. Cette belle œuvre, sobre et dépouillée, est fortement servie par l'interprétation de Sandrine Bonnaire.

En application du processus de paix lancé le 13 septembre 1993 à Washington, Yasser Arafat et Shimon Peres signent au Caire un accord sur la sécurité à Gaza et à Jéricho. Les forces israéliennes garderont une large part de leurs prérogatives à l'intérieur et aux frontières de ces territoires dont les superficies devraient être nettement plus modestes que ce que demandaient les Palestiniens. (chrono. 25/02)

Havas et la Compagnie générale des Eaux, appuyés par la Société générale, prennent le contrôle de 48,7 % de Canal Plus (ce qui était possible depuis peu, avec l'entrée en vigueur de la nouvelle loi Carrignon). André Rousselet, fondateur de la chaîne de télévision cryptée, voit son autonomie considérablement réduite, d'autant plus que son adversaire de longue date, France Telecom, entre également dans le capital. Il démissionne alors d'Havas et de son siège de président (le 16), non sans reprocher publiquement au gouvernement d'avoir tout fait pour l'évincer du fait de son amitié avec François Mitterrand. Édouard Balladur se défend de toute ingérence dans cette affaire ; toutefois, il avait chargé depuis plusieurs semaines un de ses proches, Jacques Friedmann, de renégocier la concession de Canal Plus, à qui il était réclamé le reversement au plan câble d'une partie de ses très importants bénéfices. M. Rousselet est remplacé à la présidence de la chaîne par son dauphin, Pierre Lescure.

Après la BNP et Rhône-Poulenc, la privatisation d'Elf-Aquitaine est un nouveau succès : plus de 3 millions d'actionnaires individuels ont souscrit près de trois fois le capital de l'entreprise. L'opération devrait rapporter à l'État 33 milliards de francs. Certains observateurs font remarquer que, après la dévaluation du franc CFA, cette privatisation pourrait priver le gouvernement d'un instrument essentiel de sa politique en Afrique.

Bernard Tapie, président de l'Olympique de Marseille, est mis en examen par le juge Bernard Beffy pour « complicité de corruption et subordination de témoins » dans l'affaire du match OM-Valenciennes. Le magistrat valenciennois a également donné l'ordre à M. Tapie de quitter la présidence du club phocéen avant le 20 avril. (chrono. 23/03)

Le Premier ministre japonais, Morihiro Hosokawa, rencontre Bill Clinton à Washington pour tenter de normaliser les relations commerciales entre les deux pays. Les États-Unis, qui subissent un déficit commercial de 50 milliards de dollars par rapport au Japon, accusent celui-ci de fermer systématiquement son marché aux produits étrangers. Après deux jours de discussion, les deux dirigeants se quittent sur un constat de désaccord, le Japon refusant, pour la première fois, de se plier aux exigences américaines. Dans les jours qui suivent, Mickey Kantor, représentant du président américain dans les affaires de commerce international, annonce que les États-Unis vont publier prochainement une liste de produits japonais pouvant faire l'objet de relèvements douaniers. (chrono. 1/10)

Réuni depuis une semaine à Tours, le 35^e congrès de la Fédération de l'Éducation nationale (FEN) s'achève dans une ambiance tendue. Les congressistes, traumatisés par les ruptures internes de 1992 et la création du syndicat concurrent, la Fédération syndicale unitaire (FSU), réélisent de justesse le secrétaire général sortant, Guy Le Néouannic. Celui-ci est désormais flanqué d'un secrétaire général adjoint, Jean-Paul Roux, un intendant, représentant le poids croissant des non-enseignants au sein de la FEN.

Jacques Lesourne, directeur du Monde depuis 1991, démissionne deux ans avant la fin de son mandat. En butte à des difficultés économiques et à une crise de confiance, il évoque les « manœuvres, grandes ou petites », autour de sa succession, qui ont précipité son départ. Il est remplacé, le 4 mars, par le journaliste Jean-Marie Colombani.

Silvio Berlusconi et Umberto Bossi annoncent que leurs organisations respectives – Forza Italia et la Ligue du Nord – s'allieront pour les élections législatives. Dans le sud du pays, le mouvement de M. Berlusconi s'associera avec les néofascistes de l'Alliance nationale dirigée par Giancarlo Fini. Le même jour, Paolo Berlusconi, frère de Silvio, est arrêté pour corruption ; on lui reproche d'avoir versé des pots-de-vin à la Démocratie chrétienne et au PS, à Milan, dans le cadre d'une affaire immobilière.

Deux jours après les extrémistes blancs du Front du peuple afrikaner (AVF), Mangosuthu Buthelezi, le leader du parti zoulou Inkhata, annonce qu'il boycottera lui aussi les premières élections multiraciales, organisées du 26 au 28 avril. L'AVF veut ainsi marquer son dépit de voir rejetée sa revendication d'un État blanc, tandis que l'Inkhata craint de se faire submerger, même au Natal, berceau des Zoulous, par les votes en faveur de l'ANC. (chrono. 1/03)

Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, institue des visas de sortie du territoire pour les ressortissants de treize pays (Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Corée du Nord, Géorgie, Irak, Iran, Jordanie, Liban, Libye, Syrie, Soudan, Yémen) et pour les Palestiniens.

Deux individus dérobent en quelques secondes le « Cri » d'Edvard Munch à la Galerie nationale d'Oslo. Ce tableau, exprimant le tragique de l'homme face à la mort, est considéré comme l'un des plus célèbres du monde. (chrono. 7/05)

Les XVII^es jeux Olympiques d'hiver sont officiellement ouverts à Lillehammer, à 180 kilomètres au nord d'Oslo. Y participent 1 900 concurrents, représentant 66 pays. Ces Jeux ont été ostensiblement organisés sous le signe du respect de l'environnement : pistes et tremplins ont été dessinés selon les lignes de pente naturelle des collines ; la patinoire olympique a été enterrée sous la montagne. Au total, les Norvégiens auront investi 6 milliards de francs, soit 2 milliards de plus qu'à Albertville. Le 27, ces Jeux s'achèvent, sur un plein succès d'organisation. Au tableau des médailles, la Russie occupe la première place avec 23 distinctions (dont 11 d'or), devant la Norvège (26, dont 10 d'or) et l'Allemagne (24, dont 9 d'or). La France, avec 5 médailles (1 d'argent et 4 de bronze) n'arrive qu'à une décevante 17^e position.

L'ancien archevêque de Paris de 1968 à 1981, François Marty, se tue au volant de sa voiture à Villefranche-de-Rouergue. Il était âgé de 89 ans.

Le Premier ministre Andréas Papandréou décide de bloquer les approvisionnements de la Macédoine à partir du port grec de Salonique, seul accès à la mer de cette république balkanique enclavée et à qui la Grèce reproche son appellation hellénique, susceptible, selon elle, de réveiller des revendications annexionnistes. La Grèce est le seul pays de l'Union européenne à avoir refusé de s'associer à l'ultimatum contre la Serbie.

Au moins 5 personnes sont tuées à Dakar lors des manifestations de protestation contre les conséquences de la dévaluation du franc CFA. Le 18, le président Abdou Diouf fait arrêter les chefs de l'opposition, Abdoulaye Wade et Landing Savané, dirigeants respectivement du Parti démocratique sénégalais (PDS) et du Parti africain pour la démocratie et le socialisme (PADS).

Le Parti Bersatu Sabah (PBS) de Joseph Pairin Kitingan remporte les élections législatives dans le Sabah, sur l'île de Bornéo. La tension risque de devenir plus grande encore entre cet État à faible majorité chrétienne et la Fédération de Malaisie, à forte majorité musulmane, dont le Sabah fait partie depuis 1963.

Le second tour des élections législatives se tient, alors que majorité (représentée par le Rassemblement du peuple togolais, RPT) et opposition (Union togolaise pour la démocratie, UTD) sont au coude à coude. L'opposition semble devoir remporter le scrutin, mais le gouvernement du président Gnassingbé Eyadéma conteste les résultats et en appelle à l'arbitrage de la Cour suprême.

À Amman, sous les auspices du roi Hussein de Jordanie, les dirigeants des trois formations yéménites signent un accord de réconciliation. Le nordiste Ali Abdallah Saleh, chef du Congrès général du peuple (CPG), le sudiste Ali Salem el-Baïd, chef du Parti socialiste yéménite (PSY), et l'islamiste Cheik Abdallah Al Amar conviennent de réduire les déploiements militaires à travers le pays, dont l'autonomie des provinces sera accentuée. Toutefois, la confiance entre les trois protagonistes semble encore loin d'être réellement rétablie. (chrono. 5/05)

L'OTAN et l'ONU, constatant que les forces serbes autour de Sarajevo ont rendu leur armement lourd aux Casques bleus ou bien l'ont évacué au-delà des 20 kilomètres prescrits, décident de surseoir à l'application de l'ultimatum du 10 février. Paris et Washington rappellent cependant que la menace des frappes aériennes demeure « exécutoire à tout moment ». Paris demande en outre que Sarajevo soit administrée par l'ONU. La Russie, hostile à l'ultimatum, s'est finalement jointe à l'opération en envoyant 400 Casques bleus à Sarajevo. Elle remporte ainsi un succès diplomatique en donnant l'impression d'avoir arrêté la menace aérienne des Occidentaux et d'avoir ainsi protégé ses « frères slaves » de Serbie. Le 23, Croates et Musulmans signent un cessez-le-feu visant à mettre fin à leurs affrontements en Bosnie. Ils s'engagent, là aussi, à placer leur armement lourd sous le contrôle des forces de l'ONU. Les Croates ont été poussés à signer cette trêve pour deux raisons : leurs revers militaires face aux Musulmans et la pression internationale. Le remplacement au début de février du leader des Croates de Bosnie, Mate Boban, par Kresmir Zubak, nettement plus conciliant, a facilité les choses. (chrono. 28/02)

Aldrich Ames, un Américain de 52 ans, chef de la section soviétique de la CIA, est arrêté à Washington pour espionnage au profit de la Russie. C'est la première affaire de ce type qui éclate depuis la chute du communisme.

Des troubles éclatent à Libreville après le déclenchement d'une grève générale décidée par les syndicats pour protester contre la détérioration des conditions de vie consécutive à la dévaluation du franc CFA. Une dizaine de personnes au moins sont tuées. Toutefois, le président Omar Bongo parvient à obtenir une suspension de la grève contre une ouverture de négociations sociales syndicats-gouvernement.

Les violences ethniques entre Tutsis et Hutus reprennent après l'assassinat du ministre des Travaux publics et le lynchage d'un responsable politique hutu. Des dizaines de personnes sont tuées dans les jours qui suivent. (chrono. 6/04)

Deux des principaux dirigeants du Front islamique de salut (FIS), Ali Djeddi et Abdelkader Boukhamkham, sont libérés. Cette mesure de clémence s'inscrit dans la politique de la main tendue aux opposants du nouveau chef de l'État, le général Liamine Zéroual. Le pouvoir ne faiblit pas pour autant : le 26, Djaafar el-Afghani, un des terroristes islamistes les plus recherchés, est abattu par la police avec plusieurs de ses compagnons. (chrono. 21/08)

Le gouvernement décide d'une rallonge de 100 millions de francs pour le financement des structures d'urgence en banlieues. Au total, 900 quartiers sont concernés, répartis dans 185 agglomérations. Certains s'inquiètent d'une dilution des aides dans un trop grand nombre de sites.

Le gouvernement annonce que le réacteur Superphénix, construit à Creys-Malville (Isère), ne sera plus exploité comme centrale nucléaire, mais comme réacteur de recherche, afin de préserver l'acquis en matière de surgénérateurs, et comme incinérateur de déchets radioactifs. Les autorités cherchent ainsi à rassurer les investisseurs, notamment étrangers, du projet Superphénix, tout en donnant partiellement satisfaction aux écologistes. Ceux-ci expriment aussitôt leur opposition à la décision du gouvernement.

Le Livre blanc sur la défense est rendu public par Édouard Balladur. Il maintient le statu quo, notamment en ce qui concerne la suspension des essais nucléaires et le recours au service national. Toutefois, il préconise des relations plus poussées avec l'OTAN, une souplesse accrue des forces classiques dans la gestion des crises et une coopération plus grande de l'industrie française d'armement avec ses partenaires européens. Certains font observer qu'en période de cohabitation ce document ne touche à rien d'essentiel. (chrono. 20/04)

Jacques Toubon, ministre de la Culture, fait adopter par le Conseil des ministres un projet de loi « relative à l'emploi de la langue française » : l'emploi de l'idiome national deviendrait obligatoire pour « toute inscription ou annonce » dans un lieu public ; les subventions publiques ne seraient accordées qu'aux manifestations et colloques respectant ces normes linguistiques. (chrono. 12/04)

La douma (Chambre des députés) vote l'amnistie en faveur des putschistes d'août 1991 et d'octobre 1993. Ce vote, qui constitue un véritable défi à Boris Eltsine, permet à Alexandre Routskoï et à Rouslan Khasboulatov de recouvrer la liberté après seulement cinq mois d'emprisonnement. Le 24, le président russe s'adresse aux députés pour leur assurer qu'il n'y aura « aucun recul de la stratégie des réformes ». Il reconnaît toutefois que le rôle de l'État reste essentiel pour la régulation de la vie économique et l'instauration d'un véritable marché.

Le Centre d'étude des revenus et des coûts (CERC, dont le gouvernement a décidé la disparition) publie une enquête selon laquelle près de la moitié de la population active française serait en situation de « fragilité économique et sociale ». Ainsi, on dénombrerait 5 millions de personnes (chômeurs, bas salaires) directement en état de précarité et 7 millions d'autres, bénéficiant d'un emploi, mais « vulnérables en raison de la faiblesse de leur revenu ou de la fragilité de leur intégration sociale ».

Les sénateurs Jean Arthuis et Hubert Haenel remettent leur rapport sur la justice de proximité. Ils proposent d'introduire un « juge du contentieux de proximité » non professionnel dans les tribunaux d'instance.

Le gouvernement institue le contrat d'insertion professionnelle (CIP), autorisant les entreprises à embaucher pour douze mois au maximum des jeunes de moins de 25 ans jusqu'au niveau bac + 2 (inscrits au chômage depuis au moins six mois), pour 80 % du SMIC et sans obligation de formation pendant la durée du contrat. Les syndicats protestent contre cette nouvelle disposition, qui, selon eux, a pour effet de dévaluer les diplômes et de décourager les efforts réalisés dans le domaine de la formation. (chrono. 10/03)

Yann Piat, député UDF de la troisième circonscription du Var, est assassinée dans sa voiture alors qu'elle rentrait chez elle à Hyères. Deux inconnus à moto lui ont tiré dessus et ont blessé son chauffeur. Âgée de 45 ans, filleule de Jean-Marie Le Pen, élue député du Front national en 1986, elle quitte cette organisation en 1988 pour rentrer au Parti républicain. Son engagement contre la toxicomanie, la corruption immobilière et le banditisme sur la Côte d'Azur comme son rôle grandissant dans la politique locale lui avaient valu bien des inimitiés et même des menaces. (chrono. 8/03)

Le Premier ministre sortant, Sitiveni Rabuka, remporte les élections législatives. Ce Fidjien de souche avait accédé au pouvoir lors d'un putsch, en 1987, dirigé contre l'élite indienne.

Baruch Goldstein, un colon israélien de Cisjordanie membre de l'organisation extrémiste Kach, tue à la mitraillette 30 Palestiniens qui priaient à la mosquée d'Hébron, au lieu dit « du tombeau des Patriarches », commun aux juifs et aux musulmans. Ce terrible massacre provoque immédiatement des manifestations violentes dans les territoires occupés, l'opinion arabe reprochant au gouvernement israélien de faire traîner la mise en application de l'accord du 13 septembre 1993. Yitzhak Rabin présente les excuses de son gouvernement aux familles des victimes, traite l'assassin de « psychopathe » et assure que des mesures très sévères vont être prises contre les extrémistes juifs. Le président des États-Unis, Bill Clinton propose immédiatement de réunir à nouveau les protagonistes à Washington afin de relancer le processus de paix. (chrono. 13/03)

Alain Resnais est le grand gagnant de la nuit des Césars 1994, avec 5 distinctions pour son film Smoking/No Smoking, Bleu, de Krzysztof Kieslowski, est également distingué, mais pratiquement pas les deux gros succès commerciaux du cinéma français, les Visiteurs et Germinal.

Pyongyang accepte in extremis de recevoir les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique, afin que ceux-ci contrôlent 7 de ses sites nucléaires. Cet accord intervient après plusieurs mois de crise et avant que Washington porte l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU, comme cela avait été le cas avec l'Irak en 1991. (chrono. 21/03)

70 000 partisans des chasses traditionnelles manifestent à Bordeaux pour protester contre les réglementations communautaires.

Une bombe, placée dans une église maronite au nord de Beyrouth, tue 10 personnes et en blesse une cinquantaine d'autres. Ce premier attentat jamais perpétré dans un lieu de culte au Liban est mis en relation avec la tuerie d'Hébron, commise deux jours plus tôt dans une mosquée par un colon israélien contre des fidèles palestiniens.

Le Parti agraire du président Mircea Snegur remporte les élections législatives, ce qui éloigne d'autant toute perspective de réunification de la République de Moldavie avec la Roumanie, au profit d'un rapprochement avec Moscou. Le 6 mars, un référendum confirme cette orientation et entérine la défaite des partis proroumains.

Deux avions américains F-16, engagés dans le cadre de la mission de l'OTAN « Deny Flight », abattent 4 avions serbes qui survolaient illégalement la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie.