En effet, selon le consortium européen Airbus Industrie, plus de 12 000 avions à réaction seront livrés au cours des deux prochaines décennies pour un montant d'environ 700 milliards de dollars (près de 4 000 milliards de francs). Au cours de ces mêmes années, le trafic aérien sera multiplié par deux, entraînant le doublement de la flotte mondiale des jets (7 400 aujourd'hui et 14 000 en 2008). Airbus Industrie estime que 5 000 avions actuellement en service devront être remplacés pendant la même période. Sur le plan géographique, les perspectives de croissance les plus prometteuses ne se situent plus aux États-Unis, mais en Asie, voire en Europe (à cause de l'entrée en scène de l'Europe de l'Est).

Face à la progression constante du trafic aérien, les compagnies ont dû se doter de nouveaux appareils et donc augmenter leurs investissements en capacité. Pour satisfaire cette demande, l'industrie aéronautique doit livrer chaque année une moyenne de 104 avions jusqu'en l'an 2000, ce qui correspond à un rythme de croissance annuel de la flotte proche de 3 %. À ces chiffres, il faut ajouter ceux du renouvellement, soit 118 appareils pour la même période. La crise du Golfe et le renchérissement consécutif des carburants ont même décidé certaines compagnies à commander des appareils de la dernière génération, moins gourmands en kérosène (de 20 à 30 %) que leurs prédécesseurs.

Cette croissance des besoins en appareils garantit un afflux de commandes que les grands constructeurs européens (Airbus Industrie) et américains se disputent âprement, soit en arrachant des marchés (Boeing avec United Airlines : 128 appareils en 1990), soit en s'engageant dans la voie de l'association (Boeing et McDonnell-Douglas, Deutsche Airbus avec Aérospatiale-British Aerospace) pour la faisabilité d'un nouvel avion supersonique.

Gilbert Rullière

Télécommunications

Selon les estimations de l'Observatoire mondial des systèmes de communication (OMSYC), le marché mondial des matériels et des services de télécommunications s'élève, pour 1990, à 322 milliards de dollars constants (1985), soit environ 370 milliards de dollars actuels ou encore 2 000 milliards de francs actuels.

Avec une augmentation annuelle des dépenses de 5,5 %, les télécommunications sont devenues l'un des plus grands marchés de la fin du siècle. Leur poids est comparable à celui de l'automobile, de l'agroalimentaire ou de l'informatique. Sur ce total, les équipements proprement dits, c'est-à-dire les postes, les centraux, les télécopieurs, les satellites et autres matériels téléphoniques ne représentent que 57 milliards de dollars, soit 18 % du marché. L'essentiel des recettes mondiales des télécommunications (265 milliards de dollars) provient des services et principalement du téléphone ou de ses dérivés (télécopie, vidéotex, etc.). Les États-Unis réalisent à eux seuls 50 % de ce montant ; ils sont suivis par le Japon avec 9,4 %, alors que l'Allemagne, le Canada, et le Royaume-Uni, la France et l'Italie se situent à peu près au même niveau avec chacun entre 4 et 6 % du marché.

Pour les industriels, cette croissance des besoins ouvre des perspectives très prometteuses au marché ; mais elle explique aussi la concurrence acharnée que les firmes se livrent entre elles en proposant des appareils de plus en plus performants. Par exemple, pour exploiter une innovation aussi révolutionnaire que la nouvelle génération des téléphones mobiles de voiture, l'américain Motorola, leader mondial du radiotéléphone, s'est renforcé en Europe en installant une nouvelle usine en Écosse. De même Alcatel, filiale de la CGE, a racheté Telettra (filiale de Fiat dans les télécommunications) afin de pouvoir reprendre l'offensive en Europe du Sud en association avec France Télécom, mais aussi aux États-Unis, face aux appétits de l'américain ATT et à ceux de l'allemand Siemens, même si ce dernier a maintenant tendance à se tourner vers l'Allemagne de l'Est.

Gilbert Rullière