Aussi le gouvernement a-t-il donné un coup de pouce supplémentaire en faveur de l'investissement productif qu'il distingue de l'investissement financier et spéculatif, lui-même plus fortement taxé. De nouveaux allégements fiscaux ont été accordés, les taux d'intérêt ont été abaissés et l'épargne encouragée. De même, les procédures administratives ont-elles été accélérées − voire supprimées pour la CEE − pour encourager les investissements étrangers en France, jugés trop faibles par rapport aux investissements français à l'étranger qui ont continué à s'emballer.

Dominique Colson

Consommation

En 1990, la croissance de la consommation a atteint 3 %, en léger retrait par rapport à celle de 1989 (3,2 %). Les achats de produits manufacturés (en particulier les immatriculations d'automobiles) se sont ralentis au second semestre alors que les dépenses de santé (produits pharmaceutiques notamment) sont restées soutenues. Le gouvernement juge encore trop dynamique la consommation privée car elle pèse sur la balance commerciale déjà déficitaire.

Selon une étude de l'INSEE, les Français consacrent une part de plus en plus faible de leur budget à l'alimentation et à l'habillement au profit de la santé, de l'équipement, du logement, des transports et des loisirs. Mais, si la consommation est repartie depuis 1985, les inégalités s'accroissent. Les achats réalisés par les ménages disposant de hauts revenus ont augmenté depuis 1979 de 20 % en francs constants alors qu'ils ont stagné pour les plus modestes : les premiers consomment en moyenne 3,1 fois plus (2,5 fois en 1985) que les seconds. Le chômage, la stagnation du pouvoir d'achat, le recours accru à l'endettement, alors que les taux d'intérêt sont élevés et les revenus de l'épargne particulièrement favorisés, sont autant de facteurs d'accroissement des inégalités. L'analyse du profil des surendettés (200 000 environ) révèle pourtant qu'un tiers d'entre eux ont un revenu mensuel supérieur à 10 000 francs. En mars, l'entrée en application de la loi relative au surendettement a provoqué un afflux de dossiers (100 000) qui ont été réglés à l'amiable dans 50 % des cas.

Le secrétaire d'État à la Consommation, Véronique Neiertz, a mis en priorité l'accent sur la sécurité par l'amélioration de l'information du public, la prévention des risques liés à l'utilisation de certains produits et par la recension des causes d'accident. Ensuite, une politique active de la concurrence a été mise en œuvre. Elle comporte notamment une surveillance accrue des prix, le projet d'autoriser la publicité comparative et la décision de promouvoir la qualité des produits. (Installation d'une commission nationale des labels, mise en place d'un label Vert pour les écoproduits...) Surtout, un code de la consommation a été élaboré sous la direction de M. Jean Calais-Auloy afin de rééquilibrer les rapports entre professionnels et consommateurs. En avril, enfin, un code de déontologie, qui a pour but de prévenir le surendettement, est venu moraliser la publicité sur le crédit à la consommation accordé en dehors des points de vente, autoriser le remboursement anticipé des crédits à la consommation sans versement d'indemnités et procéder à la réforme du taux de l'usure. (Le 1er juillet, plusieurs taux ont été institués selon le type de crédit.)

Dominique Colson

Entreprises

Au cours de la seconde moitié des années 1980, les entreprises des pays industrialisés s'étaient à la fois restructurées et réorganisées, surtout à coup d'offres publiques d'achat. Dès le début de 1990, un retournement de la tendance a été observé : en Grande-Bretagne et aux États-Unis, le nombre des fusions et des acquisitions a sensiblement diminué.

Cette baisse a été attribuée au net recul des OPA géantes à vocation purement financière, typiques de la fin des années 1980. En revanche, les acquisitions stratégiques d'un pays à l'autre ont progressé en prévision de l'ouverture du grand marché européen. À la fin de l'année, le canadien Northern Telecom, numéro 5 mondial dans le téléphone, qui détient déjà 27 % du britannique STC (Standard Téléphones and Cables), n'a pas hésité à lancer la plus importante offre publique d'achat amicale de l'année sur cette entreprise. Par l'acquisition de STC, la firme canadienne entend pénétrer le marché européen, en concurrence avec Alcatel (numéro 1 du matériel de téléphonie), mais aussi contrôler la technologie des composants et des transmissions.