Il faut remarquer enfin la forte poussée des exportations américaines qui a contribué à la réduction « significative » du déficit de la balance des paiements courants des États-Unis ; mais celle-ci est encore insuffisante face à la persistance des excédents commerciaux japonais et allemand.

Gilbert Rullière

CEE

Le 13 février, à Bruxelles, Mme Margaret Thatcher a fini par accepter un accord sur la réforme du financement de la CEE, qui rend possible l'ouverture du grand marché unique le 1er janvier 1993. Le texte prévoit la maîtrise des dépenses agricoles par la limitation de la production des céréales et des oléagineux. Mais le compromis entre les Douze n'a été rendu possible que grâce aux sacrifices consentis par le chancelier Kohl. Il en résulte que l'agriculture de l'Allemagne fédérale supportera une nouvelle pénalité. L'accord du 13 février porte aussi sur le doublement, en 1993, de l'aide apportée par les pays du Nord aux régions pauvres du Sud.

Une meilleure méthode de calcul des contributions des États membres au budget de la Communauté sera dorénavant appliquée ; elle inclura le PNB et permettra de maintenir la participation britannique au niveau arrêté à Fontainebleau en 1984 tout en diminuant d'un tiers celle de l'Allemagne fédérale. Enfin, grâce à la fixation du plafond des ressources de la CEE à 1,3 % du PNB, les problèmes budgétaires devraient être réglés jusqu'à la fin de 1992.

Le mois de juin a été une période particulièrement faste pour l'Europe des Douze. Le 13, les ministres des Finances ont adopté une directive instaurant la libération complète des mouvements de capitaux à partir de juillet 1990 dans huit pays, et de janvier 1993 en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Grèce. C'est pourquoi, d'ici deux ans, la fiscalité de l'épargne devra être harmonisée.

Le 22 juin, les ministres de l'Éducation des Douze ont ratifié un texte stipulant que tout titulaire d'un diplôme obtenu dans la Communauté après trois années d'études supérieures pourra le faire reconnaître dans chaque État membre. La reconnaissance est fondée sur le principe de la confiance mutuelle, qui permet d'avancer sans attendre une longue harmonisation des filières d'enseignement et des formations. Toutefois, en cas de différences importantes entre ces filières, la directive prévoit un examen d'aptitude ou un stage d'adaptation de trois ans maximum. Il s'agit là d'un progrès considérable, qui concernera d'abord les juristes, que suivront les ingénieurs. Au Conseil européen de Hanovre (27 et 28 juin 1988), il ne restait plus qu'à reconduire M. Jacques Delors à la tête de la Commission et de le charger avec quinze autres sages de préparer l'union économique et monétaire entre les Douze.

Les excellents résultats économiques de la Communauté ont contribué à la prolongation de l'euphorie. Contrairement aux sombres prévisions des experts, la croissance a atteint 3,5 % et le taux de progression des investissements (7 %) a été le plus élevé depuis vingt ans. L'inflation (3,5 %) n'a pas dépassé le chiffre des années 1960 et seul le chômage est demeuré très inquiétant : il touchait 16 millions de personnes, soit 11 % de la population active.

La CEE s'est aussi affirmée sur la scène internationale. Après trente ans d'ignorance réciproque entre le Marché commun et le Comecon, la Communauté a fini par imposer ses conditions à la reconnaissance de l'alliance économique de l'Est, intervenue le 25 juin ; chaque pays du bloc soviétique devra établir des relations diplomatiques avec elle. Depuis, Bruxelles a répondu favorablement aux démarches effectuées dans ce but par l'URSS, la RDA, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Hongrie.

Par ailleurs, dans la perspective du grand marché unique du 1er janvier 1993, la Commission entend bien exercer un contrôle sur les investissements des pays tiers chez les Douze. Par exemple, elle veut éviter que les automobiles japonaises Nissan montées au Royaume-Uni soient commercialisées comme une production européenne dans les autres États membres. Son but est clair : sans réciprocité, les Japonais et les Américains ne pourront pas profiter de la disparition des obstacles aux échanges entre les pays de la CEE.