D'autre part, de nouvelles formes de vente des produits, qui s'appuient sur l'informatique et sur l'électronique, sont en train d'être mises en œuvre. On peut citer notamment les systèmes d'aide à la vente (distributeurs automatiques ou information du consommateur) ; les kiosques interactifs et transactionnels pour la vente de produits électroménagers, d'articles de sport, de voyages, de billets de spectacle, etc. ; les supermarchés à domicile, comme ceux de télémarket et de Caditel ; les catalogues vidéos, un système de vente à distance ; les télécentres commerciaux accessibles par téléphone ou Minitel ; enfin, le télé-achat ou vidéo-shopping.

Pour compenser ces effets défavorables, les groupes français de la grande distribution cherchent à faire pression sur les fournisseurs nationaux en important d'Asie et aussi en s'installant dans d'autres pays d'Europe et sur le continent nord-américain.

Gilbert Rullière

Consommation

En dépit du krach boursier d'octobre 1987, la consommation des ménages s'est maintenue avec une croissance de 2,2 % en 1988 après avoir été de 2,4 % en 1987. L'accélération est particulièrement sensible au second semestre. Les dépenses consacrées à la santé, aux loisirs et aux biens durables (automobile, équipement ménager et matériel électronique) restent les plus dynamiques.

Certes, la désinflation comme la baisse de la TVA ont stimulé la consommation, mais, en raison de la rigueur salariale, le pouvoir d'achat ne progresse toujours que très faiblement ; aussi, les ménages continuent-ils de puiser dans leur épargne et de s'endetter : ils recourent au crédit à la consommation (+ 39 % en 1986, + 34 % en 1987 et un peu moins en 1988), mais aussi aux facilités de trésorerie grâce aux cartes bancaires ou au crédit revolving (crédit « rechargeable »). En bref, les Français vivent au-dessus de leurs moyens. Pour le gouvernement, cette situation est dangereuse, d'autant plus que la préférence des consommateurs pour les produits étrangers aggrave le déficit commercial du pays.

Le secrétaire d'État à la Consommation, Véronique Neiertz, a fait porter ses efforts dans deux directions. Elle a d'abord mené une action en faveur de la sécurité qui vise tant à prévenir les risques d'accident qu'à retirer du marché les produits dangereux ; ensuite, elle a recherché une meilleure protection du consommateur. Il s'agissait à la fois de mieux informer les particuliers – notamment par l'extension des règles d'affichage –, d'intensifier la concurrence, en évitant surtout le dérapage des prix particulièrement sensibles dans les services, et enfin d'augmenter les sanctions dans le cas d'entente illicite. Le ministre de l'Économie, M. Pierre Bérégovoy, a saisi à ce titre le conseil de la concurrence après la décision prise par trois grandes banques le 20 septembre d'augmenter leurs tarifs sur les cartes bancaires ; deux d'entre elles ont alors renoncé.

Dominique Colson

Tiers monde

En dépit d'un meilleur environnement international – et notamment de la reprise du commerce mondial dont profitent les pays du tiers monde –, le poids des politiques d'ajustement imposées à ces pays, où les risques sociaux et politiques vont croissant, rend de plus en plus difficile le remboursement de leur dette, qui a représenté 1 245 milliards de dollars en 1988.

Les solutions se multiplient pour limiter la crise. Aux formules traditionnelles – rééchelonnements successifs, austérité renforcée, nouveaux prêts – s'ajoutent des formules nouvelles qui admettent toutes plus ou moins que la dette ne sera jamais recouvrée totalement. Les banques augmentent leurs provisions pour créances douteuses, elles les échangent sur un marché secondaire avec une décote ou procèdent, dans les pays débiteurs, à des conversions de créances en prises de participation, en obligations (Mexique), en produits (Pérou et Nigeria) ou en argent (Bolivie et Chili). Pour sa part, le groupe des sept pays les plus industrialisés adopte, à l'initiative de la France, un plan d'allégement de la dette des pays les plus pauvres (premier bénéficiaire, le Mali), donnant aux créanciers publics le choix entre trois options : l'annulation de 30 % du service de la dette (France), la bonification des taux d'intérêt (Grande-Bretagne, Allemagne) ou l'allongement des délais de remboursement (États-Unis). De leur côté, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), adoptent une attitude plus pragmatique qu'elle ne l'était jusqu'à présent. Ces organisations intensifient leur aide toujours sous conditions mais reconnaissent pour la première fois l'impact social de la rigueur. Le FMI, en particulier, insiste sur l'interdépendance des facteurs ; la croissance est impérative pour résoudre la pauvreté et passe par l'amélioration des structures.