Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, le périmètre des grands groupes, l'indépendance des petites sociétés, la nature des accords industriels, la structure des actionnariats sont sortis bouleversés de ce gigantesque mouvement d'entreprises. Alors que dans le passé la stratégie industrielle cherchait à constituer de vastes conglomérats, elle vise maintenant à centrer l'entreprise sur sa spécialité, à dégager des synergies, à se séparer d'éléments ou d'activités annexes peu rentables.

Gilbert Rullière

Télécommunications

Entre les déréglementations qui doivent mettre fin aux monopoles d'exploitation et les progrès technologiques, la structure et l'organisation du marché des télécommunications sont-elles l'un des points faibles de l'Europe face aux États-Unis et au Japon ?

La construction d'un système homogène apparaît nécessaire aussi bien dans l'aire des services que dans celle de l'industrie. L'offre de nouveaux services sur le marché crée des problèmes complexes de standardisation et d'harmonisation entre les pays, ainsi que l'ont montré les exemples du vidéotex, du télétex, de la transmission des données, et ceux du RNIS (le réseau numérique à intégration de services) ou de la téléphonie cellulaire.

Consciente des enjeux, la France avait été la première à prendre l'initiative par des rachats (filiales télécoms de l'américain ITT, par exemple), qui furent suivis par des politiques d'alliances internationales. La multiplication des accords ainsi conclus vise à alléger les coûts de recherche écrasants dans cette industrie de pointe et à faciliter la pénétration dans les marchés très rigides du matériel téléphonique.

Au plan européen, les douze pays de la Communauté européenne sont résolus à promouvoir la concurrence afin d'offrir des services plus nombreux et moins chers aux entreprises comme aux particuliers. Parallèlement, ils veulent favoriser une modernisation accélérée et concertée de leurs infrastructures. À cet effet, ils prévoient l'établissement d'un réseau de dimension européenne fondé sur le principe d'une totale interopérabilité des réseaux nationaux, l'ouverture du marché aux services nouveaux (services à valeur ajoutée), l'encouragement à la création de nouveaux services européens et le développement d'un marché communautaire pour les terminaux.

Gilbert Rullière