Plus loin, une longue tournée en avril du raïs en Extrême-Orient (Chine, Corée du Nord, Japon, Indonésie, Pakistan) élargit cette ouverture. Même avec l'Union soviétique, un dégel est sensible avec la signature de deux protocoles, culturel et commercial, après la visite au Caire en mars du vice-Premier ministre soviétique, chargé du Plan, et bien qu'une majorité de responsables égyptiens soient toujours opposés à une normalisation avec Moscou. Entre la France et l'Égypte, la concordance des positions est jugée exemplaire : un projet de résolution franco-égyptienne sur le Proche-Orient est gardé en réserve, l'action française au Tchad est appréciée, la coopération militaire (achat de Mirage 2000) est active.

L'alliance américaine

Mais c'est surtout avec les États-Unis que les liens, tissés du temps d'Anouar al-Sadate, demeurent les plus étroits. Hosni Moubarak se rend régulièrement à Washington (janvier-octobre) pour y avoir des conversations sur la question palestinienne et l'impasse libanaise. Le Caire, qui n'a pas les moyens militaires de sauvegarder son acquis principal au cas où les Israéliens décideraient de reprendre le Sinaï, cherche à obtenir de son allié américain une attitude plus offensive à l'égard de l'« expansionnisme » israélien. Quant à la paix égypto-israélienne, bien qu'effective, elle demeure, selon l'expression de Boutros-Ghali, une « paix froide ».

Ces soucis, auxquels s'ajoutent les craintes entretenues par l'activisme de l'impétueux et imprévisible voisin libyen, sont à peine apaisés par le déroulement régulier de manœuvres conjointes égypto-américaines — Bright Star III, en août 1983 — qui permettent aux troupes des deux pays (5 500 soldats américains, des chasseurs F-111 et F-16, deux avions radars AWACS) de se familiariser avec les techniques et les matériels, en vue d'éventuelles opérations dans la région (dans le Golfe notamment). Le maintien de la capacité opérationnelle d'une armée nombreuse (320 000 hommes) et dont l'équipement, diversifié, se modernise constamment pèse beaucoup sur les finances.

Déception de l'opposition

L'Égypte lance son nouveau plan quinquennal (1982-1987), pour lequel il a été prévu d'investir 34 milliards de livres égyptiennes (1 dollar = 0,84 livre), et alors que le pays ne produit que la moitié de ce qu'il consomme : ses importations de denrées alimentaires lui coûtent près de 2,5 milliards de dollars par an et le déficit commercial se situe autour de 5 milliards de dollars par an. La population (45 millions) augmente cependant d'un million d'habitants tous les dix mois.

Les options de base sadatiennes — paix avec Israël, relations privilégiées avec les États-Unis et l'Occident, libéralisation (mieux contrôlée désormais) de l'économie — ayant été maintenues, les changements attendus se situaient au niveau de la vie politique. À cet égard, la déception est grande pour l'opposition, qui ne sera pas favorisée par la nouvelle loi électorale votée par le Parlement en vue des législatives (prévues pour avril 1984). Le régime est soupçonné de vouloir monopoliser le pouvoir à travers le « parti du président » — le parti national démocrate — au mépris de la Constitution qui prévoit le multipartisme (le PND et trois formations sont autorisés). Aussi l'intention exprimée le 21 août par les wafdistes — nationalistes et laïcs — de reconstituer leur parti, sabordé en 1978, vient-elle relancer le débat à la veille des élections au Conseil consultatif (octobre).

Philippe Rondot

Iran

Combats tous azimuts

La lutte pour le pouvoir, qui n'a cessé d'opposer, depuis la fondation de la République islamique, partisans et adversaires de la ligne radicale de l'imam, rebondit au début de février avec l'arrestation du secrétaire général du parti Toudeh (communiste), Noureddine Kianouri, et de la plupart de ses cadres dirigeants. Ces arrestations, suivies en mai par la mise hors la loi du PC, entraînent une grave détérioration des relations entre Moscou et Téhéran, avec l'expulsion de 18 diplomates soviétiques en poste en Iran, et confirment le renforcement de la droite islamique.