Curiel. Henri Curiel, militant tiers-mondiste, avait été assassiné à Paris le 4 mai 1978 par des tueurs se réclamant d'un mouvement d'extrême droite (Journal de l'année 1977-1978). À la suite d'articles publiés dans Minute, l'Aurore et le Crapouillot, sa veuve et son fils avaient porté plainte contre des propos qu'ils jugeaient diffamatoires. Déboutés, en juin 1980, ils avaient fait appel. La Cour a cette fois condamné le journal Minute, mais n'a pas retenu la plainte contre les deux autres publications. Enfin Roland Gaucher, auteur d'un livre intitulé le Réseau Curiel ou la subversion humanitaire, publié aux éditions Jean Picollec, a été condamné également pour diffamation. Il paiera à la veuve d'Henri Curiel 10 000 F de dommages-intérêts, pour avoir présenté son mari comme ayant été un agent des services secrets soviétiques et l'animateur d'un réseau terroriste. L'association Terre d'asile, présentée dans le livre de R. Gaucher comme l'une des ramifications du réseau Curiel, obtient ainsi que toutes les personnes citées dans l'ouvrage le franc symbolique de dommages-intérêts.
Los Alfaques
Un verdict de clémence est prononcé, le 28 janvier 1982, dans le procès du camping de Los Attaques. On se souvient encore de cette tragédie qui, le 11 juillet 1978, endeuillait l'Espagne : 215 touristes, dont une centaine de Français, étaient tués par l'explosion d'un camion-citerne chargé de propylène, au sud de Tarragone. Deux des six inculpés (le directeur de l'entreprise Empétrol, où avait été chargé de propylène, et son chef des services de sécurité) sont condamnés pour « imprudence téméraire » à un an de prison ; les quatre autres inculpés sont acquittés.
Lelièvre
Les assises de Paris rendent, le 28 avril, un arrêt relativement modéré dans le procès des ravisseurs de l'homme d'affaires sarthois, Henri Lelièvre (83 ans), enlevé le 21 juin 1979 à son domicile de Maresché et relâché le 28 juillet après le versement d'une rançon de 6 millions de F. Michel Schayewski, complice de Mesrine dans le rapt et la séquestration d'Henri Lelièvre, est condamné à 15 ans de prison. Une peine qui ne change rien au destin de ce gangster déjà condamné il y a un an par les assises de l'Essonne à 20 ans de réclusion pour une série de hold-up. Charlie Bauer accusé de recel se voit infliger 5 ans de prison. Enfin, les trois femmes inculpées sont acquittées. La plus grande partie de la rançon, cependant, n'a toujours pas été retrouvée.
Le bilan des inondations
De la mi-décembre à la mi-janvier 1982, plusieurs régions de France vivent à l'heure des inondations.
Le Sud-Ouest (Tarn, Gers, Tarn-et-Garonne et Gironde) est le premier touché. Des pluies diluviennes ont transformé en torrents les moindres rivières, qui ont envahi des milliers d'hectares, isolant les maisons et perturbant le trafic ferroviaire.
Puis c'est le tour de l'Ain et de la Saône-et-Loire. À Chalon-sur-Saône, on évacue le centre hospitalier ; la RN 6 est coupée au nord de Mâcon et les bas quartiers de la ville sont sous les eaux. Comme dans le Sud-Ouest, des milliers de personnes sont sinistrées et des entreprises en chômage forcé.
Le président Mitterrand se rend dans les régions les plus touchées et promet une aide plus importante de l'État —200 millions avaient déjà été débloqués.
Le centre de la France est touché à son tour par les crues, puis l'ouest et enfin la région parisienne.
À Paris, où le célèbre Zouave du pont de l'Alma a de l'eau jusqu'à la ceinture, on construit des centaines de cheminées autour des plaques et bouches d'égouts afin d'éviter le refoulement des eaux. Les terrassiers obstruent, sur les quais, les créneaux des parapets. Le 14 janvier, la cote maximale de 6,20 m est atteinte.
Le bilan des inondations sera très lourd. Michel Crépeau, ministre de l'Environnement, et Haroun Tazieff, chargé de l'étude et de la prévention des catastrophes naturelles, peuvent retrousser leurs manches.
L'incendie du central Sévigné
Voilà ce qui fait que votre ville est muette... Muettes — et sourdes — Lyon et sa région le deviennent brusquement, le 9 novembre 1981, à la suite d'un incendie qui éclate à l'intérieur du central téléphonique Lyon-Sévigné. Au bout d'une heure et demie d'efforts, l'incendie est maîtrisé par les pompiers... et aux ravages du feu s'ajoutent les dégâts des eaux. Véritable plaque tournante, le central Sévigné, construit en 1966, achemine non seulement la totalité des liaisons interurbaines téléphoniques et télex à destination de Lyon et de sa banlieue, mais aussi une partie des communications interurbaines à destination de la région Rhône-Alpes. Le sinistre a donc pour conséquence une panne d'une ampleur sans précédent : près d'un million d'abonnés soudain absents, les téléscripteurs des journaux et des agences de presse obstinément inertes, la vie économique de la région gravement perturbée. Certes, on peut, grâce au travail acharné des techniciens, rétablir l'ensemble des liaisons au bout de quelques jours ; mais l'accident met en évidence l'insuffisance des systèmes de sécurité et également les inconvénients de la concentration et de la complexité croissantes des réseaux de télécommunication. On imagine aisément les conséquences dramatiques qu'aurait la destruction des grands centraux situés dans les principales villes de France.