Pierre Mauroy précise la position du gouvernement français, qui, dit-il, « n'accepte ni ne cautionne aucun type de terrorisme ».

Ambassadeurs

Moins d'une semaine après l'attentat contre le Capitole, le 4 avril, Yakov Barsimantov, attaché d'ambassade israélien, est assassiné devant son domicile, sous les yeux de sa femme et de ses deux enfants. Il est 12 h 45. La famille Barsimantov pénètre dans l'immeuble qu'elle habite, avenue Ferdinand-Buisson. Une femme surgit, pistolet au poing et tire. Mortellement atteint, le diplomate s'écroule. L'attentat sera revendiqué par deux organisations inconnues : le Mouvement des brigades révolutionnaires arabes et les Unités révolutionnaires libanaises. Les policiers de la brigade criminelle ont acquis la certitude que la même arme avait tué l'attaché militaire américain Charles Ray et le diplomate israélien Barsimantov. Et, le 3 juin, c'est au tour de Shlomo Argov, ambassadeur d'Israël à Londres, d'être grièvement blessé d'une balle de revolver. Les quatre Palestiniens responsables de cet attentat, par contre, ont été arrêtés par la police.

Cauchemar

À 9 heures du matin, le 22 avril 1982, rue Marbeuf à Paris, à deux pas des Champs-Élysées, une voiture piégée explose. Une jeune femme de trente ans, Nelly Guillermé, est tuée sur le coup et une soixantaine de personnes sont blessées. La déflagration a été d'une violence inouïe. La rue offre le spectacle désolant d'un bombardement. Très vite, les enquêteurs rapprochent cet attentat de celui commis le 4 septembre 1981 et qui avait coûté la vie à notre ambassadeur, Louis Delamare.

Claude Cheysson, s'expliquant devant la commission des Affaires étrangères, affirme que, même si les Syriens ne sont pas directement impliqués dans ce crime, ils ne peuvent pas avoir ignoré sa préparation. La Syrie ne cachait pas ses griefs contre la France, lui reprochant notamment sa participation à la force multinationale dans le Sinaï, sa prise de position sur l'unification du Liban et enfin le voyage en Israël de François Mitterrand. L'ambassadeur de Syrie en France a bien entendu nié toute participation à l'attentat de la rue Marbeuf, dont il a évidemment rejeté la responsabilité sur... Israël.

Le gouvernement français a décidé l'expulsion de deux diplomates syriens : Hassan Ali, attaché militaire, et Michail Khassouna, troisième secrétaire à l'ambassade, chargé des Affaires culturelles. Il avait dirigé, le 5 mars dernier, une manifestation d'étudiants syriens armés de couteaux et de bâtons qui avaient attaqué, place St-Germain, des opposants au régime de Damas.

Le 3 mai : à Romans, ville dont le ministre de la Communication, Georges Fillioud, est maire, une bombe rase la mosquée qui venait d'être construite. Mal accueillie par une fraction de la population, cette construction avait déclenché une campagne d'inspiration raciste.

Liban

Une explosion criminelle ravage, le 24 mai 1982, l'ambassade de France à Beyrouth. Il est 8 heures du matin et les employés de l'ambassade viennent prendre leur service. Une secrétaire, Anna Comidis, entre dans la cour au volant de sa Renault R 12 lorsque celle-ci explose, commandée à distance par radio : les enquêteurs découvriront que la voiture était bourrée de plus de 50 kilos de plastic ! Le spectacle est épouvantable : 11 personnes, dont 6 membres de l'ambassade, ont été tuées, 27 sont blessées. Les bâtiments sont ravagés.

Ce nouveau coup porté à la représentation française, après l'assassinat de Louis Delamare, l'attentat contre les locaux consulaires et l'assassinat dans leur appartement, en avril, d'un fonctionnaire de l'ambassade et de son épouse, coïncide avec la dégradation des relations franco-syriennes.

Pierre Mauroy décide de se rendre à Beyrouth, le 27 mai. Il va rendre hommage aux victimes et affirmer la résolution de la France de poursuivre sa mission : ... « À ceux qui sont venus masqués pour semer la mort dans notre ambassade, va-t-il déclarer, je suis venu répondre par la volonté de la France de laisser ouverte notre ambassade de Beyrouth. Face à ces actes odieux et lâches, la France demeurera inébranlable. Elle ne cédera pas au chantage de la violence... »