Le comité propose une croissance de 8 % par an (en francs constants) jusqu'en 1985, de manière à remettre la France au niveau de ses concurrents industriels, le principal effort devant se porter sur les crédits opérationnels des laboratoires publics.

Budget

Ces recommandations paraissent avoir inspiré le projet de budget pour 1981. Pour la première fois depuis longtemps, l'accroissement global de l'enveloppe-recherche en francs courants — 17,6 % — dépasse nettement le niveau prévisible de l'inflation. La croissance est encore plus forte si l'on ne considère, à l'intérieur de l'enveloppe, que les autorisations de programmes, qui mesurent les moyens matériels donnés à la recherche : 20,4 % ; la croissance des effectifs demeure modérée.

Pour les programmes qui, désormais, ne seront plus compris dans l'enveloppe-recherche, comme l'électronucléaire, l'espace, le budget de l'ANVAR, l'augmentation n'est que de 15 %. Le projet définit huit orientations prioritaires : alimentation et nutrition ; pharmacologie ; biotechnique (qui inclut, bien entendu, l'ingénierie génétique) ; production de combustibles fluides ; mécanique et matériaux ; technologie et évolution du travail.

Innovation

Paradoxalement, les difficultés économiques, après avoir contribué à restreindre l'effort national pour la recherche, jouent à présent en sens contraire : on prend conscience du fait que la France, pays de hauts salaires, pauvre en ressources énergétiques et en matières premières, ne peut défendre ses positions sur le marché mondial qu'en exportant sa technologie et ses produits manufacturés à haute valeur ajoutée.

D'où l'importance et l'utilité de la recherche, moteur de l'innovation. « Innover pour survivre », tel est aussi le mot d'ordre lancé par le CNPF aux Ves assises des chefs d'entreprise (Strasbourg, 23-24 octobre 1980). Significativement, ces assises ont été l'occasion d'un large contact entre le patronat et le milieu universitaire, dont de nombreux représentants étaient invités. Ce qui répondait aux vœux formulés par le comité du VIIIe Plan, en faveur d'un renforcement de la valeur relative de la recherche dans l'université et les grandes écoles, d'une meilleure appréciation par les entreprises des titres universitaires, et d'un accroissement du nombre d'entreprises faisant elles-mêmes de la recherche.

Mais, jusqu'ici, l'État ne semble pas pratiquer une politique d'incitation à des investissements non immédiatement rentables, comme l'embauche de chercheurs par les entreprises ; politique qui se traduit, au Japon, au Canada et en Allemagne fédérale, par des dégrèvements fiscaux.

Autre objectif : protéger l'innovation en déposant des brevets. Dans la recherche publique, le dépôt des brevets est entravé par le fait que la carrière des chercheurs dépend pour une large part des articles qu'ils publient dans des revues scientifiques ou techniques ; or, une telle publication détruit le droit au brevet. Dans l'industrie, l'invention d'un salarié est, généralement, déposée au nom de la société ; souvent l'inventeur réel est totalement ignoré, ce qui n'encourage guère sa créativité. Les réformes proposées ici restent à l'état de projets.

Livre blanc

Demandé par le président de la République le 1er août 1979, rédigé par dix-sept scientifiques éminents, préfacé par l'Académie des sciences, le Livre blanc sur la contribution de la recherche scientifique au progrès de la France pour la période 1980-1990 a été rendu public le 1er octobre 1980. Dépassant le cadre restreint de la communauté scientifique et des décideurs politiques, ce texte a l'ambition de convaincre chaque citoyen que « de l'effort scientifique et technique du pays dépendent son avenir, sa place dans le concert des nations et le mieux-être de chacun ».

Il dénonce les « pourfendeurs de la science » qui protestent contre certaines technologies — il s'agit évidemment de l'électronucléaire — « mais comptent bien sur les scientifiques pour promouvoir celles qu'ils préfèrent » ; ainsi que les gens qui pensent que la recherche fondamentale ne débouche que rarement sur des applications, et qu'il est donc inutile de l'encourager à faire de nouvelles découvertes avant d'avoir exploité le stock de connaissances déjà acquises.