Commandé en juin 1980, un réseau est construit par des Français au Niger ; il doit entrer en service en septembre 1981. D'autres réalisations sont en cours à Madagascar, en Tunisie, au Maroc, à Brunei, au Brésil, etc.

Liste noire

Une lutte très âpre s'est engagée autour du futur réseau de l'ASCO, l'organisation mise sur pied par 16 pays de la Ligue arabe dans le dessein de se munir d'un système de télécommunications spatiales couvrant le Proche- et le Moyen-Orient. Mais un seul soumissionnaire (le consortium British Aerospace-Matra-Thomson-CSF) avait répondu en 1980 à l'appel d'offres, tous les autres grands constructeurs figurant sur la célèbre liste noire des industriels qui travaillent pour Israël. Comme certains pays arabes tenaient à voir les États-Unis dans la course, on s'était beaucoup activé dans les coulisses de l'ASCO (il s'agit d'un marché de 165 millions de dollars). Aussi y eut-il nouvel appel d'offres, ouvert à tous.

Ensuite, on assista à un épisode insolite : c'est en public et devant les caméras de la télévision que, le 24 décembre 1980, les soumissions furent ouvertes et les prix lus à haute et intelligible voix. Cinq groupes avaient répondu au second appel d'offres : deux américains, un canadien, un britannique et un Français. Le marché est enlevé par la France avec la participation de Ford Aerospace. Le contrat ferme (3 satellites pour un montant de 700 millions de F) est signé à Riyad, le 25 mai 1981, par des personnalités arabes et par le P-DG de l'Aérospatiale, le général J. Mitterrand, frère du nouveau président de la République.

La navette spatiale

Le Space Shuttle est un engin composite dont voici les dernières caractéristiques :
– l'Orbiter, avion aérospatial qui, après s'être satellisé et avoir accompli sa mission, rentre en vol plané et atterrit sur une piste (Journal de l'année 1976-77) ;
– le réservoir éjectable (non récupérable), qui contient les 1 967 m3 de propergol (oxygène et hydrogène) que consomment les trois moteurs de l'Orbiter ;
– les deux accélérateurs (fusées qui consomment 1 000 t de propergol solide), qui fournissent une poussée de 2 300 t. Ces accélérateurs sont fixés à l'ensemble Orbiter-réservoir. Les moteurs de l'Orbiter, pourtant puissants (6,5 millions de chevaux), ne permettent pas une poussée suffisante pour la satellisation d'un engin aussi massif. Ces fusées seront larguées en mer et récupérées.

Caractéristiques du Space Transport System :

Orbiter

longueur 37 m

envergure 24 m

poids à vide 75 t

charge utile 29,5 t

soute (longueur) 18,3 m

soute (diamètre) 4,6 m

équipage 3 hommes

passagers 1 à 4

Réservoir éjectable

longueur 46,8 m

diamètre 8,4 m

Accélérateurs (boosters)

longueur 45,5 m

diamètre 3,7 m

Ariane : une réussite prometteuse

Tir réussi : le 19 juin 1981, à 14 heures 33 minutes (heure de Paris), Ariane décollait on ne peut plus normalement de la base de Kovran. Après les deux tirs précédents (Journal de l'année 1979-80), ce troisième tir expérimental revêtait une importance particulière. On en avait profité néanmoins pour tenter la mise en orbite géostationnaire de deux satellites : Météosat 2, satellite météorologique de l'ASE, et un engin de télécommunications Apple, appartenant à l'Inde. Soit, en tout, 1 635 kg de charge utile. Les inévitables aléas du compte à rebours ont fait renaître l'inquiétude durant 73 minutes, mais finalement tout se soldait par la parfaite réussite de chacune des phases du vol, qui allaient s'inscrire sur un tableau lumineux : séparation du premier étage, allumage du deuxième, etc., jusqu'à la mise en orbite des deux satellites. Sur un autre tableau, la trajectoire réelle du lanceur était comparée à la trajectoire théorique, qu'il allait suivre parfaitement du début à la fin : alors qu'on avait prévu un périgée à 200 km et un apogée à 35 800, l'orbite des satellites serait de 201 et 36 206 km, approximation jugée parfaitement acceptable par les spécialistes. L'avenir commercial du lanceur européen, dont le financement est assuré pour les 3/5 par la France, semble désormais assuré.

Les orgues de l'OTRAG

La Billigrakete (fusée bon marché) de l'OTRAG adopte l'aspect rustique d'un faisceau de longs « tuyaux de poêle » de 27 cm de diamètre qui sont autant de réservoirs de kérosène ou d'acide nitrique, propergol stockable vingt fois moins cher que ceux qui sont actuellement en usage. Pas de coûteuses et délicates turbopompes : les ergols sont refoulés des réservoirs par de l'air comprimé. Les moteurs ne développent que 3 t de poussée, mais ils sont très nombreux, autant que les réservoirs. Il n'y a pas d'étages : l'ensemble forme un tout du début à la fin de la propulsion, ce qui exclut les complications et aléas des séparations et allumages des étages. Pas de système de direction non plus : on agit sur la poussée d'une partie des tuyères pour engager l'engin dans la direction voulue. Ajoutons l'aisance avec laquelle on peut composer n'importe quel lanceur sur mesure, en assemblant dans un faisceau le nombre de tuyaux qui totaliseront la poussée requise (dès maintenant on a prévu un faisceau de 600 éléments pour satelliser 10 t sur orbite basse !). Un lanceur OTRAG coûterait dix fois moins que les lanceurs actuels d'égale capacité de satellisation. Reste à voir ces orgues à l'œuvre.

Astronomie

L'Année du maximum solaire

Étoile la plus proche de nous et la plus accessible à l'observation, le Soleil n'en recèle pas moins bien des mystères. On a remarqué depuis longtemps que sa surface est parsemée de taches sombres, dont le nombre varie au cours du temps, passant par un maximum tous les onze ans environ. Ces taches correspondent à des centres d'activité à partir desquels se développent toute une série de phénomènes transitoires dont les mécanismes et les répercussions à grande distance demeurent très mal connus.