L'affaire a commencé — sans soulever à l'époque beaucoup d'émotion — en août 1979, avec l'inculpation, en Dordogne, de plusieurs éleveurs et de leurs fournisseurs pour trafic et usage de diéthylstilbœstrol ou DES. L'arrestation, en juillet 1980, d'un vétérinaire de Bourgoin (Isère) fait davantage de bruit. Elle est suivie de plusieurs inculpations dans la région Rhône-Alpes, puis dans les Vosges. Le 12 septembre, l'UFC lance un mot d'ordre de boycottage de la viande de veau. En quelques jours les ventes en boucherie chutent brutalement, su grand dam des éleveurs. Les médias font un large écho à l'événement, non sans entretenir une certaine confusion.

Synthèse

Les substances à action hormonale utilisées en élevage sont des œstrogènes dont la fonction ordinaire est de déclencher le comportement sexuel chez la femelle adulte, mais qui ont aussi un pouvoir anabolisant : ils stimulent la synthèse des protéines. Administrés aux jeunes bovins, ils accélèrent considérablement leur croissance, surtout celle des parties nobles en boucherie, c'est-à-dire l'arrière-train.

Ces substances sont, d'une part, des hormones identiques à celles que sécrètent les glandes, d'autre part des molécules qui n'existent pas dans la nature. C'est à tort qu'on use de l'expression équivoque d'hormones de synthèse. La synthèse chimique peut aussi bien être orientée vers la production d'hormones physiologiques que vers des composés artificiels aux effets plus ou moins comparables.

L'hormone physiologique, qui existe normalement chez le vivant, est rapidement métabolisée dans l'organisme et ses résidus éliminés. Lorsqu'elle est absorbée avec la viande, elle ne franchit pas la barrière intestinale. Au contraire, le DES, non métabolisable, s'accumule dans le foie et les reins. Ingéré, il franchit la barrière intestinale et s'installe dans l'organisme humain. Outre les effets sexuels secondaires, indésirables chez le consommateur mâle, il peut devenir cancérogène ou accélérer l'évolution d'un cancer latent.

Réglementation

En France, les textes législatifs (notamment la loi du 27 novembre 1976) et divers décrets ont abouti à l'interdiction totale de toute substance hormonale dans l'élevage du veau. Or le contrôle est impraticable pour l'hormone physiologique, que l'animal, même mâle, peut produire normalement par bouffées dans la période prépubertaire. Dès lors que la barrière légale est franchie, le laxisme s'installe et pousse à utiliser des substances non métabolisables, mais beaucoup moins coûteuses et faciles à fabriquer clandestinement ou à importer, comme le DES. D'autres pays autorisent l'usage des hormones physiologiques dans des conditions précises et sous contrôle, et répriment impitoyablement l'usage de composés non métabolisables.

L'émotion soulevée par l'ouverture d'informations judiciaires et la campagne de l'UFC ont suscité un sursaut de vigilance. La consigne de boycottage a été levée fin 1980. Le problème a été porté devant la Commission européenne, qui élabore un projet de réglementation valable pour tous les pays de la Communauté. Il semble que le principe sera celui d'une interdiction absolue, certaines substances, notamment l'hormone physiologique des mammifères, et deux ou trois anabolisants pouvant être autorisés après enquête toxicologique stricte et contrôle des conditions d'emploi éventuels.

Techniques

La robotique

Après la remise du rapport rédigé par l'Académie des sciences, à la demande du président de la République, sur les perspectives de la mécanique le Conseil des ministres du 11 mars 1981 décide de retenir la mécanique parmi les axes prioritaires de la stratégie industrielle des années 80. L'effort portera sur l'automatisation, la robotique et les ateliers flexibles. Les objectifs sont ambitieux : multiplier par deux les investissements en automatisation dans l'industrie (de 3,5 milliards de F en 1980, on atteindra 7,5 milliards de F en 1982), et par trois la production française de composants et matériels d'automatisme.

Retard

Sous le terme robotique, les spécialistes incluent les robots industriels et les ateliers flexibles (c'est le domaine de l'usine) et tous les robots travaillant en milieux hostiles (nucléaire, spatial, sous-marin). Si l'on examine d'abord les robots industriels, certainement les plus répandus et les plus connus, la France accuse un retard par rapport à ses concurrents étrangers : en nombre de robots installés, la France (400 installations) se place loin derrière le Japon (environ 5 000), les États-Unis (4 000), la Suède (1 500) et l'Allemagne fédérale (800).