Le plus important contrat, d'un montant d'un milliard de dollars, signé avec l'Occident, porte sur le troc de soufre contre des phosphates américains.

Diplomatie

Si l'économie polonaise regarde de nouveau vers l'Est, sa diplomatie n'en oublie pas l'Occident. Outre la visite qu'il fait à Rome et au Vatican, Edward Gierek se rend à Paris les 12, 13 et 14 septembre 1977. En novembre, la visite du chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt améliore encore les liens entre Bonn et Varsovie ; les 29 et 30 décembre celle de Jimmy Carter consolide les liens avec la Pologne, pays avec lequel les États-Unis entretiennent depuis plus de vingt ans les relations les plus attentives.

Reste que le fait le plus marquant de la politique étrangère est peut-être le changement de ton à l'égard d'Israël en particulier, des Juifs en général. En mai, dix ans après la campagne antisioniste qui avait provoqué le départ de milliers de Juifs, Edward Gierek déclare qu'« il n'est pas exclu que nous rétablissions dans l'avenir nos relations diplomatiques avec Israël », et souligne à cette occasion « la contribution des Juifs au développement de la culture, de la science et de l'héritage commun polonais ».

Portugal

Lisbonne. 9 450 000. 104. 1,1 %.
Économie. PIB (74) : 1 517. Production (74) : G 133 + A 102 + I (75) 132. Énerg. (*75) : 983. C. E. (74) : 18 %.
Transports. (*75) : 4 856 M pass./km, 754 Mt/km. (*75) : 937 000 + 259 000.  : 1 174 000 tjb. (75) : 1 761 M pass./km.
Information. (74) : 32 quotidiens ; tirage global : 799 000. (74) 1 516 000. (74) 572 000. (74) : 260 900 fauteuils ; fréquentation : 35,7 M. (75) : 1 066 000.
Santé. (74) : 10 312. Mté inf. (74) : 38.
Éducation. Prim. (74) : 933 112. Sec. et techn. (74) : 668 120. Sup. (73) : 59 845.
Institutions. République instaurée après le coup d'État militaire du 25 avril 1974. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, élu le 27 juin 1976 ; succède au général Francisco Da Costa Gomes. Premier ministre : Mario Soarès.

Une économie délabrée favorise les divisions politiques

Le marasme s'est abattu sur le Portugal. Après 50 ans d'irréalité salazariste et 18 mois d'irréalisme révolutionnaire, le pays vit, à l'heure socialiste, une réalité morose.

« Le parti socialiste est condamné à gouverner seul », affirme le Premier ministre Mario Soares, en juin 1977, moins d'un an après avoir formé son premier cabinet. En dépit de cette assurance péremptoire, on perçoit déjà que le gouvernement homogène et minoritaire a de plus en plus de mal à réunir des majorités au Parlement pour entériner sa politique.

Usure

Les recours successifs à la droite, à la gauche, au centre ont prématurément usé le pouvoir du leader socialiste dont l'habileté cependant excelle à ces jeux politiques. La détérioration lancinante de l'économie exige des solutions urgentes qui s'accommodent mal de la versatilité d'une opposition récalcitrante, attentive seulement au partage du pouvoir.

La ligne Soares, que vilipende une intelligentsia pure et dure, est une ligne brisée. Mais que peut faire d'autre le leader socialiste dans un pays au bord de la banqueroute, avec une économie et une agriculture désorganisées, une baisse alarmante de la production, le chômage, la hausse des prix et, en prime, l'accueil et le recasement de 700 000 retornados qui affluent de toutes les anciennes colonies ?

Estimant que la loi agraire, votée le 22 juillet, « viole ostensiblement la Constitution et vise à créer les instruments juridiques rendant possible une opération globale contre les conquêtes de la révolution », Alvaro Cunhal, secrétaire général du PCP, exige la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée. Appel non suivi d'effet, mais, dans l'Alentejo, fief du parti communiste, l'application de la loi donne lieu à de multiples et violents incidents qui nécessitent l'intervention de la Garde nationale républicaine (GNR) contre les paysans en colère. Dès la mi-septembre, les trois principaux partis d'opposition exigent un changement de la formule gouvernementale, parlant de « compromis historique » ou de « consensus national ». Mario Soares élude, retarde l'échéance. C'est dans cette atmosphère que le 6 octobre 1977, des socialistes rebelles, avec à leur tête l'ancien ministre de l'Agriculture Lopes Cardoso, créent un parti concurrent et que, le 10, Medeiro Ferreira donne sa démission de ministre des Affaires étrangères. Ces défections affaiblissent la position du chef du gouvernement, qui continue à tergiverser.

Fatalisme

Au début du mois de novembre, la crise rebondit et s'étend. Des manifestations éclatent à Porto, le parti communiste et le nom du chef de l'État y sont hués. Ce qui provoque la mutation du général Pires Veloso, commandant de la région nord et champion des secteurs réactionnaires, et une scission au sein du parti social-démocrate dont le président, Sa Carneiro, député de Porto et ennemi du général Eanes, démissionne avec fracas. Assoupi depuis des mois, le Conseil de la révolution se réveille brusquement, et certains imaginent déjà un retour des militaires et une « solution à la péruvienne ». Le patronat exige une révision complète de la politique économique et sociale.