Journal de l'année Édition 1970 1970Éd. 1970

À partir d'août 1969, les incidents entre les Palestiniens et les forces de l'ordre se multiplient. L'épreuve de force s'engage le 20 octobre, quand quelque 2 000 soldats libanais donnent l'assaut à trois camps militaires de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP), au sud du pays. Les combats se poursuivent pendant deux semaines, faisant plusieurs dizaines de morts et de blessés dans les deux camps. Tandis qu'El Fath incite la population à se soulever, la Syrie, en guise de solidarité avec les fedayin, ferme ses frontières.

Les relations s'enveniment entre Beyrouth et plusieurs pays arabes. Un appel à la grève générale est lancé par les partis de gauche et cinq ministres décident de se retirer du gouvernement. Des membres d'El Fath prennent le contrôle d'une partie de la ville de Tripoli, où les affrontements armés sont intenses. Le pays «paraît être au bord de la guerre civile quand, le 26 octobre, le chef de l'État, Charles Helou, accepte la médiation du président Nasser. Le 4 novembre, un accord de compromis est conclu au Caire entre Yasser Arafat et une délégation libanaise dirigée par le commandant en chef de l'armée, le général Emile Boustany.

L'accord du Caire

Pour faciliter l'application de l'accord du Caire — dont le contenu n'a pas été révélé officiellement —, Rachid Karame confie, le 25 novembre, le ministère de l'Intérieur à Kamal Joumblat, connu pour ses sympathies pro-fedayin. Il ne parvient pas cependant à harmoniser les rapports entre l'État et les organisations palestiniennes, qui revendiquent toujours la liberté de mouvement et d'action contre Israël.

Malgré les mises en garde du ministre de l'Intérieur, les fedayin continuent à tirer sur des agglomérations israéliennes, installent leurs camps militaires à moins de 500 m des villages arabes — qui en subissent les contrecoups — et entendent donner une formation militaire à leurs militants à l'intérieur des camps de réfugiés.

Le 15 janvier, les habitants des villages de Nabatiya et de Hasbaya chassent les fedayin qui s'y étaient installés. Le 19, un nouveau litige oppose Kamal Joumblat à Yasser Arafat. Le ministre de l'Intérieur insiste pour que le maintien de l'ordre dans les camps de réfugiés soit du ressort exclusif des autorités libanaises ; le leader de l'OLP soutient que la gendarmerie de Beyrouth ne devrait exercer ses responsabilités que par l'intermédiaire du commandant palestinien et seulement pour les infractions mineures. Après de multiples accrochages, le gouvernement libanais fixe le 15 juin comme date limite pour l'application intégrale des accords conclus.

Cependant, la victoire des fedayin en Jordanie dans leur lutte contre le roi Hussein incite les autorités de Beyrouth à ne pas engager une nouvelle épreuve de force.

Jordanie

Le souverain jordanien avait tenté, aussi vainement que le président Charles Helou, de soumettre les commandos à l'autorité de l'État.

Le 13 août 1969, il déclare à une revue égyptienne : « La résistance palestinienne est incapable de mener à elle seule une guerre de libération. Son rôle est de mener une guerre d'usure, d'agir efficacement à l'intérieur des territoires occupés et de recueillir le plus grand nombre de renseignements sur l'armée israélienne. »

Le chérif Nasser Ben Hussein, oncle du roi et commandant en chef de l'armée depuis le 30 juin 1969, multiplie les mesures pour que les fedayin acceptent le rôle que leur assigne le souverain. Il leur interdit de circuler en armes dans les villes, de traverser le Jourdain sans autorisation, de tenir des réunions publiques. Mais ses instructions restent sans effet.

Pour neutraliser, au moins partiellement, la puissance grandissante des organisations de commandos, il couvre de son autorité la création de milices spéciales entièrement dévouées au trône.

Le 11 février 1970, le gouvernement jordanien s'estime suffisamment fort pour décréter toute une série de règlements concernant les fedayin. Ces derniers proclament le jour même l'état d'alerte et se mobilisent sous l'étendard d'un commandement unifié de la résistance palestinienne.