Des dégustateurs ont été statistiquement incapables de distinguer, entre deux jambons, celui qui provenait d'un porc nourri aux aliments classiques et celui qui avait été fourni par un animal engraissé aux protéines de pétrole.

L'usine de Lavera utilisera comme matière première le gas-oil provenant directement de la colonne de distillation de la raffinerie. Le liquide remplira de grands bacs où les levures seront cultivées en présence de sels minéraux, d'air et d'ammoniac. Elles se nourriront de paraffine et fourniront une crème de levure. Celle-ci, purifiée et desséchée, donne une poudre jaunâtre qui peut être directement incorporée aux rations alimentaires des poulets ou des porcs. On estime que 100 t de matière première fourniront 90 t de gas-oil de qualité supérieure (débarrassé de la paraffine, ce qui le rend plus fluide et diminue le risque de blocage des canalisations) et 10 t de concentré de protéines.

30 fois moins cher

Le nouvel aliment pour animaux sera d'abord vendu sur le marché européen, à un prix vraisemblablement compétitif avec celui des autres aliments pour bétail.

D'après certaines estimations, le prix de revient des protéines de pétrole, compte tenu de l'avantage évident de leur activité de déparaffinage, devrait être 30 fois inférieur à celui des protéines fournies sous forme de viande. D'autre part, on peut estimer à un milliard de tonnes par an la production mondiale d'hydrocarbures paraffineux ; ce qui permettrait de fabriquer plus de 3,5 millions de tonnes de protéines.

Aussi l'usine de Lavera pourrait-elle être la première d'un secteur industriel appelé à prendre, au cours de ces prochaines années, une importance mondiale. Le groupe Esso, avec le concours de Nestlé, monte une installation semi-industrielle aux États-Unis. En URSS déjà, plus de 1 000 t de protéines de pétrole sont transformées chaque année en nourriture pour animaux.

La spiruline

De son côté, l'Institut français du pétrole expérimente la culture massive d'une algue lacustre, la spiruline, déjà connue par certaines populations du Tchad pour sa valeur alimentaire. Ici, le pétrole n'est pas utilisé comme milieu de culture ; c'est le gaz carbonique résultant de sa combustion (ou de la combustion de gaz naturel) qui est injecté dans des bassins exposés au soleil.

Douée d'un grand pouvoir de photosynthèse, l'algue assimile le carbone, donnant jusqu'à 45 t de matière nutritive par an et par hectare. Elle pourrait constituer une source importante de protéines pour l'alimentation humaine et animale, notamment dans les régions désertiques où il existe du gaz naturel.

Progrès continus des matières plastiques

Le nombre des brevets concernant la fabrication de nouvelles matières plastiques ou de nouvelles fibres synthétiques va en croissant chaque année. Bien que la tendance la plus récente ait surtout consisté à modifier les produits existants afin de les adapter aux exigences d'un grand nombre d'usages particuliers, les découvertes intéressantes n'ont pas manqué.

Fibre caméléon

L'Institut japonais de recherche textile a synthétisé une fibre unique en son genre, qui change de couleur et d'intensité de nuance par exposition à la lumière ; cette fibre caméléon, fabriquée à partir de polymères phototropes, pourrait trouver des applications intéressantes dans les vêtements.

Aux États-Unis, Du Pont de Nemours poursuit la mise au point d'une nouvelle fibre, annoncée comme un produit prometteur, et qui doit être commercialisée fin 1968 ; bien que la composition en soit tenue secrète, on croit savoir qu'il s'agit d'un nouveau polyamide ayant les caractéristiques (notamment le toucher) de la soie, et présentant les avantages d'un lavage facile et d'un séchage rapide.

Un nouveau thermoplastique, le polyéthylène téréphtalate, est distribué sur le marché hollandais ; ses caractéristiques d'exceptionnelle rigidité, d'excellente tenue à l'abrasion, de grande stabilité dimensionnelle et de résistance chimique le destinent à la fabrication de récipients transparents et de pièces optiques. Le polymère organométallique le plus prometteur depuis les silicones est mis au point aux États-Unis : il s'agit d'un composé macromoléculaire carborane-siloxane, qui constitue un élastomère résistant à la chaleur.

Dans la construction

Les utilisations nouvelles des matières plastiques abondent. L'Exposition universelle de Montréal révèle leur emploi généralisé dans la construction : salle de bains toute en plastique (baignoire, murs et tuyaux compris) du stand Habitat 67 ; dôme transparent de 80 m de diamètre, aux 2 000 panneaux acryliques, du pavillon des États-Unis ; murs des pavillons d'Israël, d'Air Canada, de Tunisie, etc.

Châssis et coque

Le nouveau pont San Mateo-Hayward, sur la baie de San Francisco, est revêtu, en octobre 1967, d'un mélange de résine époxyde et d'asphalte ; cet époxy-asphalte, qui égale en dureté le ciment Portland, ne se déforme ni sous la pression des roues ni à la chaleur. Par sa résistance aux huiles, à l'essence, et au sel répandu sur la chaussée en cas de gel, il paraît, en outre, avantageux pour le revêtement d'aires d'aéroport et de carrefours urbains.